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Elle n’est pas une figure capitale du gouvernement mais pourtant, Olivia Grégoire s’impose comme l’interlocutrice privilégiée des forces économiques. Portrait d’une ministre active au style débonnaire.
Tandis que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, écume les sommets internationaux dans le rôle du « grand argentier », sa courageuse ministre déléguée chargée des Petites et Moyennes Entreprises, du Commerce, de l’Artisanat et du Tourisme, Olivia Grégoire, s’élance à la rencontre des Français. Efficace et attentive, la quadra marque des points avec un style… décidément chiraquien.
Bercy ? Très peu pour elle ! Olivia Grégoire délaisse, plusieurs fois par semaine, son grand bureau vitré du ministère des Finances. Elle a besoin d’air et son meilleur oxygène c’est le terrain. Celle qui se décrit comme une « grande affective » aime décidément les Français. Ministre des commerçants, des indépendants, des entrepreneurs, des franchisés et des artisans : Olivia Grégoire incarne bien plus qu’un secteur de niche – technique et marginal.
Son champ de compétence regroupe ce qui fait le sel et le charme de l’économie française : la force indomptable des PME/TPE. Il faut les rassurer dans la crise, les accompagner, les cajoler et leur rappeler toujours que ce qu’ils font compte pour le pays. Ces professions, souvent laissées de côté, ne doivent pas être occultées par les métiers de la « start-up nation » l’ancien mantra d’Emmanuel Macron.
Elle croit aux idées libérales
Olivia Grégoire, c’est du sérieux. Cette libérale qui s’assume bat en brèche la théorie du « quoi qu’il en coûte ». Si l’État doit accompagner, il ne doit pas diriger ou renflouer la caisse des entreprises. Dans un pays où trop d’entrepreneurs réclament, à corps et à cris, de nouvelles aides de l’État : il est important de le rappeler. L’exception de la crise sanitaire ne doit surtout pas devenir la norme. Aux entreprises de se débrouiller, à l’État de mettre en place le cadre légal et fiscal qui peut leur permettre d’avancer mieux.
Pas de plan de com’ pour celle qui n’est restée qu’un mois porte-parole du gouvernement, entre mai et juin – le temps de la campagne législative. Trop honnête, sans doute, pour assumer un poste où il faut savoir s’arranger avec la vérité…
Sa voix rauque, éreintée par les cigarettes, lui donne une prestance étonnante. Au Palais Bourbon, ses diatribes tonitruent jusqu’au fond des travées. Tant pis si un haut-fonctionnaire qui l’a bien connu, sans doute jaloux, la traite anonymement, dans les colonnes du Canard Enchaîné, de « gueularde dépourvue de fond ».
Une vraie pile électrique
Députée de Paris depuis 2017, macroniste la mieux réélue de la capitale en 2022, Olivia Grégoire n’a pas peur de l’engueulade. C’est une fonceuse qui incarne l’antithèse du discours soporifique d’Élisabeth Borne. Ce n’est pas pour rien qu’à l’Assemblée on la surnomme « Alcaline ».
Son actualité récente prouve un volontarisme hors-du-commun. Dividende salarié, évasion fiscale des « influenceurs », installation du Comité Filière Tourisme, création du Conseil du Commerce, politique du guichet unique, prix de l’énergie pour les artisans, préparation des vacances de Noël avec le monde du tourisme… ÉcoRéseau Business l’apercevait récemment dans les travées du salon SAP ; dédié aux services à la personne et à l’emploi à domicile.
On ne chôme pas dans son ministère. Celle qui ose un langage de vérité incite d’ailleurs volontiers les Français à l’effort, à rebours du discours ambiant sur le « quiet quitting ». Récemment invitée au micro de CNEWS, elle n’hésitait pas d’ailleurs à rompre un tabou : « J’ai connu dans ma vie une période de chômage ». Elle est passée par là.
Franchise et ambitions
Olivia Grégoire relève décidément tous les défis. Il y a un an, elle donnait la vie à une petite Romy avant d’enchaîner la campagne présidentielle puis législative – le tout en parallèle de l’exercice gouvernemental. « Ce bébé est un petit miracle et il a besoin de sa maman. Il est le fruit de trois ans de combats et d’espoir […] J’ai voulu plus que tout avoir cet enfant. Et j’ai aussi rêvé d’être ministre pour servir notre pays. Finalement, les deux sont arrivés en même temps », révélait-elle dans les colonnes de Paris Match. Un challenge au féminin.
Cette « bosseuse » dans l’âme, très tôt orpheline de père, a vivement bataillé pour poursuivre ses études d’Histoire et se hisser, au fil d’une carrière exemplaire, jusqu’au sommet de l’échelle sociale. Celle qui fut la directrice associée d’une entreprise de renseignement économique très prisée par les les leaders africains eut aussi une riche carrière politique hexagonale.
Comme conseillère, elle murmura à l’oreille de Jean-Pierre Raffarin, d’Alain Madelin ou de Xavier Bertrand – avant de se rallier au panache blanc d’Emmanuel Macron. Maintenant, elle va enfin rouler pour elle-même. Prochain arrêt pour la tornade Olivia Grégoire : les municipales de 2026. L’ambitieuse rêve de succéder à Anne Hidalgo pour nettoyer enfin les écuries d’Augias. Pour cela, elle devra convaincre dans son propre camp. Gabriel Attal et Clément Beaune, ses deux collègues du gouvernement, sont déjà lancés. Elle aborde la compétition en chalengeuse. Voilà qui tombe bien : elle adore ça.
Les indiscrets d’ERB
Des oursins pour les retraites • Quel contenu pour la réforme des retraites ? Emmanuel Macron entretient le mystère… Car il ne sait pas lui-même quelle méthode retenir. En éternel insatisfait, il change perpétuellement d’avis. Mercredi 7 décembre, à l’Élysée, il convoque son staff pour l’aider à imaginer un dispositif capable de convaincre. Autour de la table : la « Première », François Bayrou, Édouard Philippe… Les caciques débattent : Bayrou veut y aller doucement, Philippe veut y aller franco… Quant à Madame Borne, nul ne sait vraiment ce qu’elle pense. Au menu du dîner, un plateau de fruits de mer : huîtres, oursins, bulots… Et pour arroser tout ça, un peu de Châteauneuf-du-Pape. La CGT va voir rouge…
Valérie Pécresse dit stop au financement d’une association • Ils n’auront plus rien. Pas un euro de la Région. Valérie Pécresse a décidé de sévir : les « Ateliers Médicis » de Saint-Denis pourront s’asseoir sur les 150 000 euros de subventions perçus l’an passé. Quelle est la raison de cette soudaine colère de Valérie Pécresse ? L’association culturelle « s’obstine » à soutenir Mehdi Meklat, un « auteur » coupable de toute une série de tweets antisémites, racistes et homophobes… « Ces choix de programmation vont à l’encontre totale des valeurs de la République », estime la première région d’Europe dans un communiqué. « Tout est suspendu », poursuit l’entourage de Valérie Pécresse, catégorique sur cette question. Un aller sans retour.