Microsoft à la conquête de l’Europe

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Le géant de l’informatique et de l’intelligence artificielle multiplie les annonces d’investissement en Europe. Cette fois-ci, Microsoft jette son dévolu sur la Suède.

Après la France et l’Allemagne, l’entreprise cofondée par Bill Gates annonce qu’elle compte investir 3 milliards d’euros en Suède d’ici à deux ans. L’idée vise à faire de cette terre scandinave une place forte de l’IA en Europe.

Il y a 40 ans, Microsoft arrivait en Suède. Terrain sur lequel l’entreprise est parvenue à se faire une place de plus en plus importante. Et ce, jusqu’à cette fameuse nouvelle annonce. Au total, le géant américain ambitionne maintenant de former 250 000 Suédois pour « accroître les connaissances et compétences » du pays en matière d’IA.

Microsoft compte aussi fournir 20 000 processeurs graphiques avancés cruciaux et améliorer la capacité de trois centres de données déjà implantés. En bref,  « cet investissement doit permettre à la Suède de rester à la pointe de la compétitivité mondiale », dixit Brad Smith, le président de Microsoft.

Déjà des plans d’ampleur en France, en Allemagne et au-delà

L’homme d’affaires avait pourtant affirmé que l’on devrait trouver « une solution pour ralentir l’IA ». Une déclaration en décalage avec la stratégie adoptée par son groupe, lequel multiplie les plans d’investissements massifs dans cet outil informatique. À l’occasion du sommet Choose France 2024 par exemple, ce même Brad Smith promettait d’injecter 4 milliards de dollars en France pour l’IA et l’accélération de start-up.

Même son de cloche en Allemagne, où le géant américain prévoit, cette fois-ci, d’investir 3,2 milliards d’euros d’ici à 2026. Là-bas, l’objectif est de doubler la capacité des centres de calculs germaniques dans l’un des plus grands hubs Internet du monde : le DE-CIX de Francfort.

Hors du Vieux Continent, Microsoft consolide aussi sa présence en Asie. L’entreprise prévoit d’ailleurs de débourser 1,6 milliard d’euros en Indonésie ou encore 3 milliards d’euros au Japon. Sans oublier le plan malaisien, à hauteur de 2,05 milliards d’euros et qui vise à former 200 000 locaux aux métiers de l’IA.

Des investissements bien accueillis

Microsoft – qui n’a pas son pareil en matière d’IA en Europe – contribue ainsi à partager l’effet catalyseur de l’intelligence artificielle partout dans le monde. Ulf Kristersson, le Premier ministre suédois en a d’ailleurs conscience. Lors d’une conférence de presse organisée pour réagir à cette annonce d’investissement à hauteur de 3 milliards d’euros, le dirigeant se félicite : « Cet énorme investissement en Suède pourrait ouvrir la voie à d’autres investissements ».

Avant lui, Emmanuel Macron tenait sensiblement la même position alors que Brad Smith lui promettait une rondelette somme en mai dernier : « Vos 4 milliards d’euros comptent beaucoup […] C’est un investissement massif pour l’économie française ».

Petit aveu de faiblesse ?

Bien que ces annonces soient incontestablement de bonnes nouvelles, beaucoup d’Européens s’interrogent. Est-on en train de rater le virage de l’intelligence artificielle ? Est-on en train d’ouvrir la porte à des entreprises étrangères sans chercher d’alternatives souveraines ?

En réponse, le 21 mai les États membres ont adopté un règlement pour « favoriser l’innovation » de l’IA en Europe. L’idée vise (entre autres) à créer un marché unique des données, mais aussi des « bacs à sable règlementaires ». En bref, des dispositifs qui permettent aux entreprises de tester ponctuellement leurs technologies sans avoir à respecter l’intégralité de la législation en vigueur.

L’UE compte aussi « augmenter progressivement les investissements publics et privés dans l’IA pour atteindre un total de 20 milliards d’euros par an ». Cela viserait à bâtir et entretenir des infrastructures de collecte et de traitement des data et à former les Européens sur ces questions.

À terme, des champions européens de l’intelligence artificielle devraient émerger et la dépendance aux entreprises chinoises et américaines devrait s’estomper. Une bonne chose en ces temps largement protectionnistes.

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