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Technopôles, agences de développement économique… Qui permet aux porteurs de projet de trouver des partenaires et de sortir de leur isolement ?
«J’ai une idée géniale, je suis sûr qu’elle va faire un carton. » Ces mots sont souvent la première étape vers l’entreprenariat. Ensuite… ça se complique ! Lorsqu’on se lance dans l’entrepreneuriat, les difficultés sont nombreuses, et les porteurs de projet sont bien souvent seuls pour y faire face. Pour sortir de cet isolement, de nombreuses structures existent pourtant, publiques ou privées. De grands réseaux existent pour apporter une aide efficace à la création d’entreprise, les chambres consulaires, Initiative France, le Réseau Entreprendre, les Centres européens d’entreprise et d’innovation (CEEI) et bien d’autres, comme Pôle Emploi et l’APEC. Chaque structure a ses spécificités, et intervient à différentes étapes ou sur différents aspects de la création d’une entreprise. Accompagnement financier, technique ou juridique, de l’émergence de l’idée à la mise en production, une multitude d’acteurs sont positionnés sur le secteur de l’accompagnement de porteurs de projets. Fablabs, incubateurs, accélérateurs, pépinières, ils poussent comme des champignons pour dénicher et accompagner les meilleures idées. Si certaines structures sont dédiées à une thématique ou une étape précise du cycle de création d’une entreprise, d’autres couvrent plus largement le domaine de l’innovation, et accompagnent les porteurs de projet à chaque phase de ce dernier. C’est le cas des technopôles, qui accompagnent les créateurs d’entreprise de la genèse à la formalisation du projet, dans son démarrage, son développement, puis sa croissance. Les technopôles accompagnent l’innovation au sens large. Car l’innovation ne s’arrête en effet pas à son aspect technologique. C’est le caractère innovant décelé dans une activité ou la manière de la mener, et non l’appartenance au secteur de l’innovation technologique de l’activité, qui déclenche l’accompagnement d’un technopôle.
Un outil au service du territoire
Par ailleurs, les technopôles sont avant tout des outils au service d’un territoire. Supports de la politique de développement de ce dernier à partir de l’innovation, les technopôles favorisent en effet la fertilisation croisée par l’animation et la mise en réseau des compétences, la création d’entreprises innovantes et la promotion du territoire. Les technopôles naissent à l’initiative d’acteurs locaux d’un territoire. C’est le cas de la Technopole de l’Aube en Champagne, qui a été créée pour répondre à la désindustrialisation connue par le territoire suite à la crise textile. « C’est le sénateur Philippe Adnot qui a lancé un programme dont l’objectif était de redévelopper l’enseignement supérieur et de créer un outil permettant les transferts de technologies sur le territoire », explique Jean-Michel Halm, directeur délégué de la Technopole de l’Aube en Champagne, en charge de l’accompagnement. Depuis 1998, la structure se charge d’animer ce dispositif en accueillant les porteurs de projets innovants. « L’objectif principal d’un technopôle est de travailler sur le développement de son territoire en accompagnant les entreprises dans toutes les étapes de leur vie. Un technopôle intègre forcément plusieurs métiers. »
Parmi les structures au service d’un territoire, les agences de développement économique sont également un acteur important. Ces agences aident les entreprises à s’implanter sur un territoire en répondant à l’ensemble des interrogations des entrepreneurs, de la disponibilité des locaux aux compétences nécessaires en passant par l’organisation de formations ou la mise en relation avec des réseaux professionnels. VIPE Vannes est une structure qui comprend une agence de développement économique, et qui compte bien développer cette activité, notamment grâce à la mise en ligne récente du site internet YesWeVannes. « Nous avions besoin d’une interface numérique pour faire la promotion de cette activité », précise Xavier Colas, directeur général de VIPE Vannes. « Je pense que c’est assez rare pour une ville de taille moyenne comme la nôtre, mais c’est un outil indispensable pour jouer notre rôle d’interlocuteur unique et d’accompagnateur des entreprises qui souhaitent s’installer sur le territoire. » Les structures d’accompagnement peuvent en effet difficilement, aujourd’hui, éviter de se doter d’outils numériques. Mais pour améliorer encore leurs services, elles jouent également en équipe. En Bretagne, sept technopôles, dont VIPE Vannes, se sont ainsi rassemblés pour créer la fédération 7 TB, qui pilote les dispositifs d’incubation comme le financement de projets innovants avec Bpifrance et le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. « Ce maillage territorial nous permet d’avoir un technopôle de référence pour toutes les demandes qui nous parviennent », ajoute Xavier Colas. Au niveau national, les agences et autres technopôles sont également structurés en réseau au sein du RETIS, le réseau français de l’innovation, qui anime et mobilise l’ensemble de ses membres au profit du développement de l’innovation et de l’accompagnement de projets innovants sur le territoire français.
S’adapter à l’entrepreneur
Si l’ensemble des structures dédiées à l’accompagnement de projets portent attention à toutes les demandes qu’elles reçoivent, les technopôles ont la particularité de recevoir tous les porteurs de projet qui les sollicitent. À la différence d’autres organismes, les technopôles n’ont en effet pas de prérequis pour recevoir un entrepreneur. Qu’ils aient un business plan ou non, une idée de la structure juridique de leur entreprise ou des partenaires à solliciter, les porteurs de projet trouveront une oreille attentive au sein d’un technopôle. « La considération du porteur de projet est un élément primordial, estime Jean-Michel Halm. Personne ne peut juger d’un projet sur le papier, les professionnels des métiers de l’accompagnement doivent avoir cette considération pour le porteur de projet. Un projet qui n’est pas totalement abouti, mais qui est porté par un entrepreneur dynamique et motivé, ça marche. » S’adapter à chaque porteur de projet semble donc être le secret de la réussite d’un bon accompagnement. « Le processus de l’entrepreneuriat n’est pas une machine, ajoute Jean-Michel Halm. Il faut avoir une certaine agilité pour nous adapter à chaque projet, au porteur de projet et à la maturité du projet. Tous les projets ne sont pas voués à la même réussite. » Il cite ainsi plusieurs projets qui ont connu le succès, chacun à son échelle : « Nous avons accompagné une entreprise qui est devenue une licorne et qui a été revendue ensuite plus d’un milliard d’euros. Mais ce n’est qu’une forme de réussite. Nous avons également une PME qui est devenue leader de son domaine. » Dans les deux cas, les besoins d’accompagnement ne sont pas les mêmes et cette adaptabilité demande une ingénierie de tous niveaux pour la structure accompagnatrice.
Et pour s’adapter aux spécificités des projets et de leurs porteurs, il faut aussi connaître les besoins des nouveaux entrepreneurs, qui ne sont plus les mêmes qu’il y a dix ans. Ces nouveaux entrepreneurs arrivent avec une approche et un comportement différents en ce qui concerne le travail et leur mode de vie. « Ils sont animés par une vraie envie et une passion lorsqu’ils viennent nous voir, et nos outils doivent changer de forme pour s’adapter à leurs besoins, avec des lieux de vie plus forts, des espaces collaboratifs, des événements collectifs, etc., note Jean-Michel Halm. Nos structures doivent opérer ce virage pour accompagner cette nouvelle génération, qui remet en cause de nombreux éléments. Aujourd’hui, ils n’ont pas les mêmes combats à mener pour réussir leurs projets. »
Un mot-clé : le réseau
Les entrepreneurs se trouvent en effet aujourd’hui face à des problématiques différentes de celles de leurs homologues qui sont passés par les mêmes étapes quelques années auparavant. Le volet financier reste un élément capital, mais les acteurs qui proposent un accompagnement financier sont nombreux, et une vraie ingénierie a été développée pour accéder à ces outils. Selon la plupart des acteurs de l’accompagnement, un bon projet trouve toujours son financement. Alors, où est la difficulté aujourd’hui ? Peut-être dans la multiplication des acteurs, justement, et des réseaux qui entourent le porteur de projet, et qui, paradoxalement, peuvent l’isoler encore plus, faute de savoir à quelle porte frapper. Sur ce point, les technopôles ont également une carte importante à jouer. « Nous nous présentons comme un guichet unique qui a pour objectif de faire la synthèse des partenaires qui pourraient intéresser un entrepreneur, indique Xavier Colas. Nous avons par exemple créé une pépinière qui accueille des structures d’accompagnement spécialisées dans certaines thématiques : BGE, Initiative Vannes, Entreprendre au Féminin, etc. Nous pouvons répondre aux questions des entrepreneurs grâce à un réseau d’experts sur les questions juridiques, marketing, et nous travaillons avec les pôles de compétitivité de notre territoire. » A travers son agence de développement économique, VIPE Vannes joue également le rôle de facilitateur des réseaux économiques, en rassemblant chaque année les 44 réseaux du territoire sur un événement.
Et les technopôles ne se contentent pas de donner aux porteurs de projets accès aux réseaux de leur territoire, ils les font vivre aussi. Lorsqu’il est accompagné par un technopôle, l’entrepreneur est immédiatement en contact avec un réseau, mais celui-ci doit lui être utile. « Les membres du réseau doivent prendre plaisir à s’y impliquer, à venir écouter, échanger et aider, estime Jean-Michel Halm. Le technopôle doit créer de la proximité et un certain affect dans ses réseaux, car tous les acteurs qui sont parties prenantes de cet écosystème doivent s’y sentir chez eux. Nous devons créer un véritable univers. » Un univers qui pourra répondre à toutes les interrogations et inquiétudes des porteurs de projet, tout en rompant l’isolement bien souvent connu par les entrepreneurs.
Quelques structures pour chaque étape de la vie d’une entreprise
☞ Les fablabs, très en amont pour faire émerger l’idée ;
☞ Les incubateurs pour aller de l’idée au projet ;
☞ Les pépinières, de la mise sur le marché aux premiers résultats ;
☞ Les accélérateurs pour démultiplier le modèle
Le RETIS, réseau français des experts de l’innovation au service des entreprises et des territoires, en chiffres :
80 membres
44 technopôles, 27 CEEI, 16 incubateurs publics
800 professionnels
10000 entreprises innovantes accompagnées chaque année
Emilie Massard