La réalité augmentée comme pédagogie innovante à Néoma

Nano en back-up du corps professoral se permet d’introduire quelques cours.
Nano en back-up du corps professoral se permet d’introduire quelques cours.

Temps de lecture estimé : 3 minutes

ExE (Experientiel Education)

Voyage pédagogique en réalité virtuelle chez Néoma. Une première en France.

«Nous voulions véhiculer deux messages pour cette journée de sensibilisation : montrer que nous sommes en capacité de créer et ensuite de déployer des innovations pédagogiques », lance Alain Goudey, professeur de marketing, directeur de la transformation digitale, alors que nous venons d’entrer dans les locaux du site rémois de Néoma Business School.

Des propos liminaires qui introduisent une activité d’un genre nouveau pour les étudiants : une expérience de réalité virtuelle à des fins pédagogiques.

« La mise en place de la réalité virtuelle sera déployée à destination de 2 000 étudiants, soit 20 % de nos effectifs. Cela nous place en position de pionnier sur le sujet sur la scène mondiale », poursuit le directeur de la transformation digitale de Néoma.

Aujourd’hui (le 27 mars 2018) donc a lieu dans l’un des amphithéâtres de l’école une animation basée sur de la pédagogie nouvelle. « Il s’agit de ramener en classe les pratiques d’entreprise tout en permettant aux élèves de connaître une immersion jamais vécue auparavant. Cela leur permet également de se confronter à la réalité des organisations. Pourquoi ne pas imaginer demain la visite d’un sous-marin alors en mer ou d’un site sensible », note Marie-Laure Massuet, responsable du teaching & learning center.

Immersion à 150

Malgré une séance qui se tient durant la pause méridienne, l’ensemble de la promotion des premières années du parcours Grande Ecole grouille dans l’amphi qui s’est habillé aux couleurs de Néoma. Les néons violet irriguent le visage de ces jeunes ouailles impatientes de tester la nouvelle technologie. Les fauteuils rouge et l’atmosphère tamisée rendent l’antre numérique presque rococo.

Michel Edouard Leclerc, nommé récemment président de l’école, est présent en qualité de « chauffeur de salle » polo violet de l’école revêtu au dessus de sa chemise sur mesure.

Assise un peu en retrait avec d’autres confrères, Marie-Laure Massuet nous explique le b.a.-ba : le parti pris de ne pas choisir les casques trop imposants, de type oculus rift, la création d’une application présente sur Android ou Apple. Malgré tout, la responsable nous met en garde : « Nous appelons cela la cinétose. L’expérience provoque dans 3 % des cas des nausées. La pratique est déconseillée aux personnes enceintes et à celles qui ont subi un accident cérébral (traumatisme, AVC, épilepsie…). » Rassurez-vous pour les 3 %, la même expérience est accessible en flat, entendez sans casque. L’expérience perd alors en immersion mais pas en interactivité. « Le point fort de la technologie est de ne rendre aucun parcours linéaire. C’est l’étudiant qui choisit comment découvrir l’univers auquel il est confronté », renchérit Alain Goudey.

Une fois le casqué vissé sur nos têtes nous entrons dans une réalité qui nous donne le choix entre trois univers : toutes les interactions se réalisent via une cible au centre du casque. Si vous la maintenez sur un univers, il se lance. Si vous voulez stopper l’immersion, il vous faut baisser la tête et patienter avec le viseur braqué sur «Stoppez la vidéo». Le tout est intuitif.

Technologie à haut potentiel malgré de jeunes esprits encore rétifs ?

Une première étude de cas nous emmène dans un commerce du centre-ville, 6nétic, un magasin de smartphones d’occasion qui fait de la vente et de la réparation avec la possibilité d’étudier le back office, le labo, la vitrine et la zone de chalandise.

Une deuxième expérience nous emmène dans une compétition de handball. L’immersion est ici agréable. On vogue de point de vue original en point de vue atypique, on se retrouve dans le cœur de la fanfare, puis derrière un but pour ensuite terminer en pleine liesse pour fêter la victoire de Néoma. Franchement, c’est fun et on imagine aisément les applications pour la fan expérience des grandes franchises du sport mondial.

Enfin, un dernier cas pratique nous emmène pour une durée de 20 minutes dans le plus grand drive Leclerc de France pour une vidéo qui peut se prêter à des exercices de logistique, de merchandising, de contrôle de gestion. « C’est un objet pédagogique protéiforme pour faire travailler les étudiants sur leur capacité d’analyse et leur agilité intellectuelle. Pour les entreprises, il s’agit également d’un objet de formation et de communication. Dans tous les cas, il s’agit d’augmenter la qualité de l’expérience de l’apprentissage », ajoute Marie-Laure Massuet.

Et Michel Edouard Leclerc d’ajouter : « Cette expérience fait de Néoma un précurseur ». Mais pas seulement. Car l’école projette déjà de devenir éditeur de contenus en lançant très prochainement une plateforme. « Entreprises, écoles et institutions nous ont fait part de leur enthousiasme sur le sujet. Il y aura des contenus ouverts et gratuits, d’autres nécessiteront des licences. Nous souhaitons développer une bibliothèque sachant qu’il faut un an de gestation pour que l’idée se concrétise en expérience de réalité virtuelle. »

Quelques rangées plus bas, des étudiants retirent leur casque, parfois les joues rougies par l’expérience. Le moment de recueillir des impressions à chaud pour les futurs récipiendaires de la technologie. Ils sont 150 dans la salle. Cela donne l’impression de revivre la conférence de Zuckerberg au CES sur la réalité virtuelle. Pour la plupart, gamers ou non, geeks ou sportifs, techno-sceptiques ou techno-compulsifs, ce fut leur première expérience en VR. « C’est intéressant de s’immerger dans un univers à 360° mais c’est aussi perturbant », reconnaît Julie qui se plaint d’un léger mal de crâne. « Cela donne des idées pour des applications marketing mais peut-être pas pour tous les enseignements », ajoute Coline, sa condisciple.

Et François d’ajouter : « La technologie m’est plutôt étrangère. On voit les applis pour le jeu vidéo. En revanche, on ignore encore toutes ses potentialités. D’un point de vue «péda», ça nous gardera les yeux ouvert mais je suis encore dubitatif. » Son compère Aymeric abonde dans le même sens : « Le confort est pas mal, je vois des applis en architecture, mais je trouve que cela relève du gadget pour l’instant. » Rome ne s’est pas faite en un jour. Il en va de même pour évangéliser une promotion sur un nouveau support pédagogique.

Geoffroy Framery

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