Temps de lecture estimé : 2 minutes
« L’Espérance est un risque à courir » – Georges Bernanos
Le 18 septembre dernier, le pianiste et homme d’affaires libanais Omar Harfouch donnait en grande pompe son « Concerto pour la Paix » au Théâtre des Champs-Élysées.
Il y avait littéralement le ban et l’arrière-ban à la « world premiere » du « Concerto pour la Paix » d’Omar Harfouch. L’homme avait entièrement privatisé les 1 200 places du Théâtre des Champs-Élysées afin d’y délivrer son message fraternel devant un parterre choisi par ses soins, avec une rare minutie.
La grande soirée de la rentrée parisienne
Loin de l’entre-soi, les mondes et les horizons s’y confondaient, de Catherine Deneuve à la petite vedette de téléréalité en passant par les rabbins, les imams, les sénatrices, les diplomates et les businessmans. Un vrai éclectisme qui rappelait le joyeux mélange des années Palace ! Le président Macron, évidemment invité, hésita jusqu’à la fin d’après-midi avant de renoncer finalement, via une lettre de son chef de cabinet. Devait en subsister une présence policière très importante.
Au titre des personnalités, une ribambelle longue comme le bras : Stéphane Bern, Vladimir Cosma, Nicoletta, Teddy Riner, Marc Lavoine et Adriana Karambeu, Laetitia Casta, Marie-José Pérec, Jenifer, Slimane, Vitaa, Amel Bent, Bruno Solo, Anne Roumanoff, Sarah Saldmann, Clara Morgane, Benjamin Castaldi… Nous en oublions beaucoup. Assez amusant de voir qu’en 2024, les vraies étoiles évitent le tapis rouge, discrètes et sages, là où les petites starlettes s’attardent et s’exposent… Au risque d’arriver en retard ! Nous ne dirons pas qui est qui.
Sa fantaisie orientale nous emporte
Par-delà l’écume des mondanités, ces 1 200 invités étaient réunis dans la plus belle salle musicale de Paris – splendeur de l’Art Déco – pour entendre une œuvre jouée pour la première fois. Un « Concerto pour la Paix » donné par Omar Harfouch et l’orchestre de Béziers Méditerranée, partenaire de choix. La violoniste Anne Gravoin couronnait le tout. Très joli moment, souvent plein d’émotion, toujours audacieux, comme une fantaisie orientale. Un morceau particulier, « Tripoli », rendait hommage au Liban martyr.
Omar Harfouch, impeccable avec ses grandes lunettes noires mystérieuses, ressemblait un peu à Ray Charles… Il était émouvant de voir dans la salle l’émotion de son épouse ukrainienne, Yulia, et de leur jeune fille, si fière. Le final, grandiloquent et assumé comme tel, fut assuré par l’entrée d’une vingtaine de choristes qui entonnèrent depuis la salle un chant pour la paix, au cœur d’une « standing ovation. »
Il est vrai qu’Omar Harfouch venait de réussir ce soir là un tour de force inédit. Quel cran d’oser réunir, à l’heure des confrontations identitaires, un parterre aussi bigarré. Riche d’une fortune que l’on tient pour colossale, le milliardaire libanais avait fait placarder son image partout dans Paris, de kiosques en colonnes Morris, s’offrant de grandes publicités dans Paris Match ou le JDD. De quoi intriguer…
« Celui qui sauve une vie, il sauve toute l’humanité »
Qui se cache donc derrière ces lunettes noires ? Omar Harfouch, enfant de Tripoli, fut repéré par l’ambassade soviétique au Liban et entreprit des études de piano à Moscou. Finalement, c’est dans l’Ukraine nouvellement indépendante qu’il s’installe à l’orée des années 90 pour y faire des affaires. « Je me souviens. Lorsque je parlais de la guerre à mes amis ukrainiens, ils ne me croyaient pas. Aujourd’hui, par malheur, la guerre est arrivée chez eux », rappela-t-il à l’occasion d’un interlude, prenant la salle à témoin.
Omar Harfouch termine en citant ce passage que l’on retrouve aussi bien dans la Torah, la Bible ou le Coran : « Celui qui sauve une vie, il sauve toute l’humanité. » Et de conclure sous les vivats : « Est-ce un monde de conflits que nous souhaitons laisser à nos enfants et petits-enfants ? Je fais appel à tous les décideurs, quelle que soit leur appartenance politique ou obédience religieuse, pour trouver ensemble le chemin de la Paix. » Omar Harfouch compte prendre son bâton de pèlerin afin de défendre son message partout où l’on voudra bien l’entendre.
Son « Concerto pour la Paix » sera bientôt donné à Genève, au siège de l’ONU. Les cyniques diront sans doute que tout cela n’est qu’idéalisme et rêveries… Citons Brel pour les contredire enfin : « Quand on n’a que l’amour / Pour parler aux canons / Et rien qu’une chanson / Pour convaincre un tambour / Alors sans avoir rien / Que la force d’aimer / Nous aurons dans nos mains / Amis, le monde entier. »