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Portrait politique et personnel du deuxième personnage de l’État.
Avec son style patelin et débonnaire, le président du Sénat incarne une autorité rassurante au service des régions. S’il forme une alliance inattendue avec son homologue de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, ses relations avec Emmanuel Macron sont bien plus froides.
De Rambouillet, la presse retient souvent l’image d’une cité où il fait bon vivre. Véritable havre de paix, cette ville située au sud des Yvelines jouit d’une situation privilégiée, entourée par sa forêt protectrice. Il y a bien entendu le château, classé résidence présidentielle. Et puis les longues parties de chasse… Gérard Larcher, qui fut maire de la ville pendant 26 ans, est un habitué, un passionné de l’exercice. Même s’il aime aussi la pêche, qu’il pratique chaque été à l’île de Batz.
Un homme de bon sens
Voilà son fief. Oui, il fait encore de la politique à l’ancienne, comme jadis, et aurait volontiers cumulé sa fonction de président du Sénat avec celle de maire. Du moins si la loi le lui permettait encore… Un pied à Paris et l’autre dans le « monde rural » comme on dit pompeusement (toujours mieux que « territoires » – ce mot qu’il déteste). Un tel chiraquien n’a aucun mal avec le fait de « tâter le cul des vaches »… Rien d’étonnant, puisqu’il est vétérinaire de profession !
En juillet 2008, il accédait au plateau. C’est ainsi que l’on dénomme la position de président du Sénat, en écho au perchoir de l’Assemblée nationale. Cet élu local d’importance, qui fut deux ans ministre de l’Emploi, l’emportait donc sur son ancien Premier ministre, le médiatique Jean-Pierre Raffarin. Après un premier mandat sous la présidence Sarkozy, le Sénat passe à gauche (une première). Gérard Larcher doit céder le plateau au socialiste Jean-Pierre Bel. Il le récupèrera en 2018 ; pour ne plus le lâcher.
Le Sénat est un lanceur d’alerte
Président du Sénat. Voilà une charge puissante, pour tout dire fondamentale, puisqu’elle est celle du deuxième personnage de l’État. Avec en prime l’immense responsabilité de succéder, le cas échéant, au président de la République, s’il devait arriver malheur.
Le Sénat. Lieu des fantasmes et des agacements faciles. De nombreux citoyens, trop peu informés, réclament à corps et à cris la suppression de cette institution pourtant fondamentale à la République. Au Palais Bourbon, on fait la loi. Au Palais du Luxembourg, on l’améliore. Les sénateurs, souvent dotés d’un tempérament plus libre que les députés, sont moins tenus par leurs partis et par la dictature de l’opinion.
Ces hommes et femmes de caractère ne se laissent pas mener si facilement à la baguette. De surcroît, il est de bon ton au Sénat de ne pas hurler, de ne pas se laisser aller à trop de propos d’estrades. Bref, il convient de préférer à la forme le fond, à la dispute le dialogue. Le Sénat est un véritable lanceur d’alerte. Ce sont les élus de la Chambre haute qui alertèrent les premiers, en 2018, d’une colère montante : celle des Gilets jaunes.
Militant acharné du dialogue républicain
Il revient ainsi à Gérard Larcher de présider la vénérable assemblée des 348. Toujours avec un ton docte, patelin, celui du pater familias. De lui, les Français connaissent son esprit de rassemblement, ses racines gaullistes, son amour pour les terroirs. Et puis aussi, un certain côté bon-vivant, ne rechignant jamais à faire ripaille… Sa passion pour le ris de veau est célèbre et célébrée !
De confession protestante, Gérard Larcher est proche des milieux humanistes, héritier de la pensée des Lumières. Animé par cet esprit, il reçoit dans sa résidence du Petit Luxembourg tous ceux qui incarnent le débat français, soucieux de mieux connaître la société dans laquelle il évolue. Bien que fidèle aux Républicains (tendance filloniste) ; il ménage ses relations avec le gouvernement.

Les deux présidents… et la présidente
Ses relations avec Emmanuel Macron sont un peu particulières. Ils sont tous deux partisans de l’esprit de modération et du dépassement des clivages, assez habitués l’un comme l’autre à la langue de bois. Mais Emmanuel Macron n’aime guère les corps intermédiaires et reste très jaloux de ses prérogatives… Ainsi, après les dernières législatives, Gérard Larcher lui a tiré les oreilles, en réclamant « un changement profond d’attitude ».
Le garnement présidentiel ne veut rien entendre, décidé désormais à faire passer sa réforme constitutionnelle. Emmanuel Macron rêve de diminuer le nombre de parlementaires, de remembrer les régions, de favoriser la création de grandes communes… Autant écrire que tout cela ne plaît pas, mais alors pas du tout, à Gérard Larcher.
Le 27 février dernier, Emmanuel Macron s’est peut-être agacé en lisant Le Figaro. Le journal y révélait la complicité qui unit Gérard Larcher à son homologue de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet. Entre l’élu de toujours et la marcheuse entrée en politique sur un coup de tête ; c’est la lune de miel. Ils se sont unis pour défendre les droits du parlement face à l’exécutif. « On a la même envie de liberté », clame Gérard Larcher. L’une prépare clairement 2027. Lui, sans doute beaucoup moins. Encore que, allez savoir…
Les Indiscrets d’ERB…
Municipales à Paris : Mariani candidat • Thierry Mariani pour Paris ? L’eurodéputé RN, qui fut candidat aux dernières régionales dans la Région Sud, regagne la capitale. Ce proche de Marine Le Pen doit réformer la section parisienne du parti à la flamme. Objectif : préparer les municipales de 2026. Il compte tenter sa chance, en opposition totale à Anne Hidalgo. Une candidature de combat dans une ville où Marine Le Pen n’a fait que 5,39 % des voix au premier tour de la présidentielle.