Flottes auto : Quand acquérir une flotte hybride ?

Attention à ne pas perdre son chargeur !
Attention à ne pas perdre son chargeur !

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Le tour de chauffe ?

La motorisation hybride progresse toujours un peu plus dans les mœurs d’entreprise. Ces véhicules permettent d’allier la puissance de l’essence à la propreté de l’électrique. Photographie des usages.

Accenture, Boiron, ou encore le groupe Vivialys, les entreprises sont de plus en plus nombreuses à annoncer qu’elles passent leurs flottes automobiles au tout hybride, essence et électrique. Le cabinet Accenture a, par exemple, fait passer plus de 200 véhicules du diesel à l’hybride et ambitionne à terme d’y faire passer la totalité de sa flotte, soit 550 véhicules. La première raison évoquée est que ceux-ci sont plus adaptés aux trajets dans les villes et, concernant la capitale, à la future réglementation parisienne. Un argument qui fait mouche au sein des entreprises, constate Emmanuel Mouton, CEO de Synox : « Dans les villes qui ont besoin de la vignette Crit’Air, le véhicule hybride est devenu un argument important. A Paris, par exemple, mais aussi à Lyon ou encore à Nantes, il faut des véhicules propres pour pouvoir rentrer dans le cœur de ville, l’hybride permet cette homologation ». Des politiques territoriales qui incitent les entreprises à rouler plus propre. Derrière les effets d’annonce de ces grandes entreprises cependant, la tendance reste faible, même si elle augmente fortement. « Sur le troisième trimestre, les mises à la route de véhicules essence et diesel hybrides représentent 2,80% du total », nous apprend Stéphane Copie, le président de la commission des opérations du Syndicat national des loueurs de voiture en longue durée (SNLVLD). Un chiffre qui lui permet d’estimer à 15 000 le nombre de véhicules hybrides mis à la route en 2017. Un nombre qui reste à la marge mais qui monte en puissance face à la demande des entreprises. « L’engouement des entreprises est indéniable », constate Stéphane Copie.

Une fiscalité en faveur de l’hybride

Un engouement dicté d’abord par des questions d’image selon ce dernier, mais aussi et surtout favorisé par des incitations fiscales. L’achat d’un véhicule hybride implique, en effet, une fiscalité plus avantageuse. Il y a d’abord un bonus écologique pour les véhicules propres, qui peut se transformer en malus pour les voitures polluantes. Moins le véhicule émet de C02 et plus le bonus sera élevé. Dans la lignée de ce premier bonus, le gouvernement a également mis en place une taxe CO2, laquelle va venir sanctionner les émissions de CO2 des véhicules non concernés par le bonus/malus. Selon les régions de France, la carte grise peut être délivrée gratuitement pour des véhicules hybrides, et il est même possible de récupérer la TVA sur les véhicules de tourisme roulant avec certains types de carburants jugés propres, comme le superéthanol ou le GPL, chose impossible avec les carburants « traditionnels ». Enfin, la TVS, la taxe sur les véhicules de société qui se calculait auparavant sur la puissance fiscale, se calcule aujourd’hui sur le taux d’émission de C02, et exonère de son calcul tous les véhicules propres. Autant d’incitations qui compliquent le calcul pour les gestionnaires de flottes, mais qui poussent les entreprises à s’intéresser au véhicule hybride, voire 100% électrique.

Une forte demande mais à coût plus élevée

Ce contexte fiscal pousse les entreprises à montrer leur bonne volonté. « Les entreprises ne veulent plus être associées à une seule motorisation ou énergie, et insèrent des véhicules avec des motorisations alternatives », constate Stéphane Copie. Une tendance que les constructeurs ont d’ailleurs bien comprise. Là ou Toyota était prescripteur il y a une dizaine d’années lorsqu’il a lancé la Toyota Prius hybride, tous proposent aujourd’hui des modèles hybrides électriques. « Si sur les petites voitures l’offre est encore restreinte, les constructeurs ont bien compris que sur les gammes intermédiaires ou même sur du haut de gamme il faut aujourd’hui proposer une offre duale avec essence et hybride », note Stéphane Copie. Des offres également poussées par les loueurs longue durée, conscients de l’attente des clients et poussés à être créatifs dans la proposition de car policy. Un tel type de véhicule peut en revanche se révéler plus cher qu’un véhicule traditionnel notamment en raison du prix à l’achat. Il appartient donc au gestionnaire de la flotte de peser tous les paramètres afin d’estimer si les mesures fiscales réduisent le coût du véhicule au global, ou si l’intégration de véhicules hybrides plus chers reste avantageuse vis-à-vis de la note globale. Car le surcoût pourrait éventuellement se reporter sur le collaborateur comme l’explique Stéphane Copie : « Le collaborateur est aujourd’hui impacté par le TCO sur la partie qui lui revient, à savoir l’avantage en nature. Si le coût de détention pour son entreprise est important, il peut indirectement supporter une augmentation des charges de l’avantage en nature dans sa rémunération ».

D’autres énergies que l’électrique

L’arrivée de l’hybride dans les flottes d’entreprises ne se limite pas à l’électrique. De nombreuses autres énergies sont testées ou déjà mises en œuvre pour tenter de réduire la facture carbone des sociétés. « Dans le cas de véhicules utilitaires avec un besoin de transport de marchandises plus lourd, l’hybridation se fait par le gaz, explique Emmanuel Mouton, CEO de Synox. C’est une tendance qui augmente, notamment en ce qui concerne les livraisons sur le dernier kilomètre dans les villes. Les véhicules de La Poste ou de certains transporteurs vont vers ce type d’énergie car cela permet plus de puissance que l’électrique et donc une capacité de transport de masse plus grande. » Moins médiatique, la tendance n’a rien à envier à l’électrique et se situe sur des progressions similaires selon Emmanuel Mouton. Le gaz, mais aussi le bioéthanol, ou encore l’hydrogène sont des solutions envisagées pour compléter l’offre hybride. Si pour l’hydrogène, les constructeurs en sont encore au stade expérimental, la difficulté des autres énergies à se développer en véhicule léger tient surtout des conditions économiques du marché selon Stéphanie Copie : « C’est un savant mariage entre la demande de nos clients d’un côté et le futur marché d’occasion de l’autre avec lequel les loueurs longue durée doivent composer ». En effet, lorsqu’ils renouvellent leurs parcs, les loueurs doivent pouvoir revendre facilement les véhicules récupérés en entreprise et leur fournir des modèles neufs. Le président de la commission des opérations du SNLVLD continue par ailleurs de croire au diesel dans les flottes automobiles, afin de limiter les augmentations de loyer mais aussi parce que les nouveaux véhicules sont moins polluants : « Les diesels qui sont mis à la route depuis 2015 sont sur des bases EURO 6 (dernière norme antipollution, NDLR). Grâce au renouvellement fréquent de nos véhicules, toute énergie confondue, nous pouvons considérer nos parcs propres ».

Des usages qui évoluent

Les normes et les mesures fiscales auront justement poussées les entreprises et leurs collaborateurs à se montrer plus responsables vis-à-vis des enjeux écologiques. Ainsi les flottes d’entreprises voient fleurir des véhicules 100% électriques pour les petits trajets, mais aussi des scooters, des vélos ou même des trottinettes. Autant de moyens de locomotion qui favorisent le report de l’utilisation de la voiture, ou même sa non-utilisation. « Les entreprises obligent dans certains cas à prendre le train ou à faire des téléréunions », constate Stéphane Copie. Au-delà du véhicule hybride, c’est en fait un changement des usages qui s’opère, où la voiture devient de moins en moins un réflexe, ou alors un recours lorsqu’il n’y a pas d’autres moyens. Dans la lignée de plateformes collaboratives, les entreprises tentent de développer l’auto-partage, c’est-à-dire le fait de partager une voiture à plusieurs. « De plus en plus de gestionnaires de flottes regardent pour faire de l’auto-partage au sein de l’entreprise. Cela permet d’éviter d’affecter un véhicule à une seule personne qui ne roule pas ou qui ne fait que des petits trajets. Ainsi le temps d’utilisation des véhicules est optimisé et cela évite de multiplier le nombre de véhicules immobilisés », explique Emmanuel Mouton. Le covoiturage se développe également au sein de l’entreprise afin de réduire le nombre de voiture pour des trajets réguliers, fruit d’une sensibilisation écologique et RSE au sein des entreprises. Peut-on d’ailleurs imaginer un salarié qui demande spécifiquement à rouler en véhicule propre ? « On ne le voit pas au niveau du salarié, mais cela arrive sur des véhicules de cadres dirigeants qui sont sensibles à l’image et à la valeur sociale que le véhicule de fonction peut renvoyer », ajoute Emmanuel Mouton.

En parallèle, de jeunes start-up bousculent également les mœurs de la mobilité professionnelle en proposant un calcul individuel et global du TCM (Total Cost of Mobility), notion qui pourrait remplacer celle de TCO. L’avantage du TCM étant de proposer un budget mobilité au collaborateur plutôt qu’un véhicule en fonction de son métier. Certaines start-up proposent ainsi un mix mobilité qui inclut TGV et trains, mobilité électrique de centre-ville, vélos en libre service, transports en commun voire VTC. L’idée est de rentrer dans un budget annuel. L’avantage de la solution ? Utiliser le surplus de son budget en déplacements personnels.

Des capteurs pour polluer moins

Dans la lignée du véhicule hybride, se profile le véhicule autonome. Si l’offre concernant ce dernier se développe tout juste, les entreprises montrent déjà une appétence pour ce sujet, en ce qui concerne les aides diverses à la conduite et au stationnement. Car qui dit autonome dit connecté, et connecter un véhicule peut également être un moyen de réduire ses émissions de CO2. SoFleet, une des offres de la société Synox, permet justement de connecter le véhicule à une plateforme et de faire remonter ainsi les données de ce dernier. Si les utilisations dépassent le simple cadre écologique, ces capteurs permettent d’affiner la gestion énergétique du véhicule, explique Emmanuel Mouton : « Les boîtiers à l’intérieur des véhicules sont directement branchés sur les calculateurs. Ils vont donc remonter la consommation de carburant, les accélérations, les décélérations, les tours par minute, mais aussi le nombre de kilomètres faits ou le temps parcouru. Autant d’informations qui vont pouvoir déclencher des conseils sur la conduite, qui vont derrière impacter la consommation de carburant, ou encore l’usure de la voiture ». Un outil de plus pour l’entreprise pour former ses salariés à laisser une empreinte carbone toujours plus mince.

Nicolas Pagniez

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