Karim Fahssis, entrepreneur dans le vent

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De Paris, où il est né, à Hyderabad en Inde où il a créé Meteopole, en passant par Centrale Nantes et Pékin, il a bâti sa carrière sans tenir compte des frontières, porté par le vent de l’entrepreneuriat.

 

Le goût du large, toujours...
Le goût du large, toujours…

«L’entrepreneuriat est une dimension qui fait partie du parcours des étudiants de Centrale, mais ce n’est pas une issue automatique pour autant. On peut intégrer le monde de la grande entreprise, pour y grandir petit à petit et occuper des fonctions de direction. On peut aussi débuter sa carrière dans une PME, mais souvent les perspectives professionnelles ne sont pas forcément à la hauteur de ce que l’on veut faire. Alors on décide de voler de ses propres ailes », décrit simplement ce jeune Parisien de 30 ans, qui a fait le grand saut loin de l’Hexagone.

 

Goût d’Extrême-Orient

En 2005, alors étudiant à Centrale Nantes, il part à Xi’An, capitale de la province du Shaanxi, dans le cadre d’un échange universitaire. Il passe deux années sur place, tombe amoureux de la Chine et décide de prolonger l’expérience. Mais pour cela, il doit trouver l’entreprise qui voudra bien lui donner l’opportunité de faire ses débuts dans le monde professionnel, à plusieurs milliers de kilomètres de chez lui. L’opportunité se présente avec Meteodyn, une société française spécialisée dans le calcul du vent.

« J’ai ouvert l’antenne de Pékin, dans le cadre d’un VIE. Elle avait pour objectif de rayonner sur l’ensemble de l’Asie. La mission proposée correspondait exactement à mes attentes, car je voulais travailler dans les énergies renouvelables et j’avais envie de bâtir quelque chose, en partant de rien. Avec Meteodyn j’ai été servi : il fallait tout monter. » C’était la dimension entrepreneuriale de la mission qui l’intéressait. Meteodyn n’avait aucune présence en Chine avant son VIE, et lorsque Karim Fahssis en est reparti en 2012, le bureau qu’il avait monté générait 60% du chiffre d’affaires total de l’entreprise.

De Pékin à Paris en vélo

Karim Fahssis a assuré la montée en puissance sur une période de cinq ans, qu’il interrompt de mars 2009 à mars 2010, pour relier Pékin à Paris à vélo. Plusieurs milliers de kilomètres, qui vont compter dans la démarche de cet entrepreneur distingué par le MIT comme un des meilleurs talents français. « Indirectement, ce trajet a du sens dans mon projet entrepreneurial. Il m’a été utile, car il m’a donné des bases pour m’adapter à des environnements différents et à des conditions imprévues. Bien entendu cela n’a pas de lien direct avec la création de Meteopole, mais je reste convaincu que c’est un élément révélateur. De retour de ce voyage, j’étais plus mûr et j’étais convaincu qu’il était possible de faire autre chose. »

Une conviction qui se traduit moins de deux ans plus tard par la création de Meteopole. Durant les années passées chez Meteodyn, il avait décelé un besoin récurent chez les promoteurs de turbines éoliennes. Pour qu’un parc éolien soit finançable, ses promoteurs doivent présenter aux banquiers une importante quantité de données de viabilité prises sur le terrain. Un défi qu’ils relèvent en installant une tour météorologique, qui mesure la vitesse et la direction du vent, à l’emplacement qu’ils estiment prometteur, pendant au moins un an. Si à la fin de ce délai les données montrent que le lieu a un faible potentiel, la campagne est arrêtée et l’investissement perdu.

De retour de son voyage, Karim Fahssis a l’idée de créer un outil logiciel, susceptible d’offrir aux promoteurs un accès à une nouvelle source d’informations durant cette étape de prospection. « J’ai pensé qu’il était possible de faire les choses différemment, en adoptant un autre modèle, avec une autre vision des choses. Comme mon expérience professionnelle avec Meteodyn avait été positive, j’ai acquis la confiance nécessaire pour monter mon propre projet. » Plutôt que de disposer les ressources éoliennes dans une zone choisie arbitrairement, Meteopole propose aux promoteurs de réaliser une analyse de préfaisabilité des zones visées, avant d’installer effectivement le matériel de mesure sur le terrain. « Les tours sont installées afin de valider les données de cette analyse, alors qu’auparavant elles étaient utilisées pour rechercher les meilleurs emplacements et écarter ceux qui n’avaient pas d’intérêt. »

 

Une société de droit indien

Meteopole ne se contente pas d’affiner la démarche de Meteodyn. « Notre approche du marché est totalement différente, confirme Karim Fahssis. Je me focalise sur les énergies renouvelables, mais pas uniquement sur l’éolien, même si cela reste pour le moment un élément prépondérant dans notre activité. » Convaincu qu’il faut apporter une véritable valeur ajoutée pour s’imposer sur le marché, il ne propose pas uniquement du calcul des vents, mais intervient en fait sur toute la chaîne de valeurs. « A mes yeux, pour accélérer le développement des énergies renouvelables, c’est dans ce sens qu’il faut travailler », affirme-t-il.

Cette stratégie, Karim Fahssis a décidé de la mettre en œuvre aux quatre coins de la planète. « Partout où il y a du vent », précise-t-il en souriant. Entrepreneur sans frontière, le jeune ingénieur parisien a pris Hyderabad, en Inde, comme premier point d’ancrage. « Meteopole est une société de droit indien, ajoute-t-il d’ailleurs. Mais je partage mon temps à peu près équitablement entre le siège, où nous avons une équipe de douze personnes, notre bureau de Nankin et notre bureau de représentation de Paris. » La présence de l’entreprise dans l’Hexagone devrait cependant se renforcer très prochainement, avec la signature envisagée d’un projet de rapprochement avec une autre société française. « Cela nous permettra de nous affirmer sur les marchés européens, car pour le moment nous sommes surtout présents en Inde, qui reste notre plus gros marché, en Chine, en Asie du Sud-Est, en Turquie, au Maroc et en France. »

Après l’Europe, Karim Fahssis souhaite poser un pied de l’autre côté de l’Atlantique. Un plan de développement sur quatre ans a été élaboré en ce sens et Meteopole est à la recherche d’un partenaire nord-américain disposant d’une technologie complémentaire. « Nous avons déjà entamé des discussions, mais il n’y a rien de concret, lâche-t-il cependant. Mais le vent de l’histoire souffle dans cette direction… ».

 

 

Article réalisé par Jacques Donnay

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