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Depuis le succès de Free, Xavier Niel ne s’arrête plus. L’homme « libre » a transformé la halle Freyssinet du XIIIarrondissement de Paris en mastodonte de l’entrepreneuriat, la Station F… le plus grand incubateur au monde. On connaissait les fermes aux milles vaches, voici venue l’ère de l’incubateur aux 1 000 start-uppers… Immersion dans les entrailles du vaisseau amiral de la start-up nation.

En 2013, à peine son école 42 ouverte, l’insatiable Xavier Niel se lance dans un nouveau projet hors normes, la Station F, le plus grand incubateur de start-up au monde… En juin 2017, Station F (dans l’enseigne halle Freyssinet, d’où le « F » qui, comme par hasard évoque aussi Free…) ouvre enfin ses portes, et ça en jette. Emmanuel Macron, fraîchement élu, fera l’honneur d’inaugurer l’endroit. Aura ou onction présidentielle ! Le Disneyland de la start-up – que l’on visite comme un monument ! – regroupe dans ses 34 000 m2 tout ce dont un jeune entrepreneur peut rêver. Station F attire les regards, et ce jusque dans la Silicon Valley, où Roxanne Varza, la jeune présidente de Station F, a fait ses armes.

L’incubateur géant s’organise en trois zones complémentaires. La zone Share, comme son nom anglais l’indique, se dédie à l’échange, aux – nombreux – événements, aux workshops et aux conférences en tout genre. C’est aussi le creuset des services à disposition des membres. Le French Tech Central ouvre l’accès à 30 administrations de service public (type Urssaf, Cnil…), brillante idée. On y déniche un tech lab, dédié aux prototypes. Se sont installés sous la halle les « bureaux de mentorat » de géants comme Apple et Google, sans oublier, surtout pas, un espace de contacts avec des fonds d’investissement aux aguets. Bref, le concentré d’où devrait jaillir un feu d’artifice de jeunes pousses.

Peer-to-peer learning

La 3e zone, Create, strictement réservée aux incubés, est le cœur du réacteur. Trente programmes internationaux dédiés à l’accompagnement des start-up y prennent leurs aises, tenus par des Facebook, des L’Oréal, des HEC et même un Adidas, le « petit » dernier. Parmi les 30 programmes, deux sont « brandés » Station F, le Founders Program et le Fighters Program. Leur approche en peer-to-peer learning – apprentissage par les pairs – érige l’autonomie en valeur reine, la coopération. « 90 % des difficultés des entrepreneurs sont résolues par d’autres entrepreneurs », affiche Station F sur son site. On ne peut plus vrai. Pour 195 euros par mois et par desk, les 6 % des postulants acceptés sont regroupés en « guildes » de dix personnes, au sein desquelles ils tirent profit de la synergie du groupe. Si les deux programmes maison sont destinés aux start-up en « early stage » (en amorçage, mais encore insuffisamment dotées pour se lancer sur le marché), le Fighters donne une chance aux entrepreneurs qui possèdent « ce qu’il faut » pour réussir. La durée moyenne d’incubation se situe entre 2 mois et 2 ans, période au bout de laquelle ça passe ou ça casse.

Incuber, c’est aussi vivre sur place

La troisième zone, la « froide », dite Chill, accueille un restaurant, La Felicita, mine de rien l’un des plus grands de France – pas moins de 3 500 m2. En complément des trois territoires, un nouveau complexe de « coliving » – entendez colocation – est sorti de terre à une dizaine de minutes de la Station F en juin 2019, le Flatmates. Avec ses 100 appartements de six chambres à partir de 399 euros par mois, cette gageure veut déjouer les difficultés liées au logement dans la capitale et inciter les étrangers à rejoindre le navire. Alors, Si Station F a pu se faire taxer de « nids à hipsters » dans les pages de Challenges (jeunes snobs gentrifiés), si les critiques sur l’état de sa moquette ou l’atmosphère surchauffée se multiplient, la halle reste sans concurrence, même si les programmes se « tirent la bourre », parfois même au sein de Station F. Business is business. En juin et en novembre, le « temple » expose le top 30 de ses meilleures start-up, puis le top 40 des plus prometteuses… Une vitrine de la start-up nation en puissance au sein de laquelle beaucoup d’entrepreneurs français aspirent à se retrouver.

Jean-Baptiste Chiara

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