Comment acquérir une vision à 360° de l’entreprise

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Cursus made in USA, l’executive MBA a su se tailler une place de choix dans le champ de la formation professionnelle pour cadres ambitieux.

L’Executive MBA ‒ pour eMaster of Business Administration ‒ a beau sortir des clous de la sacro-sainte hiérarchie des diplômes du ministère de l’Enseignement supérieur, le diplôme conserve le vent en poupe en France. Du bas de classement au top ten, toutes les écoles de commerce – ou quasi toutes ‒ s’y sont mises, certains instituts d’administration des entreprises (IAE) et l’université Paris-Dauphine également. Une façon de surfer sur les besoins des cadres qui veulent aller plus haut, plus vite. Qui veulent casser le redoutable « plafond de verre » ou bien encore « se challenger » dans un monde ultraconcurrentiel. L’eMBA est devenu un passage obligé pour accéder à des postes à responsabilité. Et c’est tout particulièrement vrai pour les profils scientifiques. Un sésame obtenu après de longs efforts. Parfois trop longs. « En 21 mois, la vie personnelle ou professionnelle peuvent évoluer, souligne Charles Waldman, directeur académique des programmes MBA à Neoma Business School, on n’est plus dans la même dynamique. » D’où l’apparition de formats écourtés.

Un cursus détourné ?

Concentré sur la fin de semaine, en regroupement une fois toutes les huit semaines, à distance ou en « blended learning », quelle que soit la formule retenue, l’eMBA dope l’employabilité. Confère une posture de grand patron. D’ailleurs, le « comex », abréviation de « comité exécutif », revient régulièrement dans les échanges. Il n’empêche, les briques pédagogiques de l’eMBA évoluent, avec un focus de plus en plus important accordé à l’entrepreneuriat. L’EM Lyon, Skema ou bien l’Essec en ont fait leur spécialité. « 10 % à 15 % passent à l’acte », dixit Nathalie Kettner, à la tête de l’Executive Education de l’Essec qui insiste sur cet « esprit pionnier ». Chez Skema, « au sortir du cursus, 40 % de nos apprenants se lancent dans la création ex-nihilo d’un spin off ou d’une reprise », explique Véronique Carresse, directrice du développement du programme.
Même avec l’intention de bifurquer vers la création entrepreneuriale, le coût de l’eMBA – qui flirte avec les 40 000 euros ‒ est souvent pris en charge par l’entreprise ‒ tout ou partie (elle le considère parfois comme une prime de départ, ce d’autant qu’aucune charge patronale ne s’applique à cette occasion).
Et si le tour d’horizon balaie toujours la supply chain, les affaires financières, la comptabilité, la stratégie… les programmes s’imprègnent de problématiques plus actuelles encore, comme le big data, l’intelligence artificielle… Avec un marché mondialisé, les établissements revoient régulièrement leur copie pour surfer sur les modes du moment, aussi. « Le marché est très difficile, souligne Charles Waldman. On se base sur un gâteau très concurrentiel. Si on ne le réinvente pas, un MBA risque de souffrir. »

Christophe Benoît, 48 ans, un MBA pour grandir ensemble

L’été 2018 a revêtu une saveur toute particulière pour Christophe Benoît. À 48 ans, cet ingénieur agronome, en poste à Beauvais comme directeur produits chez Hardi France, agro-équipementier, vient de boucler son eMBA à Neoma. « Entre le mémoire à rendre, la soutenance et les dernières notes à décrocher, la dernière longueur a été lourde, témoigne-t-il. Au départ, d’ailleurs, on ne voit pas vraiment où ça va nous mener. C’est le brouillard. Trois ou quatre mois sont nécessaires pour voir se mettre en place le puzzle. On voit le mur qui se monte ! » Et le travail en groupe, très largement développé, a modifié son regard sur l’entreprise, « ma façon d’appréhender le business. Interagir avec tout le monde pour grandir ensemble ».

Virginie Manchado, 39 ans, Séduite par l’introspection

Du monde de l’édition à l’eMBA, il y a un grand pas. Peu le franchissent. D’ailleurs, Virginie Manchado, actuellement en plein eMBA à Neoma, s’est vu accorder une bourse pour profil atypique. Les attentes de cette ancienne responsable commerciale et éditoriale ? Prendre de la hauteur, mais pas seulement. « Quand on est toujours dans le même secteur, les retours sur son propre travail sont inexistants. J’étais en quête d’un miroir qui m’ouvre aussi sur une autre façon de travailler. » Et les connexions avec les nouveaux domaines que sont la logistique se sont faites. Mais au prix fort. « Les uns connaissent le marketing ou un peu de finances, moi, pas. Alors cette étape me demande probablement plus de travail de préparation. » Et cet électron libre a pris conscience de ses qualités. « Je sais écrire. C’est une vraie compétence que j’avais tendance à banaliser. Si j’apprécie acquérir de nouveaux atouts, cet aspect introspection est vraiment porteur. » À mi-chemin du eMBA, elle est reboostée pour s’investir dans de nouvelles missions.

Hakan Dertop, 41 ans, consultant en conduite de changement, « en a pris plein la gueule »

Le projet de se lancer à l’assaut d’un eMBA, Hakan Dertop le murit depuis une quinzaine d’années. Histoire d’être plus à l’aise dans certaines réunions. Et il touche au but. Encore quelques mémoires à finir, et il sera diplômé de l’eMBA de Paris 9-Dauphine. « Ҫa va très vite, confie-t-il. On en prend plein la gueule, tant la quantité d’infos, d’outils ou bien encore de méthodologies à assimiler est énorme. Une vraie centrifugeuse. J’ai appris que je ne savais rien. Dans deux ans, je reprendrai les cours. Avec le temps, le recul, pour aller plus loin. Ce cursus donne une légitimité. Les approches des recruteurs ne sont plus les mêmes. Vous parlez d’égal à égal. On n’a plus besoin de se justifier. Il existe une caste MBA. » Plus surprenante, la nouvelle passion d’Hakan Dertop pour les sciences molles et la sociologie des organisations. Son envie de se challenger sur une petite structure, plutôt qu’une grande, s’est dessinée. « L’argent ne fait pas tout, et mon petit côté artisan m’oriente davantage vers des projets où l’on peut voir évoluer les choses. Avec probablement moins d’enjeux de pouvoir à la clé. »

Murielle Wolski

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