Tendances des séminaires d’entreprises en hôtels de luxe

Des espaces de rencontres informelles sans artifices, ou presque…
Des espaces de rencontres informelles sans artifices, ou presque…

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Pas d’écueil dans l’accueil

L’offre BtoB des hôtels haut de gamme évolue à vitesse grand V en termes de créativité, compte-tenu des attentes des salariés et des modes.

Fini les grand-messes d’entreprise se terminant autour d’un banquet bien arrosé. Les méthodes de management évoluent. Les séminaires aussi. Ces rassemblements montent en gamme et ciblent ainsi plus fréquemment les lieux de prestige comme les hôtels cinq étoiles. Il faut dire qu’avec la concurrence d’Airbnb sur le segment des particuliers, ce créneau représente une aubaine pour ces établissements. Certes moins rentable que la clientèle touristique classique (à l’exception de la restauration en « banqueting »), les évènements d’entreprise apportent en effet un volume d’activité bienvenu pour les grands hôtels. Favorisé par le retour de la croissance, le segment business constitue en outre une activité complémentaire à l’hébergement de nuit, essentielle pour optimiser l’utilisation de leurs équipements. « C’est aussi un important levier de fidélisation : si un collaborateur est séduit par la beauté des lieux lors d’un événement d’entreprise, il aura souvent envie de revenir à titre particulier », ajoute Assia Heinold, la directrice commerciale de l’hôtel Molitor, à Paris.

Menu sans gluten

Mais cette tendance répond aussi à un changement de mentalité dans les organisations. Evènements plus souples, destinations glamours, quête d’originalité, mais sans nuire à l’efficacité : le bleisure – associant business et loisirs – séduit.

Mais de manière plus saine, à commencer par le menu ! « Les entreprises ne veulent plus de repas de deux heures car les contrats ne se signent plus entre la poire et le fromage. Aujourd’hui, pour travailler sereinement tout au long d’un séminaire, elles privilégient des petit déjeuners équilibrés, bio, voire sans gluten, et des repas à base de légumes et de fruits frais, peu caloriques et vitaminés, décrit le directeur de l’Impérator à Nîmes, Christophe Chal. C’est normal : lorsque l’on mobilise des budgets pour organiser le déplacement de collaborateurs, on attend un retour sur investissement. Il faut donc tout mettre en œuvre pour que l’évènement soit constructif, du début à la fin. »

Autre façon de travailler tout en restant tonique et en prenant soin de sa santé : l’activité sportive. « L’homme d’affaires de demain doit être sportif pour rester sain, car on sait désormais que le sport possède aussi de véritables vertus intellectuelles, en permettant de débrancher et de réfléchir, reprend Christophe Chal. Le sport fait donc partie intégrante de notre projet, qui comprend une salle de fitness avec des équipements high tech, mais aussi, par exemple, la possibilité de sortir effectuer des parcours dans les bois alentours, ou dans la garrigue. »

Nouveau mix

Récemment racheté par le groupe Paris Inn (au sein de sa marque Maison Albar), le palace de la capitale gardoise, dont les murs ont vu défiler Ernest Hemingway, Ava Gardner, Pablo Picasso ou Jean Cocteau, consacre déjà un quart de son activité aux séminaires d’entreprises. Mais à l’issue d’une période de 14 mois de travaux (dont le montant est estimé à près de 10 millions d’euros) débutée en juillet dernier, il espère « naturellement attirer encore davantage de public corporate, grâce à de nouveaux services – spa, piscine, fitness – pour atteindre entre 30 et 35% de chiffre d’affaires sur ce segment », précise son dirigeant.

Ouvert en grande pompe il y a trois ans et demi, le Molitor a également intégré cette orientation dès la conception du projet : digital, connectivité et modularité des espaces (jusqu’à 1200 personnes en évènementiel) et des six salles de réunion (pouvant comprendre de 2 à 50 personnes). « Au départ, avec l’effet de mode et de nouveauté, beaucoup d’entreprises sont venues y faire des lancements de produits pour découvrir les lieux, comme Mercedes ou Nike, par exemple, décrit Assia Heinold. Aujourd’hui, nous sommes davantage dans la fidélisation de cette clientèle, qui représente un quart de notre activité totale. C’est un mix équilibré avec notre clientèle de particuliers. »

Féria et street art

Pour se démarquer de la concurrence, les établissements cinq étoiles misent en priorité sur leur identité et leur qualité de service reconnue. Pour les entreprises qui font appel à eux, le luxe est d’abord une question d’image, un reflet flatteur de leur propre marque. Mais l’idéal est d’associer cet éclat à une certaine décontraction. « Les entreprises du CAC 40 envoient souvent leurs clients à Roland Garros, au grand Prix de Monaco ou à Twickenham. Mais ces types d’évènements restent assez formels, pointe Christophe Chal. Alors que les contrats se signent aujourd’hui plutôt dans des moments de joie. Ici, le charme opère d’abord grâce à la qualité de notre accueil, puis les liens se tissent plus fortement lors d’évènements particuliers, comme les soirées VIP que nous organisons pendant la feria, par exemple ! »

Davantage que le lustre de leurs murs, les établissements de luxe se distinguent ainsi par la variété et l’originalité de leur offre. « Depuis dix ans, les critères classiques – qualité de la restauration, service et accueil – évoluent peu. Mais la créativité s’invitent de plus en plus dans nos évènements, pointe Assia Heinold. Au lieu de cogiter dans une salle de réunion classique, nos groupes se retrouvent ainsi à découvrir notre collection de street art autour de la piscine d’hiver, ou à tagger avec des artistes eux-mêmes. » De quoi transformer certains anciens « séminaires-punitions » en véritable moment de plaisir.

Pierre Havez

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