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Un stade de 46 000 places perché au sommet d’une tour de 350 mètres de haut ? Plus que de la science-fiction, l’Arabie Saoudite veut le rendre réalité. Si les images qui circulent sont générées par IA, créées par un internaute, et ne représentent pas fidèlement le projet, c’est pourtant bel est bien un objectif de développement, qui illustre bien les ambitions de l’Arabie Saoudite.
Et ce stade futuriste, dans une ville qui s’apprête à sortir de nulle part, devrait être fonctionnel en 2032. C’est le projet Neom qui vise à créer un « laboratoire vivant, un accélérateur du progrès humain » destiné aux « personnes qui rêvent grand », d’après le site Saudi 2034. Ambitions démesurées ou capacité à voir grand ? Quoiqu’il en soit, ces projets font davantage office de démonstration de leur soft power que de réelles volontés purement sportives.
📢🇸🇦 𝘽𝙍𝙀𝘼𝙆𝙄𝙉𝙂: Saudi Arabia’s NEOM 🇸🇦
🏟️ **World’s First “Sky Stadium” – NEOM Stadium** ☁️
🪶 Suspended **350 meters (1,150 ft)** above ground!
👥 **46,000 seats** with breathtaking views
⚡ 100% **Renewable Energy powered** 🌞💨
🗓️ Opening: **2032**
⚽ Will… pic.twitter.com/fqaqZW90d2— Artology (@ArtologyOffice) October 19, 2025
Des investissements massifs
C’est avant tout dans le football que l’Arabie Saoudite a décidé de miser. Après la Coupe du monde au Qatar en 2022, ce sont les Saoudiens qui s’apprêtent à organiser et à accueillir la Coupe du monde de football 2034. Avant ça, le pays organise également la coupe d’Asie des nations de football pour 2027. Mais l’Arabie Saoudite ne s’arrête pas qu’à ces compétitions majeures. Le pays est connu pour avoir massivement investi dans le football à travers le rachat de clubs et joueurs. Il a racheté le club de Premier League anglais Newcastle United en 2021 – pour 350 millions d’euros – et recruté des joueurs parfois à la stature imposante dans le milieu, par exemple avec Cristiano Ronaldo (Al-Nassr), ou les Français Karim Benzema et N’Golo Kanté (Al-Ittihad).
Mais l’Arabie Saoudite est loin de s’arrêter au football ! Au tennis, le pays vient d’obtenir une licence pour organiser un tournoi ATP Masters 1000 dès 2028 – malgré un calendrier déjà surchargé et lourdement critiqué. Et fin octobre 2025, c’est Arthur Fils, le jeune talent français, qui a annoncé devenir ambassadeur du Fonds public d’investissement saoudien (PIF). Il n’est toutefois pas le premier, et ajoute son nom à la liste derrière Rafael Nadal, Matteo Berrettini et Paula Badosa. Le pays s’illustre aussi en golf, avec un nouveau circuit depuis 2021, en équitation, avec la Saudi Cup, des courses hippiques avec un gain de 20 millions de dollars, et en Formule 1 – qu’elle a voulu acheter en 2023 pour 20 milliards de dollars, et depuis envisage de racheter une écurie ou d’en créer une – avec un Grand Prix à Jeddah depuis 2021.
Sport washing ou soft power ?
L’Arabie Saoudite ne s’en cache plus, et le sport fait office de soft power. Cette capacité à influencer sans contrainte est aujourd’hui indispensable. Le Qatar a déployé des intentions similaires en 2022, avec la Coupe du monde de football, malgré de nombreuses polémiques. Mais plutôt qu’un soft power, l’Arabie Saoudite peut aussi être questionnée sous le terme de « sport washing », un procédé qui permet à une nation de voir sa réputation améliorée à travers le développement du sport. L’exemple le plus connu est probablement celui de l’Allemagne nazie qui accueillait les Jeux olympiques de Berlin en 1936. Et aujourd’hui, dans d’autres proportions, l’Arabie Saoudite utilise le sport pour rétablir son image. En 2024, l’ONG Human Rights Watch soulignait les meurtres de centaines de migrants et demandeurs d’asile éthiopiens entre mars 2022 et juin 2023. Le rapport mentionne également les arrestations d’intellectuels, de militants condamnés à de la prison ou à la peine de mort, parfois pour des publications sur les réseaux sociaux. En matière de droits des femmes et de politique climatique, le pays a aussi des soucis à se faire. Le PIF est également accusé de violations des droits humains, et ces affaires sont directement liées à Mohammed Ben Salmane, le prince héritier, au pouvoir depuis 2015.
L’objectif est alors de faire oublier cette image à travers des financements d’institutions, en attirant des personnalités publiques ou des événements, notamment dans le domaine sportif. Les enjeux sont aussi de permettre aux athlètes saoudiens d’obtenir plus d’opportunités dans les ligues étrangères. Ces multiples projets encouragent à faire plus de sport, afin de remédier à cette population élevée touchée par l’obésité, le diabète et les maladies cardiaques. Mais aujourd’hui, ce soft power saoudien doit-il être remis en question ? Le pays a récemment décidé de se tourner vers les jeux vidéo, avec le rachat d’Electronic Arts, dont le fonds souverain PIF est un investisseur majeur. Pourtant, l’Arabie Saoudite connaît quelques difficultés. Techniques d’abord, alors que le pays devait organiser les Jeux asiatiques d’hiver de 2029 à Neom, mais rien n’est plus très sûr en raison de retards techniques importants. Réglementaires ensuite, puisqu’il devait également organiser la première compétition d’e-sport du pays, à l’origine prévue en 2025, puis repoussée en 2027, et finalement complètement annulée. Si l’instance olympique n’a donné aucune raison précise de cette annulation, cette déconvenue illustre que le chemin reste long pour l’Arabie Saoudite, dans sa stratégie de soft power par le sport.



































