Le sursaut chinois : info ou intox ?  

Chinois
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Une croissance atone en 2023, de l’endettement, des acteurs majeurs de l’économie qui s’effondrent. Oui, la Chine est dans le dur. Mais hier, les principaux économistes chinois ont réitéré leur confiance dans la politique du Parti communiste. La relance est-elle alors en cours, ou est-ce de l’intox ?

« L’arbre tordu vivra sa vie, l’arbre droit finit en planche », dit un proverbe chinois qui s’applique particulièrement bien à la situation actuelle. Après des années de croissance en constante ligne droite, voilà que le chemin semble plus sinueux pour les Chinois. Ils ont toutefois décidé de ne pas perdre espoir.  

La Chine sort d’un exercice compliquéEn 2023, la croissance à 5,2 % est calculée par rapport à 2022, une année déjà noire. En bref, si le chiffre paraît élevé, et même « au-dessus » des prévisions, il en reste en fait assez peu encourageant.

Et sur les trois premiers mois de 2024, la Chine poursuit dans cette mollesse économique à laquelle elle n’était pas habituée jusqu’alors. Son indice CSI, qui regroupe les 300 plus grandes capitalisations boursières du pays, demeure morne. Depuis le début de l’année, il grimpe à +4,86 %, quand les autres indices mondiaux font beaucoup mieux. À titre de comparaison, au Japon, le Nikkei poursuit son excellente progression avec 20,44 % depuis le 1er janvier.

Un (petit) aveu de faiblesse

Alors, dans les hautes sphères, on tente de rassurer. « Les conditions favorables au développement économique de la Chine l’emportent sur les facteurs défavorables », exprime Zheng Shanjie, le planificateur en chef de l’économie chinoise. Devant les milliers de députés réunis à Pékin pour l’occasion, le président de la Commission nationale du développement et de la réforme (NDRC), M. Zheng, complète : « La tendance à la reprise économique sera consolidée et renforcée ».

Langue de bois ou véritables convictions ? Pour certains experts, la première option semble plus envisageable. En analysant l’allocution de Li Qiang, le Premier ministre chinois, quelque chose frappe les plus observateurs : le mot croissance n’a été prononcé que 20 fois, c’est moins que le mot sécurité, prononcé 28 fois par exemple. La Chine semble donc revoir ses priorités et avoue à demi-mot ses faiblesses.

D’ailleurs, aucun plan de relance économique n’a été communiqué. Seul un objectif de croissance à hauteur « d’environ 5 % » est fixé pour l’année en cours. S’il est atteint, ce serait l’un des taux plus bas pour la Chine depuis les années 1990 (avec celui de 2023). Pourtant, au vu de la dynamique actuelle Li Qiang concède même que cet objectif sera « difficile à atteindre ».

Des objectifs qui déçoivent

Pour le reste des objectifs, Li Qiang n’a pas fait dans la fantaisie : la Chine veut aller vers les 3 % d’inflation et les 5,5 % de chômage urbain. Pas de quoi relancer l’enthousiasme… Pire encore, la décision de maintenir le déficit public à 3 % du PIB a plombé le moral des investisseurs.

Au lendemain de l’allocution du Premier ministre, les deux places boursières principales ont fait grise mine. Et depuis, l’indice HSI, qui regroupe les plus grandes capitalisations d’Hongkong, demeure sur une légère hausse de 1,70 %. Quant à l’indice Shanghai composite, il perdait 0,26 % à la mi-journée hier.

En bref, la Chine subit sa situation et connaît l’impasse. Les récentes prises de positions pour statuer que la confiance règne semblent plus de nature à être des éléments de langage que de véritables convictions. Et dans le reste du monde, les grands groupes commencent à voir les risques de s’exposer au marché chinois. Le luxe, les entreprises technologiques et automobiles… Toutes suivent de près la situation et ne semblent pas convaincues par les mots rassurants des économistes locaux.

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