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Inventive, simple d’accès, compétente et bosseuse… La ministre des Petites et Moyennes Entreprises, de l’Artisanat, du Commerce, du Tourisme est la Madame Quotidien du gouvernement.
Oui, une ministre a le droit d’avoir de l’ambition. Même sous Emmanuel Macron, ce président qui veille à garder la distance avec ses subalternes. Olivia Grégoire, à fond dans son travail, n’oublie pas pour autant le clocher de la mairie de Paris… Cette femme politique est comme l’étincelle dorée d’un quinquennat grisâtre.
Un bel atout dans la manche de Borne
La ministre est au banc. (Oui, avec un c). Au banc de l’Assemblée. Si Olivia Grégoire fut une parlementaire assidue, rester assise durant des heures n’est pas tellement ce qu’elle préfère dans la vie. Cette passionnée du tissu économique français prépare sans doute sa prochaine visite sur le terrain. TPE, PME, franchises, grande-distribution, commerçants, artisans, tourisme, restauration… Elle fait partie des plus actives du gouvernement. Pour les Français, qui ont épuisé les charmes de Bruno Le Maire, elle est une interlocutrice crédible. Moins connue, plus experte. Lorsqu’elle détaille sur RTL le prix des produits du quotidien, l’auditeur, qui est aussi consommateur, contribuable et accessoirement citoyen, s’y retrouve. Et puis, Olivia Grégoire a ce que son ministre de tutelle n’a jamais eu : du courage politique.
Même durant les émeutes, elle ignorait les consignes de Matignon et poursuivait ses visites en France. Pas question de se retrancher dans son bureau pendant que des vandales semaient la panique et la désolation. Alors oui, elle a « fait le mur ». Élisabeth Borne ne lui en a pas tenu rigueur, délaissant pour une fois son implacable sévérité… Dans son gouvernement tendance gris-sur-gris, « la Première » a sans doute compris que cette ministre à la fois grande-gueule et très compétente était l’une de ses meilleures cartes.
Quelque chose de Chirac
C’est drôle, Olivia Grégoire a quelque chose de Chirac. Un air profondément sympathique, une belle voix grave, un même amour pour les régions et les produits locaux… La passion partagée pour le Paris d’Amélie Poulain, fait de petits marchands, de gouaille et de moments fraternels. D’ailleurs, elle pourrait se lancer dans la course à la mairie de Paris. Gabriel Attal, un temps pressenti, se consacre finalement à une carrière nationale. Quant à Clément Beaune, on a connu adversaire plus coriace… La forte-tête pourrait s’imposer en candidate du bon sens parisien, surtout pas à gauche, pas trop à droite non plus. Elle garde un œil sur sa circonscription, elle aussi « en même temps » … sur les VIIe et le XVe arrondissements. Sa suppléante, Fanta Berete, l’appuie avec fidélité.
Une différence avec Chirac, toutefois. Contrairement à l’ancien président, elle n’a pas peur de déplaire. Réformer ? Elle adore ça. Son obsession est de « bousculer le pot de fleurs », comme disait le Général. Celle qui ose se définir comme une « libérale » sait qu’il faut réduire la place de l’État pour libérer des marges de manœuvres à l’initiative entrepreneuriale. Un discours de vérité qu’elle est la seule à tenir aussi clairement. Finalement, elle paraît plus éloignée d’un Macron que d’un Lisnard…
Des trouvailles pour améliorer un peu la vie des Français
Elle n’a jamais été dans les petits papiers du président. Peut-être parce qu’elle ne dit pas « Amen » à tout. Propulsée au porte-parolat entre mai et juin 2022, elle est envoyée à Bercy dans la foulée. Pour les commentateurs qui commentent si mal, cela n’a rien d’une promotion. Le ministère des PME, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme est considéré comme marginal par la presse grinçante, tellement parisiano-centrée… C’est mal connaître celle qu’on surnomme « Alcaline ». On ne veut pas d’elle au porte-parolat ? Très bien. Elle va faire de son ministère un point central de l’action publique.
Mitterrand voulait « changer la vie » ? Elle se contente de vouloir l’améliorer un peu ; ambition plus modeste et plus réaliste. Trimestre anti-inflation, renforcement du fait-maison dans les restaurants, lutte contre la laideur des quartiers commerciaux… Alors que l’inflation s’invite dans les foyers, elle prend la main sur le sujet et incarne la réponse gouvernementale. On la croyait au placard, la voici qui revient au cœur du réacteur. Du grand art !
Les perles de la politique
Anne, reviens ! · Les Parisiens déboussolés ? Voilà trois semaines que leur Maire, Anne Hidalgo, est en itinérance dans le Pacifique Sud… Au départ, son voyage officiel en Polynésie française pour aller « inspecter les installations des JO » devait s’étaler du 16 au 21 octobre. Et puis finalement… Anne Hidalgo, qui s’est bien acclimatée à ce divin paradis, décida de poursuivre son séjour, celui-ci prenant soudain un caractère privé. Il est fort compréhensible qu’Anne Hidalgo se soit accordé quelques jours de repos au milieu d’un travail harassant. D’autant plus qu’en raison des prochains JO de Paris, ses vacances estivales seront probablement réduites à la portion congrue, puisque sa présence sera alors requise dans la Ville Lumière… Souhaitons-lui de bien en profiter, espérons son retour rapide aux commandes de la capitale. Après tout, qui n’a jamais rêvé de chanter comme Pink Martini : « Je ne veux pas travailler / Je ne veux pas déjeuner / Je veux seulement oublier / Et puis je fume ». Anne Hidalgo, incarnation vivante du droit à la paresse ?