Tiffany Mazars, oser être soi

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Fibromyalgie, trouble de l’attention avec hyperactivité (TDAH), burn out… Tiffany Mazars, à peine trentenaire, en a déjà vu de toutes les couleurs. Face à un monde du travail encore inadapté, l’entrepreneure n’a pas eu d’autre choix que de s’en sortir par elle-même. Aujourd’hui indépendante, c’est parce qu’elle porte cette voix en faveur d’une meilleure compréhension du handicap invisible que les entreprises font appel à elle… Les mêmes qui l’excluaient à cause de ses différences ?

Il aura fallu sept ans pour que Tiffany Mazars puisse mettre des mots sur ses maux. « À 15 ans j’enchainais les malaises, je tombais sans raison. Je ne pensais qu’à une chose, dormir, alors que tous les jeunes de mon âge ne juraient que par faire la fête », nous confie-t-elle. Après un baccalauréat obtenu par correspondance, un BTS en management et un bachelor en alternance, son état de santé se dégrade alors qu’elle est responsable de magasin d’une enseigne d’optique. Dans l’impossibilité de tout simplement se lever, et ce durant plusieurs jours, Tiffany Mazars rencontre un rhumatologue qui changera le cours de sa vie. À l’issue d’un diagnostic par élimination, le verdict tombe : « J’apprends à 22 ans être atteinte de fibromyalgie (une pathologie chronique qui provoque des douleurs articulaires et musculaires, ndlr). Pas de traitement, je vivrai avec ces douleurs toute ma vie. »

Le salariat n’était pas encore prêt à l’accueillir

C’est sans surprise un coup de massue. Avec le statut RQTH (reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé) Tiffany Mazars multiplie les démarches pour bénéficier d’un aménagement auprès de son employeur. Que nenni, celui-ci ne fera rien. Même sentence au sein de la PME qu’elle rejoindra ensuite, « j’ai dû attendre dix mois pour un aménagement de mon poste de travail, qui n’est finalement jamais arrivé », regrette-t-elle. Face à ces déconvenues, Tiffany Mazars change de méthode : c’est elle qui va embaucher son patron ! Sur Leboncoin, elle met une annonce pour proposer ses services au sein d’une entreprise qui voudrait bien d’elle, telle qu’elle est. Bingo, elle décroche un poste de responsable communication dans une start-up parisienne (en 100 % télétravail). Une bonne nouvelle qui ne dure pas : en plein confinement Tiffany Mazars attrape un virus, encore inconnu à ce jour, qui déprogramme tout son corps, avec des troubles respiratoires, musculaires et neurologiques. Le cercle vicieux se poursuit : covid oblige, son entreprise la licencie économiquement… Retour à la case départ.

« Le message était clair : le salariat n’était pas fait pour moi ! », ironise l’entrepreneure. Car oui Tiffany Mazars, face aux vents contraires, décide de créer son entreprise. Ses premiers contrats tombent en septembre 2020 alors qu’elle est consultante en RSE. Elle le sait, les entreprises viennent précisément la chercher pour son handicap invisible et son parcours. Le comble ! L’hyperactive travaille 60 heures par semaine, et s’occupe en parallèle de ses enfants en bas âge. Un rythme effréné qui révèle son TDAH, dont ses troubles d’attention, de concentration et de mémorisation étaient jusque-là compensés par son haut potentiel intellectuel (HPI). Le corps médical s’inquiète après la survenue d’un accident ischémique transitoire (AIT) – elle en fera un deuxième en janvier dernier. La coupe est pleine et un autre diagnostic tombe : burn out. Tiffany Mazars doit apprendre à appuyer sur pause.

L’engagement plus fort que tout

Aujourd’hui, avec sa société (Ça papote), Tiffany Mazars intervient dans les entreprises pour y donner des conférences et faire évoluer les mentalités sur le handicap. En parallèle et avec Caroline Fruchaud elle imagine Ensemble & Co, une association qui rassemble une centaine de travailleurs en situation de handicap, dont Philippe Croizon, Virginie Dubost, Virginie Delalande. Olivier Goy est aussi un allié. L’objectif ? « Unir nos réseaux, nos influences, nos ambitions pour sensibiliser au handicap, et ce avec optimisme et positivité ».

Ses engagements ne s’arrêtent pas là : s’essayer en octobre à la Diagonale des Fous – un pari fort pour celle qui a connu le fauteuil roulant – avec l’idée d’en faire ensuite un documentaire. Sa résilience et sa détermination inspirent. Un chocolatier durable est même venu la solliciter pour sensibiliser au handicap invisible, « la vie c’est comme le chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber ! », une belle manière d’allier humour, gourmandise et impact. Enfin, et c’est peut-être la suite logique, Tiffany Mazars va sortir son premier livre, en fin d’année… et vous imaginez bien qu’elle a pas mal de choses à raconter.

GEOFFREY WETZEL ET JEAN-BAPTISTE LEPRINCE

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