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Le déficit public continue de déraper. Des conséquences économiques et désormais politiques sont à craindre pour le gouvernement.
Le gouvernement Attal sera-t-il le premier de l’Histoire de la République à tomber pour déficits excessifs ? Les LR se tiennent prêts.
Il y a un moment où les choses vous échappent. Où la situation, très précaire, finit par déraper. Le gouvernement de la France en est peut-être arrivé là. Et peu importe la décision de Standard & Poor’s. Cela ne change rien à cet état de fait : la France dépense trop. Vraiment trop. Comme l’écrit très justement Bertille Bayart dans Le Figaro, elle n’arrive pas à trouver « la marche arrière ». Le dernier exercice budgétaire dans le vert remonte à 1974.
Pire, la vitesse à laquelle notre endettement public augmente va crescendo. 900 milliards de plus depuis 2017. Un déficit à 5,5 % du PIB en 2023, loin des 4,9 % prévus par le gouvernement (objectif déjà très dégradé et même franchement honteux). Sans compter le déficit de l’Assurance maladie, qui sera certainement supérieur de 6 milliards d’euros par rapport aux prévisions (16,6 milliards contre 10,5 attendus).
« La France n’a pas un problème de dépenses excessives, mais de moindres recettes » – Emmanuel Macron
Bruno Le Maire s’exprime souvent. Indique à qui mieux-mieux que la France « est à l’euro près ». Thomas Cazenave, le ministre du Budget, indique que des économies vont être faites en 2024, de l’ordre de vingt milliards d’euros. Un « frein d’urgence » jusqu’alors inconnu est actionné. La réforme de l’assurance chômage va suivre. Des déclarations qui visent surtout à rassurer les marchés. C’est promis, on va faire quelque chose. Après, plus tard, pas tout de suite. Mais encore un peu de patience, Monsieur le bourreau… Pour l’heure, l’État en reste au traitement homéopathique, loin du remède de cheval qui sera sans doute nécessaire pour sortir la France de l’ornière. Le remboursement de la dette deviendra très probablement le premier poste de dépense d’ici à 2027, devançant l’Éducation nationale.
L’inquiétant, c’est qu’Emmanuel Macron relativise la gravité du sujet : « La France n’a pas un problème de dépenses excessives, mais de moindres recettes », déclarait-il voilà quelques semaines, dans l’enceinte du Conseil des ministres. Rien d’étonnant de la part d’un leader politique capable d’asséner très sérieusement la phrase suivante : « Ce n’est pas un échec. Cela n’a pas marché ».
Bruno Le Maire tancé par le Sénat
Puisque le gouvernement ne veut pas inverser la tendance pour des raisons économiques, il sera peut-être contraint de le faire pour des raisons politiques. Les LR menacent de censurer le gouvernement à l’automne, si le budget ne prévoit pas suffisamment de garanties. Gérard Larcher s’échauffe en coulisses pour Matignon. Jamais les circonstances économiques et politiques n’ont été à ce point liées depuis le début de la Cinquième République.
Déjà, les choses se crispent. En fin de semaine dernière au Sénat, Bruno Le Maire fut contraint de répondre devant une commission d’enquête dédiée. La question était pénible : a-t-il menti en dévoilant des prédictions « insincères », selon le terme consacré ? « J’ai toujours fait preuve, depuis sept ans que je suis ministre de l’Économie et des Finances, de sincérité, d’honnêteté et de sens de la vérité », s’est défendu l’homme de Bercy. « Toutes les accusations (…) comme quoi j’aurais délibérément dissimulé au Parlement des informations qui étaient à ma disposition sont graves, infondées ».
« Avec ce gouvernement, on est entre l’inconscience et l’irresponsabilité »
Il poursuit : « Les prévisions de déficit ne sont pas une science exacte. » Seule entorse à une confiance en lui-même visiblement inébranlable, les recettes de l’impôt sur les sociétés, effectivement bien moins importantes que prévu. « J’ai saisi l’ensemble des administrations concernées dans mon ministère à ce sujet. Une erreur pareille ne peut pas se reproduire deux fois ». En effet, contrairement à la plupart des prélèvements, l’IS fonctionne avec des versements trimestriels, qui rendent les prévisions plus hasardeuses.
« C’est quand même le politique qui décide. Les administrations font remonter des éléments, il y a une appréciation, c’est votre rôle, sur la façon d’utiliser cette information », a rappelé Claude Raynal, président socialiste de la commission des Finances du Sénat. Le natif de Toulouse s’est ému pour finir des propos « extrêmement péremptoires » du ministre. Bruno Le Maire a promis plus de « transparence » pour l’avenir. Rappelons que si l’état exact des finances publiques est porté à notre connaissance, c’est grâce au travail du rapporteur général du budget au Sénat, Jean-François Husson. L’élu de la Meurthe-et-Moselle avait rendu une « visite surprise » à Bercy, le 21 mars dernier, conformément à ses prérogatives. Ce LR est catégorique. Dans L’Opinion, il déclare : « Avec ce gouvernement, on est entre l’inconscience et l’irresponsabilité ».