Flottes auto : nouvelles pratiques et évolutions légales

Les loueurs accompagnent sur la gestion des contraventions, la désignation des conducteurs, l’évolution fiscale…
Les loueurs accompagnent sur la gestion des contraventions, la désignation des conducteurs, l’évolution fiscale…

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Vent nouveau (sans CO2?)

Focus sur les dernières tendances dans la gestion de flotte qui possèdent toutes le mérite de verdir les usages.

Quoi de neuf au pays des flottes ? Dans un contexte de concentration du marché des acteurs de la location de flottes automobiles, les innovations font florès : associations entre constructeurs et start-up, innovation dans le véhicule connecté, précision sur ce qui nous attend en termes de véhicule autonome. Et bien plus encore… « Les loueurs ont l’habitude d’interagir avec de nouveaux interlocuteurs et d’enrichir leur écosystème notamment pour intégrer les start-up. Coté pratiques, le développement des offres de mobilité (dont l’auto-partage) et du nombre d’acteurs de la mobilité (loueurs de courte durée, sociétés de transport, constructeurs automobiles) est également un point notable », note Fabrice Denoual, Deputy CEO d’ALD Automative et président de la commission communication au sein du SNLVLD, syndicat des loueurs longue durée (LLD).

Par ailleurs, côté LLD, les offres télématiques proposées par les acteurs du marché sont en pleine croissance. Le lancement de la LLD aux particuliers n’y est pas innocente, de même que les évolutions fiscales et règlementaires font également bouger les lignes en matière de mix énergétique dans la « car policy » des entreprises. Ce faisant, « les loueurs accompagnent activement leurs clients, sur des sujets aussi variés que la gestion des contraventions, la désignation des conducteurs, l’évolution fiscale du Bonus-Malus, les nouvelles dispositions concernant la déduction TVA essence, l’ouverture de la campagne des CQA, la gestion des immatriculations avec la fermeture des guichets en préfecture…  », précise Fabrice Denoual. De quoi rassurer les gestionnaires et les décisionnaires achats à l’heure où les enjeux de connectivité et de fiscalité font sans cesse bouger les lignes de la gestion des flottes.

L’auto-partage : séduisant mais pas si simple à implémenter

Les formes de mobilité se diversifient peu à peu en entreprise. La logique du un pour un –  à un collaborateur correspond un véhicule – devient désuète. La faute à une meilleure prise en compte de l’utilisation du parc et de sa rationalisation notamment via l’auto-partage et le covoiturage.

Des opérateurs, tels que Mobility Tech Green, constatent une baisse de 30% de la flotte en moyenne avec le déploiement d’une solution d’auto-partage. La Mairie de Paris, qui a mis en place ce dispositif en 2008, explique qu’un véhicule partagé en supprime huit en moyenne dans le parc. « Mais pour bien interpréter ces résultats il faut s’intéresser aux véhicules qui parcourent entre 5000 et 10000 kilomètres par an. Parfois un véhicule peut rester jusqu’a 90% de son temps sur un parking. Les entreprises doivent adapter leur car policy aux déplacements de leurs collaborateurs », conseille Bernard Fourniou, président de l’Observatoire du véhicule d’entreprise (OVE). Et Brigitte Cantaloube, CDO du groupe PSA, d’ajouter : « Nous avons tissé des liens étroits avec les start-up de la mobilité en nous penchant sur les plateformes collaboratives de la mobilité – comme l’auto-partage – ou les services associés à l’entretien et à la conduite d’un véhicule. Nous nous sommes ainsi rapprochés d’acteurs tels que Travel Car ou encore Auto Butler tout en lançant il y a quelques mois la marque «Free2Move» qui fédère l’ensemble des offres de services connectés et de mobilité, afin d’apporter de nouveaux services face à la montée des usages collaboratifs. »

Toutefois, « l’auto-partage se développe mais ne signifie pas obligatoirement une diminution du parc, même si pour la plupart des prestataires, il s’agit de leur argument phare. Par ailleurs un véhicule en auto-partage sera plus utilisé et sera en conséquence renouvelé plus vite. Une bonne chose pour les loueurs et les constructeurs  », nuance Bernard Fourniou.

Deuxième nuance à apporter  : l’ampleur du phénomène malgré un engouement certain des entreprises. « Si la majorité des loueurs proposent de l’auto-partage, cela demeure un petit marché malgré un intérêt vif des clients. De plus, il faut souligner que le «car sharing» est très exigeant en matière de process et de logistique. Une étude du SNLVLD montre que pour une voiture louée entre 36 et 40 mois, une opération de 58 heures est nécessaire pour mettre en place un deuxième compte sur le même véhicule… », modère Fabrice Denoual.

Les prémices d’une nouvelle offre de covoiturage en BtoB ?

L’offre de covoiturage se développe également. Sur ce sujet, start-up et grands loueurs travaillent de concert pour promouvoir de nouvelles solutions en entreprise. A l’image par exemple du récent partenariat entre WayzUp et ALD Automotive qui ont sorti en janvier leur offre de covoiturage. « Cette nouvelle offre s’inscrit dans le prolongement de notre volonté de promouvoir les nouvelles mobilités auprès de nos clients mais également auprès de notre personnel, qui adopte progressivement l’application. Le lancement d’une solution de covoiturage en partenariat avec une start-up innovante et performante, à l’image de WayzUp, est aussi l’occasion de travailler avec ces jeunes pousses du secteur pour un enrichissement mutuel », témoigne Jérôme de Retz, directeur marketing chez ALD Automotive. Une nouvelle manière de répondre aux 60000 migrations pendulaires estimées par ALD dans le cadre de ses contrats.

GoMore s’était de même alliée avec LeasePlan l’année dernière pour les ventes aux particuliers. Dans ce système, l’utilisateur devient alors locataire d’une voiture neuve dont il jouit « pendant une année ou plus » et dont il peut sous-louer l’usage aux membres de la communauté GoMore. C’est le partenaire LeasePlan qui gère le contrat d’assurance du véhicule et son entretien pendant 20000 kilomètres, ainsi que l’assistance en cas de panne. Une rémunération est versée à GoMore que LeasePlan considère tel un distributeur dans ce modèle d’affaires.

Le TCM une notion encore dure à appréhender ?

Tout le monde ne jure que par le TCO (coût total de détention du véhicule). Pourtant, avec les nouveaux modes de déplacement qui naissent en entreprise, une nouvelle notion émerge : celle de TCM, pour le coût total de mobilité.

Fabrice Denoual souligne  : « Le mode de fonctionnement des loueurs c’est de donner du conseil au entreprises. Ou en d’autres termes, quel parc s’adapte le mieux à vos usages pour assurer la mobilité professionnelle de l’entreprise. Nous intervenons dès le début de la car policy avec deux grands axes d’analyse  : la thématique de coûts via le TCO et la thématique RH via le véhicule en tant que moyen d’incentive et de signe statutaire. Le passage du TCO au TCM se réalise dans l’optimisation des usages et nous conseillons notamment les entreprises sur certains points de vigilance. » Presque tous les loueurs proposent donc des formations en éco-conduite ou des outils mobiles pour mesurer les bonnes pratiques via une application sur smartphone. Presque une obligation de moyens aujourd’hui lorsque l’on sait que les comportements des collaborateurs peuvent entraîner des surcoûts de 40% sur un véhicule en matière de TCO.

Coté mobilité, le neuf vient bien entendu également des start-up. Certaines d’entre elles, suite à un audit poussé des déplacements en entreprise, vont même jusqu’à proposer des solutions inédites. Chez Ubeeqo, l’offre se différencie en proposant un choix plutôt inédit en fonction de la mobilité des collaborateurs. Selon la car policy en vigueur dans l’entreprise, la solution Ubeequo offre de la flexibilité et peut donner le choix entre les véhicules classiquement déterminés par les directions et un autre plus petit moins coûteux tout en octroyant la différence de budget en crédit mobilité pour pallier les besoins de mobilité globale du collaborateur, qu’il s’agisse de trajets professionnels ou personnels, en train, en avion, bus, vélo…

La télématique progresse

En 2017, l’offre d’outils de télématique est désormais généralisée par les loueurs. « Le taux de pénétration est plus fort mais il existe encore des obstacles pour bien utiliser l’information. La géolocalisation demeure toujours un sujet sensible. Nos clients doivent demander l’autorisation auprès des instances de représentation du personnel. La démarche est souvent laborieuse », explique Fabrice Denoual. Mais la méfiance est toujours de rigueur comme en atteste le dernier rétropédalage d’Orange qui a du faire marche arrière sur ses boîtiers de télématique après condamnation.

Cela dit, la télématique autorise indéniablement une analyse fine de l’utilisation du véhicule. L’impact de la technique sur le TCO est manifeste d’autant plus que les données, passées au crible des différents tamis du gestionnaire de flotte, permettent d’optimiser son utilisation. « La tendance actuelle se traduit dans le passage de données calculées à partir d’algorithme vers des données réelles. Aujourd’hui de nombreuses solutions proposent des tableaux de bord estimés à partir de données géo-localisées qui sont ensuite extrapolées par un algorithme. Nous voulons aller plus loin en nous connectant directement à la boîte noire du véhicule. Nous sommes partenaires depuis trois ans avec PSA. Nous souhaitons également nous lier à d’autres constructeurs », confie Olivier Picard, directeur d’Ocean, filiale d’Orange Business Services sur la gestion de flotte. Chez PSA, les données réelles sont captées par le montage d’un boîtier et l’installation d’une puce, soit dès l’usine de montage, soit en l’ajoutant au véhicule roulant. L’avenir de la donnée réelle serait lourd de conséquences pour la totalité de l’écosystème lié au véhicule.

Fiscalité : les lignes bougent encore…

La prise en compte des changements fiscaux ressurgit directement sur la car policy. Par exemple, le fait que la TVA soit déductible sur l’essence avec des taux de déductibilité sur cinq ans alignés sur celui du diesel (planning différent pour les VU) va certainement entraîner l’achat de véhicules essence. En d’autres termes, les véhicules vont davantage être choisis en fonction de leurs usages réels et non pas seulement à l’aune de la fiscalité. En particulier pour les véhicules qui parcourent moins de 20000 km/an. Nuançons cependant cette bonne nouvelle pour les motorisations essence en soulignant que ce choix énergétique ne représente que 9% des nouvelles immatriculations en 2016. L’autre fait marquant en 2017 demeure la nouvelle grille de malus avec une baisse du seuil de déclenchement du malus à partir de 127g émis par kilomètre. Et la création de 66 tranches au lieu de 12 auparavant. Le malus varie donc de 50 à 10000 euros. Au-delà de l’avantage en nature, les loueurs préconisent par conséquent de sortir progressivement des parcs d’entreprise les véhicules sous le coup d’un malus important. Bonne nouvelle néanmoins pour les entreprises, car les constructeurs ont, semble-t-il, anticipé le législateur en fournissant pour presque chaque segment des véhicules diesel avec des taux d’émission inférieurs à 127g. Par exemple, chez Audi, la A4 1.4 TFSI 150 2017 émet 123g/km; le Renault Kadjar, Diesel Energy dCi 110 EDC ECO2 émet entre 99 et 103; le BMW X5 xDrive40e 2017 est annoncé avec un taux de 77g/km…

Geoffroy Framery

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