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Le start-up studio mise sur l’avenir et… la chance des audacieux
Avant de rembobiner le parcours si riche et si court du jeune chef d’entreprise, le situer aujourd’hui : Maxime Blondel est le CEO de The Secret Company. Le « secret » tient à la nature même de la « company », toujours associée à un cofondateur… à découvrir. TSC est un « start-up studio ». Comment traduire ? Élaborateur de start-up ? Catégorie hors norme, il doit exister une dizaine de sociétés de cette nature dans le monde ! Le concept : on réfléchit tous les ans à 3, 4 ou 5 idées de « boîtes » à créer. Un produit, un service, une muse (petits business en ligne automatisés qui génèrent régulièrement un profit sans demander de temps), une marketplace, peu importe la bonne idée. Maxime et ses quatre associés, plus The Family, un accélérateur/incubateur qui fait partie des « coups de chance » du rebondisseur, testent le marketfit du projet (thèse marché). Élaborent le prototype de la start-up. S’il est concluant, TSC se met à la recherche du ou des futur·es patron·nes. Le start-up studio sera alors à terme l’associé de n boîtes à succès, futures licornes ou pas…
Investir dans la chance de l’avenir
Autrement dit, The Secret Company est une promesse grandiose pour avenir brillant. Car Maxime Blondel et ses associés font partie de ces « builders », comme ils disent, ces bâtisseurs qui misent sur le (très) long terme. Les quelque dix boîtes que la Secret Company a mises en route donneront peut-être à terme un « géant » de tel domaine. Ou deux, ou trois, ou cinq. Des marques qui entreront en Bourse ou qui seront achetées à prix d’or : l’amorceur en récoltera les fruits.
Patient, le noyau de créateurs « vit » sur les agences en interne qui assurent le chiffre d’affaires, comme sa création Komojo, un jeu de cartes « apéro » qui rencontre le succès (une muse par excellence). Mais explorons le parcours de Maxime qui a avant tout investi dans sa chance, son karma et, comme il le dit sans complexe, ses « rencontres nées du chaos ».
Président à 18 ans
Ce bachelier ES de Rueil Malmaison choisit, à l’encontre de ses condisciples appelés vers les prépas, un IUT pour passer un BTS. Le jeune homme veut « toucher du concret ». Il appelle ça le « hasard », la voie (ou voix ?) intérieure. L’APB de l’époque, aujourd’hui Parcoursup, le « case » en DUT de commercialisation à l’IUT Paris-Descartes. Il devient le président de l’association d’étudiants qui organise les événements. De quoi lui constituer un solide réseau. L’IUT est ouvert, rien à voir avec les « silos » des formations spécialisées. Le « gamin » organise des soirées à 1 000 personnes. Monte des week-ends de ski. Et mine de rien, dirige une « petite boîte » à 150 000 euros de budget !
Pro du financement
Chance : en licence de marketing digital en alternance, il intègre une société d’événementiel qui… le recrute pour se numériser elle-même ! Dans la foulée, Maxime invente The Young Economy, une appli de recherche de postes pour jeunes diplômé·es. Et avec ses associés, il… commet toutes les erreurs possibles et imaginables ! Les jeunes gens se lancent dans des concours de start-up chronophages, font travailler des freelances quand il aurait fallu des ingénieurs : le produit est mal adapté. Ils se dispersent dans la com et les articles dans les médias. 2016-2017, constat d’échec, fatigués, ils arrêtent les frais.
Chance (ce qu’il nomme ainsi !) : les parents de Maxime lui avaient donné un délai pour se lancer. Il dispose encore d’un an pour voler de ses propres ailes. Il se souvient de sa base de données Excel des années IUT : un trésor de contacts de prestataires dans l’événementiel, des DJ, des danseurs, des… cracheurs de feu, la « faune » qu’il avait côtoyée deux ans comme barman pendant ses études. Animationevenementiel.com en naît, suivi par unesalleaparis.com ou traiteursparisiens.com. Lui qui broyait du noir y voit – un de plus – un « coup de bol » ! Pendant un an, il vit plutôt bien des commissions qu’il retire de ses mises en relation, mais… ne s’amuse pas.
Coup de bol (sic) : une offre de rachat de ses bases lui est adressée sur LinkedIn. Six mois plus tard, à 23 ans, Blondel tire quelques centaines de milliers d’euros de sa vente… Qu’en faire ? Investir une partie dans des start-up (il apprend son futur métier) et faire plaisir autour de lui et à lui-même. Très vite, « tout est parti. »
Hasard (tiens donc). Il rencontre The Family, un incubateur iconique dont il vit la prodigieuse ascension. On lui confie les missions impossibles, pendant deux ans. Il devient la tête chercheuse des financements. Six mois plus tard, il en tire sa boîte, associée à The Family. La Secret Company. The Family en tant que tel connaît à présent des difficultés de crise. Maxime lui reste fidèle.
Sociétés sans bagages
On connaît le mode de fonctionnement de TSC. On ne sait pas encore que la vision de l’entreprise qu’instaure Maxime et ses associés repose sur le concept de sociétés remote, sans levées de fonds, sans bureaux, légères comme des plumes. Bien avant le surgissement forcé du télétravail, TSC fonctionne en mode remote et ne parraine que des boîtes sans bagages. Le CEO en est persuadé : « Toutes les entreprises seront remote et frugales à l’avenir. » Les idées, les gens qui vont les concrétiser dressent la fortune potentielle de ces projets lancés à la figure de la Chance. Maxime Blondel y croit. « Travailler dur à un projet et échouer, ça arrive sans arrêt. D’autres vont surfer sur la vague et réussir sans avoir dépensé une énergie folle. Il faut l’accepter. »
Aujourd’hui, TSC incube dix sociétés (1/3 de start-up, 1/3 d’agences, 1/3 de muses pour un MRR – Monthly Recurring Revenue – de 400 000 euros. Les connaisseurs apprécieront. Que la chance soit ou non de la partie…
Olivier Magnan