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En cette période de déconfinement, le port du masque s’impose comme une absolue nécessité. Souci, la France accuse un grave déficit de masques opérationnels dès le début de la crise sanitaire. Pour participer à l’effort de « guerre », l’industrie du textile français s’est mobilisée. Pour produire masques et surblouses made in France. Immersion dans l’opération Masques à tout prix.

Mars 2020. Le confinement général s’abat sur la France et une partie de l’Europe et du monde. Comme l’ensemble des secteurs économiques et commerciaux, l’industrie textile est contrainte de suspendre ses lignes de production. Mais le geste barrière de base, le port du masque, se heurte à la pénurie : on découvre que les stocks d’antan sont réduits à zéro ou que des millions de masques sont irrécupérables. Alors, très vite, les acteurs du tissu français répondent à l’appel du gouvernement et se lancent dans la fabrication de masques en tissu et de surblouses. Qu’il s’agisse d’entreprises anciennes de référence, de jeunes pousses du made in France ou des quelques ateliers spécialisés dans la confection de protections médicales, la majorité des acteurs du textile français et des huit branches de la filière ont décidé de travailler ensemble sur tout le territoire dans la même direction : fournir des masques et des surblouses aux entreprises, aux soignant/es et aux Français/es.
Face à la situation d’urgence et de nécessité, le ministère de l’Économie et des Finances, en lien avec la Direction générale des entreprises (DGE), a missionné le Comité stratégique de filière Mode et Luxe (CSF) et son président Guillaume de Seynes pour coordonner les efforts de la filière textile. Il s’agit de lancer la fabrication à grande échelle des produits de protection contre le virus. Un engagement collectif incarné et concrétisé par le groupement d’entreprises baptisé Savoir faire ensemble.

Le made in France au front et sur la bouche

Savoir faire ensemble rassemble aujourd’hui quelque 1 100 entreprises françaises du textile, soit plus de la moitié des acteurs du secteur. Dès fin février, la DGE alerte le textile français qui commence début mars à produire des masques à destination des personnels professionnels encore au travail dans les entreprises. Depuis fin avril, dans la foulée de la création du groupement et du lancement de la plate-forme Web savoirfaireensemble.fr, les masques confectionnés sont distribués dans les pharmacies pour le grand public. La filière produit plus de trois millions de masques par jour.
Les acteurs du textile français produisent ainsi des masques catégorie 1 (individuels à usage des professionnels en contact avec le public) et catégorie 2 (masques de protection à visée collective, sans contact avec le public). Tous portent un logo officiel obligatoire, il garantit leur filtration et le nombre de lavages possibles.
Définir un cadre technique national de référence, coordonner la fabrication et centraliser les demandes, voilà les trois objectifs principaux énoncés par le groupement. Il s’agissait donc de lancer une réflexion collective « sur les éléments de la chaîne de valeur, comme nous l’explique la cellule de communication du groupement, il s’agit de se demander où l’on est fort ? Où l’on peut être plus fort en collectif ? Pour pousser plus loin la capacité de production », résume Guillaume de Seynes. Or, pour la plupart des entreprises mobilisées, la fabrication de matériels de protection est une première. La plate-forme Savoir faire ensemble est là pour ça : réunir les savoir-faire pour les diffuser et coordonner l’effort collectif entre les trois catégories d’entreprises engagées : les confectionneurs de masques produits finis, les confectionneurs de surblouses et les fabricants de matières premières.

Prolonger la dynamique

Le textile made in France prouve bien là sa valeur et sa capacité de mobilisation. Tant et si bien que l’on estime que son effort assure la moitié du volume des masques barrières distribués dans le pays, alors même que seule une poignée d’entreprises en produisaient avant la crise sanitaire. Et le groupement entend bien prolonger son effort : « Savoir faire ensemble montre que les entreprises de la filière peuvent travailler ensemble, elles ont montré de la réactivité et de la souplesse. Il faut en faire quelque chose de pérenne. »
De cette initiative collective exemplaire et de cet élan de filière est né tout un mouvement de réflexion sur le renforcement de la valeur des entreprises créatives et du textile 100 % français. Le lancement de Savoir faire ensemble coïncide avec l’émergence toujours plus affirmée de nouveaux modes de consommation et de nouvelles exigences des consommateurs. On souhaite désormais que nos marques préférées soient plus engagées, plus éthiques, plus écoresponsables, plus soucieuses de l’emploi et du dynamisme local… À l’instar des jeunes pousses du textile de chez nous comme le fameux Slip Français ou encore Label Chaussette, le textile made in France s’affirme de plus en plus et semble répondre à ces nouvelles exigences.
Une chose est sûre, il aura su répondre présent et se réinventer en partie, pour participer activement à l’élan de solidarité et de lutte contre cette fichue covid-19. Il n’y a pas à dire, le made in France montre l’exemple.

Adam Belghiti Alaoui

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