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Plus connue sous le nom de Career Kueen, Karine Trioullier a vécu aux quatre coins du monde. Son expérience internationale dans les ressources humaines a fait d’elle une spécialiste de la gestion de carrière. Entreprises et particuliers la sollicitent pour des problématiques liées à la gestion des talents (management, succession, coaching, etc.).
On la reconnaît à ses lunettes colorées et son franc-parler. Karine Trioullier décrypte mieux que quiconque les grandes transformations des services RH et les nouvelles aspirations des « talents » en quête de sens au travail. Cette entrepreneure, coach certifiée en 2008, livre ses conseils aux quatre coins du globe… depuis nombre d’années, alors ne lui parlez surtout pas de formation : « Il n’y a qu’en France où l’on s’attarde sur la formation de quelqu’un qui a acquis plusieurs décennies d’expérience ! », lance-t-elle. Dans son univers, Karine Trioullier n’a plus rien à prouver : ils sont presque 700 000 à la suivre sur TikTok, quasi 300 000 sur Instagram. Des femmes et des hommes soulagés, parfois sujets à un mal-être au travail, de se reconnaître dans les vidéos éclairantes de Career Kueen.
Révélée sur les réseaux sociaux… malgré elle ?
Karine Trioullier a longtemps travaillé « pour les autres ». Comprenez pour un employeur : « Je m’occupais de la gestion des talents, recruter des coachs au sein des entreprises faisait partie de mon travail », précise-t-elle. Elle finit par franchir le cap et créer sa propre entreprise, d’abord en Tunisie – où les problématiques tournaient autour du leadership, « comment s’imposer en tant que chef ? », par exemple. Puis aux Émirats arabes unis, à Dubaï, lors de la crise de 2008, avec une spécialisation dans l’outplacement. Son accompagnement s’est complètement numérisé à l’arrivée de la longue parenthèse Sars-CoV-2 en 2020, « coacher en ligne vous permet d’abolir toutes les frontières », souligne Karine Trioullier.
La pandémie covid-19, parlons-en. « Au cours de cette crise, beaucoup de mes clients aux Émirats ont perdu leur emploi. J’ai créé un compte TikTok au nom de ma société (Tida Bisa, ndlr) pour donner des conseils à celles et ceux qui se retrouvaient sans salaire, ou qui faisaient face à des difficultés dans leur travail […] Au départ cette initiative n’entrait pas dans le cadre de mon activité, le confinement m’a travaillée comme tout le monde et j’ai voulu apporter ma pierre à l’édifice dans ce monde pétri d’angoisses multiples », raconte l’entrepreneure. À son retour en France, quelques mois plus tard, sa fille, convaincue que les jeunes de son âge ont besoin des conseils de sa maman, lui soumet l’idée de faire des vidéos en français et non plus simplement en anglais. Hésitante au départ, Career Kueen (l’idée de sa fille pour son nom TikTok) se prête au jeu, et la mayonnaise prend rapidement. « Je ne savais pas que les gens ne savaient pas, concède Karine Trioullier, mon métier me poussait plutôt à rester discrète au départ, accompagner les dirigeants fonctionne par bouche-à-oreille […] Les utilisateurs ont tellement repris mes contenus, sur tous les réseaux sociaux, que j’ai décidé d’assumer ma présence en ligne », détaille l’auteure du livre Les jobs de mes rêves (éditions Marabout).
Les spécificités françaises
À travers ses consultations, Karine Trioullier en apprend beaucoup sur la société. « Les Français qui viennent me voir ne posent pas les mêmes questions que les autres […] Ils commencent souvent leurs propos par : à quoi j’ai droit ? Que se passe-t-il si… ? Là où les étrangers énoncent plus rapidement ce qu’ils veulent faire très concrètement », illustre la coach en RH. De ces échanges, Karine Trioullier n’en tire pas des conclusions générales, mais des tendances : « Dans mes vidéos RH, quand je parle IA (intelligence artificielle, ndlr), les contenus font un flop en France, alors que les sujets liés à la négociation de son salaire ou aux conflits avec son manager connaissent un fort succès. »
Dans cet univers RH, notre électron libre fait bande à part : « Les longues séances de coaching ne sont pas toujours utiles, c’est le pragmatisme qui prime. Les gens viennent me voir avec un problème, parfois une séance suffit car ensuite c’est à eux de prendre les choses en main une fois qu’ils ont eu les outils nécessaires. » Son futur ? Comme elle l’entend, à la carte, à l’image de ce que devrait être, selon elle, le futur du travail.
GEOFFREY WETZEL