Chine

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En mai, la Chine accusait 7,2 milliards de sorties nettes en capitaux, des obligations en décote et une place financière globalement rouge. La plaie du plan « zéro covid » est encore béante…  

Trois années que la Chine s’enlise dans la pandémie. Alors, quand l’empire du Milieu s’est enfin décidé à lever les dernières restrictions liées à la covid-19, les investisseurs s’attendaient à un rebond phénoménal de la demande… En vain.

Cette croissance molle, c’est le fruit de plusieurs décisions prises pour favoriser le court terme… et qui se révèlent néfastes aujourd’hui. La Chine paye par exemple plein pot sa politique de l’enfant unique, dont le retour de flamme commence à se faire sentir. Avec la possibilité de ne faire qu’un enfant, la population a longtemps privilégié le fait d’avoir un garçon. Aujourd’hui, on estime cet écart à 30 millions d’hommes de plus que de femmes.

Il y a aussi le plan « zéro covid », qui a confiné la population tellement longtemps qu’elle ne retrouve plus goût à la consommation. Ou encore le plan de sécurité sociale, inabouti et qui demeure compliqué à mettre en œuvre avec le vieillissement de la population… Bref, la Chine va mal et le monde devrait s’en inquiéter.

En France, le luxe tremble

« En 2030, la clientèle chinoise devrait représenter 40 % du marché des biens personnels de luxe », estimait en mars Mathilde Haemmerlé, associé chez Bain & Company. La demande chinoise demeure donc un vecteur d’espoir pour l’économie mondiale. Une preuve de plus que l’empire du Milieu n’est plus seulement perçu comme une force exportatrice.

Mais pour le confirmer, encore faut-il un sursaut ! Les investisseurs du CAC40 (souvent portés par LVMH, L’Oreal et Kering) attendent désespérément un regain de dynamisme. Malheureusement, la dernière décision de la Banque populaire de Chine ne leur a rien procuré.  En abaissant leur deux taux préférentiels de prêts (LPR) de 10 points de base, le gouvernement chinois n’a pas réussi à calmer les inquiétudes. Pire encore, la manœuvre est d’ailleurs perçue comme trop peu radicale par les investisseurs.

« Le marché espérait une baisse de 15 points de base du taux préférentiel à 5 ans », explique Redmond Wong, stratégiste chez Saxo Capital Markets, avant de poursuivre : « Je ne pense pas que cela [la baisse de 10 points] changera quoi que ce soit ».

Alors hier matin, la Bourse de Paris ouvrait morose. Le CAC 40 grignotait à peine 0,03 % après avoir fini à -1,01 % la veille. Kering et LVMH affichaient une baisse – respectivement de 0,67 % et 0,36 % mardi après-midi.

A-t-on trop tiré sur la corde ?

La baisse des deux taux de références LPR déçoit les investisseurs, certes. Mais le plus inquiétant demeure le fait qu’ils atteignent tout de même leur plus bas historique. Ainsi, le souhait de Redmond Wong de les voir reculer de 15 points de base au lieu de 10 pour « soutenir le marché l’immobilier » interroge. Sommes-nous en train de voir les limites du système chinois ?

Ce même système dopé par l’immobilier et dont le gouvernement vante sans cesse les vertus d’y investir. Ils omettent un écueil : personne n’y habite ! On estimait déjà en 2021 que 20 % des logements construits en Chine demeuraient vides (soit 65 millions). Alors, avec la dette d’État qui s’accumule, cette bulle financière pourrait bien finir par éclater. Et si elle venait à le faire, ce serait 70 % des investissements chinois qui seraient en péril. La menace d’une crise de l’immobilier chinoise pourrait ainsi se transformer en crise financière. Et si la Chine pique sa crise, c’est le monde qui risque bien de vaciller.

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