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Les bonnes raisons pour simuler
Place à une totale immersion dans des expériences variées de jeu, de fait augmentées. Saisissant.
La réalité virtuelle débarque enfin en France pour le grand public. Les lieux qui lui font la part belle se comptent toutefois encore sur les doigts d’une main. A Paris, le perchoir MK2 propose depuis quelques mois maintenant une première approche de la réalité virtuelle ou « VR », mais l’expérience sonne un peu gadget malgré la diversité des activités ludiques et immersions proposées, car elle ne permet pas d’évoluer trop librement, les différentes installations étant disposées en cercle. Mind Out propose lui des expériences immersives de qualité, mais qui se destinent aux gamers déjà sensibilisés aux nouvelles technologies. Au 38 rue d’Aboukir, une baie vitrée estampillée Virtual Time nous donne accès à un plateau de 120 mètres carrés qui sent encore la peinture fraîche. Le lieu est moderne, sobre et précieusement découpé en espaces cloisonnés par du grillage pour définir chaque « Pod » – à prononcer « Peud » –, entendez l’espace de neuf mètres carrés, les capteurs de mouvement, l’oculus rift, les manettes, l’ordinateur… Bref tout le hardware et le software nécessaires pour vous immerger en 3D. Six « Pod » sont alignés en rang d’oignons. Un mur de plantes vertes égaye cette pièce, tout en longueur, qui sonne très « tech ». Au sous-sol, une cave voûtée aux briques apparentes, aujourd’hui salle de réunion, sera dans les semaines suivantes aménagée pour créer un corner d’initiation et de convivialité.
La réalité virtuelle de 7 à 77 ans ?
« Nous sommes en train de programmer l’ouverture d’un second point de réalité virtuelle. Notre but est de la démocratiser, de matérialiser son essor et de la rendre accessible via des espaces installés dans une même logique qu’un commerce de proximité. 400 jeux sont actuellement disponibles, et nous proposons après test les 20 meilleurs. Nous voulons être à la pointe de la VR et toujours avoir une longueur d’avance. Nous sommes en train de prévoir de nouveaux investissements sur les exosquelettes, les gants connectés. Le but est d’offrir le hardware dernier cri qui ne peut pas se retrouver dans le salon de M. Tout-le-monde », explique Maxime Julien, business developper chez Virtual Time.
Comptez 19 euros la demi-heure et 39 euros pour une heure de jeu. A 17h ce vendredi, des chalands sont entrés. Une mère pour l’anniversaire de son fils. Un adulte qui a déjà pris le pli malgré une ouverture début mai. Un coup de téléphone retentit. Publicis souhaite privatiser les lieux pour une soirée de team building. Car en réalité virtuelle, tout est permis. Challenger son collègue évoluant dans le « Pod » voisin, se mesurer à un geek coréen qui peine à trouver le sommeil, ou tout simplement s’initier à cette nouvelle forme de divertissement ludique grâce au conseil d’un des membres de l’équipe. Ils sont cinq au total pour un espace qui peut connecter 15 personnes en même temps. Outre les deux fondateurs Vladimir Singer, CEO, et Jérôme Meunière, inventeur de la caméra DXO, cinq personnes travaillent à plein temps dans cet espace de VR : Maxime Julien, le business développeur et manager, Yohann, l’ingénieur et deux salariés sont chargés de mettre à l’aise néophytes comme confirmés. C’est plus que pour un centre aéré qui emmène des primaires faire de la via ferrata dans les gorges du Verdon. Un accompagnement et un suivi presque personnalisé pour que chaque minute soit rentabilisée. L’espace est ouvert de 11h à minuit. Mais les exceptions sont permises sous couvert de privatisation.
Evénementiel immersif
Virtual Time a également réalisé un partenariat avec « Père & Fils », à 20 mètres de l’espace, pour un système d’hôtesses, afin de permettre des privatisations qui alternent sustentation réelle et pulsions ludiques virtuelles. Coté licences d’exploitation, force est de reconnaître que la réalité virtuelle en est encore à ses prémices. La preuve dans la relation avec les studios de production et les éditeurs. « Nous traitons en direct avec les développeurs pour l’exploitation des licences liées à Oculus Home, de même pour HTC Vive. Ce sont les deux acteurs existants pour le moment sur ce créneau », détaille Maxime Julien. Une fois dans la machine, nous oublions vite que nous sommes dans un bloc de béton entouré de grilles de métal. L’immersion est totale. Les deux manettes épousent naturellement la posture des mains. Et au moment de les regarder via l’oculus rift, nous constatons une synchronisation parfaite entre nos gestes et nos nouvelles mains virtuelles.
La séance démarre dans le salon virtuel de l’oculus rift composé de meubles dernier cri, d’une cheminée contemporaine et d’un accès à la gamme de jeux. Le virtuel est plus chaleureux que le réel. Une vingtaine de jeux est proposée. Au menu, Dead & Burried et Robo Recall, deux « shoot’them up » de qualité. Mais aussi d’autres expériences plutôt saisissantes telles que The Climb, jeu d’escalade qui explore les plus beaux sites de grimpe mondiaux, ou encore Eagle Fight, où nous pouvons incarner un rapace volant au-dessus de la ville de Paris. Le fond de la salle est dédié au social gaming. Keep Talking and nobody explode est un jeu qui propose de désamorcer une bombe grâce aux instructions d’un compère qui nous suit via un écran qui retranscrit nos actions. Racing Project Cars propose une expérience de course. Un moment très fun, qui file vite, à filmer discrètement pour voir vos amis ou collègues gesticuler dans le vide. Un régal.
Geoffroy Framery