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En apparence, l’intelligence que l’on qualifie d’artificielle est à même de réaliser des tâches – conduire une voiture, battre un humain aux échecs ou au jeu de go, établir un diagnostic médical, concevoir un robot infatigable… – plus vite et mieux que l’humain de base. On a alors crié à la supériorité des circuits électroniques sur le réseau neuronal biologique et prédit la révolte à terme de ces machines immortelles ou presque, plus rapides et mieux « informées ». C’est à chaque fois oublier que ces robots affûtés, contrairement à l’humain, ne savent exécuter excellement qu’une seule tâche. C’est ainsi que fut conçue, à l’origine, l’IA dite « manuelle ». On écrivait un programme spécialisé, monotâche, et l’on criait au génie.
Désormais, l’on sait que l’IA ne sera jamais qu’« un amplifcateur de notre intelligence et non un substitut ».
Car depuis belle lurette, l’IA rime avec apprentissage. Cette plastique adaptative, propre à l’humain, est le seul moyen par lequel la machine apprendra à exécuter de nouvelles tâches et élargir ses « compétences ». Mais ce machine learning tant cité cache à son tour bien des approches que nos « intelligences » françaises, spécialistes de l’IA, cultivent essentiellement aux États-Unis ! Quand Luc Julia, ingénieur Télécom ParisTech, commence à travailler sur l’assistant virtuel de l’iPhone, Siri, c’est déjà en qualité de chercheur émigré outre-Atlantique, avant de prendre la direction de la recherche de Samsung. Si Yann Le Cun, né à Soisy-sous-Montmorency, diplômé Esiee, est tenu pour l’un des inventeurs de l’apprentissage profond, c’est au sein de Facebook, recruté par Mark Zuckenberg. Comme il l’exprime lui-même, « la conception de machines intelligentes nécessitera la collaboration ouverte de la commuanuté de la recherche entière ». Certes, mais le label restera américain ou chinois. Emmanuel Macron, qui « ne veut pas que la France rate le train de l’intelligence artificielle », parle de « plan ambitieux » d’1,5 milliard d’euros d’ici à la fin du quinquennat pour retenir les meilleurs chercheurs. Mais pour la Chine, ce sont 22 milliards de dollars d’ici à 2020. Le train compte bien 1re et 2e classes… Nos « intelligences » naturelles françaises devront prendre le TGV européen, avec 20 milliards d’euros d’investissements à la clé… paraît-il !
Au Sommaire du dossier
2. Six applis qui changent la vie