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Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon développent en commun des filières prometteuses. L’union territoriale semble acceptée, comme un passage obligé pour accélérer les initiatives.

La nouvelle présidente du territoire Languedoc – Roussillon – Midi – Pyrénées Carole Delga est également présidente de l’agence Madeeli, structure locale de soutien à l’export et l’innovation. Tout un symbole. La dirigeante prévoit un « véritable Plan Marshall pour l’emploi », grâce à une enveloppe de 800 millions d’euros pour la seule année 2016. Les filières d’avenir de la région, de l’aéronautique à l’agro-industrie en passant par le numérique et les biotechnologies, sont invitées à représenter l’axe majeur autour duquel doivent s’articuler les projets de demain.

Dans un contexte où le taux de chômage reste important, il s’agit aussi et surtout de soutenir des activités encore méconnues. L’image d’un vaste espace viticole, faisant s’envoler les Airbus du futur, est répandue bien au-delà des frontières hexagonales. Mais qu’en est-il de la miniaturisation des systèmes électroniques, des technologies ferroviaires, de l’hydroélectricité, des objets connectés, de la cybersécurité, des dispositifs médicaux… ? Les jalons pour que ces domaines d’activités méconnus fassent partie intégrante de la croissance à venir sont posés. Mais le manque de structure et l’insuffisance des investissements ralentissent quelque peu les projets.

Développer le futur énergétique

En Languedoc-Roussillon – Midi-Pyrénées, il y a le vent, notamment dans l’Aude, des rivières à foison, en particulier en Ariège et dans les Hautes-Pyrénées, et bien sûr le soleil, un peu partout. Autant dire que miser sur les énergies renouvelables et leur potentiel sonne comme une évidence. Il s’agit pour la région de passer à la vitesse supérieure dans ce domaine, comme en atteste la signature récente d’un partenariat avec EDF. C’est la nouvelle structure midi-pyrénéenne Madeeli qui a signé une convention opérationnelle avec le géant de l’énergie, déjà très présent dans de nombreuses vallées dans le cadre de sites de production hydroélectrique. EDF est implantée localement via plusieurs agences destinées à soutenir le développement économique en collaboration avec les acteurs du territoire, faisant émerger des projets innovants, créateurs d’emplois dans les domaines de l’eau, de l’environnement et de l’énergie. L’idée est de s’appuyer sur les compétences des industriels et artisans locaux. Après les vallées Lot-Truyère et Tarn en 2012, l’Ariège en 2013 et les Hautes-Pyrénées en 2014, cette stratégie se poursuit désormais avec le déploiement de ces activités sur l’ensemble du massif des Pyrénées.

« A terme, le but est d’arriver à un taux de 50 % d’énergie renouvelable dans l’ensemble des consommations régionales. Un objectif ambitieux qui implique une maîtrise fine des réseaux énergétiques, et donc un déploiement de solutions numériques et technologiques permettant un fonctionnement optimal », confie Christophe Nicot, directeur général de l’agence Madeeli. « C’est en cela que le développement de la filière énergétique est inévitablement liée à celui du numérique et du Big Data en général. » La nouvelle grande région veut aussi devenir un acteur de premier plan sur la question de l’hydrogène et ses multiples applications. En termes de recherche, les Mines d’Albi, ainsi que le LAAS-CNRS (Laboratoire d’analyse et d’architecture des systèmes) de Toulouse se penchent déjà sur ce potentiel d’avenir. Des travaux qui intéressent des industriels comme EDF, Continental, mais aussi des acteurs extérieurs à la région comme Michelin ou Air Liquide.

Des priorités qui s’inscrivent dans un contexte où l’efficacité énergétique est au cœur des projets. « Nous allons soutenir la rénovation énergétique des logements au travers du CPER (Contrat de plan Etat-Région), ce qui profitera également à notre tissu de TPE et PME », se réjouit Carole Delga, présidente de la nouvelle région.

Toulouse, vitrine high-tech

La cité rose était déjà connue pour ses multiples activités qui gravitent autour d’Airbus. Avec les ambitieux projets en cours, elle s’apprête à devenir une véritable icône de l’aéronautique, l’aérospatial, les systèmes embarqués et toute l’électronique qui s’y rapporte. Derrière les travaux actuels de modernisation du campus de Montaudran, se cache la volonté de créer un futur complexe scientifique et une vitrine internationale des compétences locales dans ces domaines. « Nous avons l’objectif de réunir sur ce site des acteurs publics et privés, dans le sens du développement avec une vision commune à long terme sur l’avion et les satellites du futur, les solutions électroniques et numériques qui permettront de les mettre en œuvre », affirme François Chollet, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche. Le campus doit ainsi devenir l’un des plus grands sites européens dédié à la R&D du secteur. Certaines nouvelles installations sont déjà en place et en fonctionnement à l’image du Centre Clément Ader, qui abrite un supercalculateur de dernière génération qui traite notamment des gigantesques quantités de données pour le compte de Météo France.

L’IRT Saint-Exupéry, dont l’activité est basée sur des relations partenariales de long terme entre les entreprises et les établissements d’enseignement supérieur et de recherche, notamment en matière d’aéronautique et d’aérospatial, ouvrira ses portes sur le campus dès 2017. D’ici 2018, la Maison de la Formation y abritera trois laboratoires de mécanique. « L’idée est d’être à la confluence de l’industrie aéronautique et du monde de la recherche, dans le but de faire jaillir des ruptures technologiques qui concernent l’aéronautique, l’espace et les systèmes embarqués mais aussi d’autres champs. La miniaturisation des circuits, les problématiques énergétiques et thermiques, l’étude des matériaux seront des thématiques représentées. L’ensemble doit s’articuler autour d’une cohérence technologique et économique », souligne François Chollet. Enfin en 2019, le campus disposera de toutes les structures pour nourrir l’innovation locale, qu’il s’agisse du réseau des industriels ou du tissu de la recherche (laboratoires du CNRS, de l’Onera…).

Structurer ses atouts pour mieux séduire

La nouvelle région est la quatrième région exportatrice de France. Avec un commerce extérieur de 51,6 milliards d’euros par an et un solde positif de 11 milliards d’euros, elle fait figure de bon élève. « Au-delà de l’étiquette France, la renommée d’une région constitue un atout essentiel pour l’entreprise. Airbus, la French Tech sont des éléments locaux qui aident à tirer l’activité dans ce sens », indique André Deljarry, président de la CCI de Montpellier et vice-président de la CCI régionale. Mais pour Christophe Nicot, il reste beaucoup à faire. « La région est un peu un far west, c’est-à-dire qu’elle est bien positionnée sur des marchés d’avenir, ne manque pas d’atouts, mais ceux-ci ne sont pas forcément suffisamment structurés ou connus. Nous manquons de financements pour les mettre sur une rampe de lancement et ainsi accélérer le développement régional », estime-t-il.

Certaines réalités ne plaident pas en faveur du territoire. « Nous sommes la région qui créé le plus d’emplois. Chaque année, nous attirons 50 000 habitants supplémentaires, c’est-à-dire la taille d’une ville comme Albi. Pourtant le taux de chômage reste élevé », décrit Christophe Nicot. Pour tenter de rectifier le tir, un travail d’image constitue de ce fait un chantier prioritaire dès maintenant. « Vues de l’étranger, les régions du sud de l’Hexagone restent souvent floues. Un territoire plus vaste, avec une identité bien marketée permet aux prospects d’autres pays de mieux positionner leurs contacts dans leur écosystème », ajoute André Deljarry, qui voit le rapprochement des régions comme une force indéniable. « Nous nous efforçons d’organiser des événements variés, avec la présence de chefs d’entreprise, afin de nourrir un travail d’attractivité vis-à-vis d’investisseurs potentiels », complète Christophe Nicot.

Un vaste plan pour l’innovation

« Notre région compte 15 pôles de compétitivité, près de 30 000 chercheurs, 230 000 étudiants et 35 grandes écoles. Elle se trouve en pole position des régions françaises en matière d’efforts en R&D », se targue Carole Delga, présidente de l’immense territoire Languedoc – Roussillon – Midi – Pyrénées, bien décidée à transformer la matière grise locale en croissance économique. Parmi les priorités du domaine figure la volonté de mettre sur pied une cité des start-up, aussi bien à Toulouse qu’à Montpellier, en s’appuyant sur le label existant French Tech pour faire briller ces structures. « L’innovation est notre meilleure arme pour rester compétitifs, créer des emplois et permettre aux entreprises de se développer », assure la présidente. D’autres lieux visant à booster l’innovation doivent voir le jour sur tout le territoire. L’idée est de mettre à profit l’appel à projets « Fab Région », dont la mission est de soutenir la création ou l’extension de FabLabs et d’ainsi renforcer la diffusion de la culture numérique et industrielle dont dépend directement l’émergence des savoir-faire de demain. Dans ce contexte, le RDTI (le réseau pour innover en Midi-Pyrénées) est amené à jouer un rôle central pour rassembler les partenaires publics, parapublics et a vocation à s’imposer comme le partenaire privilégié des entreprises qui souhaitent accéder au transfert de technologies et à l’innovation. Enfin, le calendrier annuel ne manquera pas d’événements de promotion de l’innovation. Les Journées de sensibilisation consacrées à la bio-économie, à l’évolution des traitements de surface ou encore à la logistique industrielle ne sont que quelques-uns des rendez-vous planifiés en 2016 et soutenus par l’agence Madeeli.

Miser sur les complémentarités territoriales

Comme un signe avant-coureur, le Club d’Entreprises Pyrénées-Méditerranée a vu le jour en septembre 2015, quelques mois avant l’union des deux régions du sud de la France. Cette première entité du genre vient ponctuer une démarche initiée en amont dont le mot d’ordre est le rapprochement des forces et atouts. Un pont entre Toulouse et Montpellier et leurs écosystèmes respectifs. « Comme nos entreprises, nous avons saisi la nécessité d’agir rapidement et de jouer collectif. Ce Club doit être le catalyseur de synergies et l’accélérateur d’un mouvement global que nos CCI ont amorcé début 2015, à l’image des délégations d’entreprises que nous avons accompagnées sur Toulouse et Montpellier et de nos multiples rencontres », a souligné Alain Di Crescenzo, président de la CCI toulousaine lors de la création du Club. Des projets de coopération entrepreneuriale très concrets doivent émaner de cette initiative.

Le rapprochement attendu des entreprises s’inscrit dans un contexte où les collaborations sont cohérentes et articulées autour d’intérêts communs. « La filière agroindustrielle est l’une des forces économiques locales, en montrant deux visages différents : le Languedoc-Roussillon occupe une position de référence dans le domaine viticole, tandis que le territoire midi pyrénéen excelle plutôt dans les produits « solides » du secteur », illustre Christophe Nicot. Le schéma se vérifie dans d’autres domaines comme la santé où les savoir-faire du Languedoc-Roussillon, en cancérologie, en toxicologie ou autour de la silver économie, sont complétés par les spécialités midi-pyrénéennes relatifs aux équipements médicaux de précision ou à la robotique d’assistance.

Mathieu Neu

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