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« J’étais bénévole à temps plein, tout en étant au RSA. De quoi se rendre compte qu’il existe un vrai problème entre les femmes et l’argent. » Avec, entre autres, les réseaux Femmes des Territoires et Bouge ta Boite, Marie Eloy met toute son énergie à redonner aux femmes leur juste place, notamment dans le monde du business et de l’entreprise. L’ex-journaliste s’apprête à sortir son premier livre sur le thème du combat de sa vie, la mixité.
Monter sa boîte découle souvent d’un besoin personnel et de sens. Pour Marie Eloy en l’occurrence, c’est pour sa fille qu’elle met un pied dans l’entrepreneuriat en créant une école Montessori, en Bretagne en 2011. Après avoir exercé le métier de ses rêves, grand reporter pour RFI, la jeune maman s’arrête de travailler pour s’occuper de sa fille qui rencontre alors des problèmes de santé. Séduite par la méthode Montessori, qui a fait ses preuves partout dans le monde, Marie Eloy imagine avec une autre maman la création d’une école Montessori dans leur petit village breton. Sans réseau, sans argent, sans tables ni chaises. Mais il y avait un vrai besoin : en une semaine l’école fait le plein d’inscriptions. Entre avril 2011 et la rentrée de septembre la même année, il a fallu que les parents se démènent pour que ce beau projet voie le jour. Pari réussi.
Les femmes doivent trouver leur place
Ça y est. De journaliste, Marie Eloy est devenue entrepreneure. Et retient de cette expérience Montessori cette forte entraide qui a pu naître entre toutes ces mamans aux intérêts communs. Bénévole pour l’école, elle se rend aussi compte qu’il y a un vrai problème entre les femmes et l’argent. Lui vient une autre idée : « J’ai lancé un premier réseau d’entraide pour les femmes afin qu’elles puissent créer leur entreprise, Femmes de Bretagne, en 2014. » Grâce à une plate-forme collaborative innovante, les adhérentes ont ensuite voulu se rencontrer pour échanger sur leurs projets de création. Le concept cartonne au point qu’il sera dupliqué quelques années plus tard, en 2019, sur l’ensemble du territoire national. Place à Femmes des Territoires, co-fondé avec la Fondation Entreprendre. Mais avant cela, il y avait eu aussi Bouge ta Boite, le réseau business présent dans 163 villes, pour que les femmes déjà bien en place dans l’entrepreneuriat puissent développer leurs compétences, leur chiffre d’affaires et leur leadership. Quand on est entrepreneure, le réseau est essentiel. « Nous les femmes, on excelle pour tisser un réseau personnel et gérer les rendez-vous pour la famille… Mais pour ce qui est du réseau pro, on le fait beaucoup moins », pointe Marie Eloy. « 67 % des dirigeantes gagnent moins de 1 500 euros par mois […] En France, si vous prenez 100 femmes, entre 3 et 4 seulement sont entrepreneures alors que c’est le double au Royaume-Uni », et on pourrait continuer comme cela longtemps. Pour Marie Eloy, l’entrepreneuriat des femmes est en retard en France. Nous devons agir pour le voir évoluer, et dans le bon sens. Pour notre entrepreneure, les femmes restent encore insuffisamment visibles dès lors qu’on parle « business ». Difficile donc de s’identifier. Et puis il y a celles qui, au nom du sacro-saint sens au travail oublient la dimension financière : « Si tu ne vis pas de ton projet, ton sens n’a pas d’impact », tranche la fondatrice de Bouge ta Boite.
Le combat continue
Parce qu’il n’y a pas que des femmes entrepreneures, Marie Eloy n’a pas voulu laisser sur la touche les salariées. Avec Bouge ton Groupe, elle propose notamment des formations pour accélérer la carrière des femmes en entreprise. Non, le plafond de verre n’a hélas pas encore disparu. Notre électron libre en est convaincu : toutes les crises que nous vivons, à l’instar du
grand réchauffement, s’expliquent notamment par un manque criant de femmes aux postes de gouvernance. Des solutions existent, qu’elle nous livrera début 2025 dans les pages de son premier ouvrage, aux éditions Eyrolles. En attendant, les nuits sont courtes pour l’engagée, qui tient à conserver un temps précieux auprès de ses enfants, et à se ressourcer quand il le faut dans les eaux froides de Bretagne.
GEOFFREY WETZEL