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Sophie de Menthon, présidente d’ETHIC et grande fidèle d’ÉcoRéseau Business, mise beaucoup sur cet authentique libéral, défenseur d’une politique qui veut réduire la place de l’État dans la société. Un discours qui parle forcément aux entrepreneurs.
Une première étape franchie vers l’objectif 2027. Le maire de Cannes inaugurait, mardi 3 octobre au soir, le quartier général de son mouvement Nouvelle Énergie, dans le XVe arrondissement de Paris.
Son mouvement, Nouvelle Énergie, attire de plus en plus
Liberté. C’est un mot oublié depuis trop longtemps. Responsabilité. Une valeur si souvent marchandée, abîmée, négligée. Mardi 3 octobre au soir, dans un coin du XVe arrondissement de Paris, rue des Entrepreneurs (et comme disent les gens, « ça ne s’invente pas »), il en fut tout autrement. Du panache, enfin ! L’esprit des mousquetaires rendu à une droite en manque d’allure et d’allant. En surgissant sur la scène, installée sous une grande verrière, David Lisnard se saisissait du micro dans la nuit automnale.
À la manière des tribuns de la Troisième République, le maire de Cannes livrait sa harangue à même la rue – aujourd’hui appelée « espace public ». Ce nom un brin pompeux pour une fois portait beau. En effet, les locaux de son mouvement Nouvelle Énergie, tout juste inaugurés, s’avéraient trop exigus pour accueillir les plus de mille citoyens venus écouter le projet iconoclaste de l’édile azuréen.
« Si nous sommes aussi nombreux c’est parce que nous refusons la fatalité d’une France en déclassement. Parce que nous avons des valeurs : celles du travail, de la création, de la liberté […] Nous refusons la fatalité d’un affrontement entre les conformistes techno-populistes et les démagogues, entre ceux qui ont l’énergie noire de la peur et ceux qui ont celle de l’envie. Ils ont en commun de se nourrir d’étatisme ».
« Il faut arrêter d’emmerder les Français ! »
Au sujet de David Lisnard, la presse s’échine à répéter qu’il est « libéral ». Ah, la belle affaire… La seule proclamation de ce mot suffit en France à vous enfermer dans une case, voire une cage. Et pourtant ! Alors que notre pays bat tous les records de dette, de prélèvements obligatoires et de lourdeurs bureaucratiques, il paraît urgent de « bousculer le pot de fleurs », comme le disait le Général de Gaulle. Georges Pompidou, dont David Lisnard s’inspire souvent, ajoutait – en s’adressant à son jeune ministre, Jacques Chirac – « Il faut arrêter d’emmerder les Français ». Ce libéralisme là est sans doute majoritaire en France.
Lisnard plaide libéral, mais certainement pas coupable. Cet autodidacte assume le retour en grâce des valeurs de liberté et de responsabilité – forcément jumelles. Loin des promesses balafrées du macronisme qui laissent la France à la traîne, Lisnard prône en somme, à défaut de sang et de larmes, le travail et l’effort. Un remède nécessaire pour tirer le pays hors de la pente dangereuse contre laquelle il s’abandonne, de moins en moins doucement, de plus en plus sûrement.
Lisnard ose le dire, au micro de Sonia Mabrouk sur Europe 1 : « La dépense publique est une drogue […] Moi, je suis attaché à un État fort, mais vous remarquerez que plus l’État prélève, plus il entrave, moins il est efficace sur ses fonctions de base ». Loin des grandes promesses attrape-tout, David Lisnard entend avancer avec ses convictions. Un discours de vérité.
Un projet porté vers le relèvement de notre civilisation
Il n’a rien d’un bonimenteur, son langage sonne souvent vrai, loin du ton alambiqué de la langue de bois. Ce qu’il dit peut entrer en résonance avec cette France qui se lève tôt, ne compte pas ses heures, décidée à léguer à ses enfants certaines valeurs.
Gouverner la France, il en a la volonté, le dit assez clairement. Puis en vient vite au fond des choses, sans se perdre dans le moimoïsme et l’étalage de l’intimité. Lisnard préfère parler de son projet, de ses idées, plutôt que de lui-même. Un caractère assez pudique, parfois taiseux, au fond duquel se devine la pointe d’orgueil qu’il faut pour avancer vers le destin. Lorsqu’il monte à la tribune, on surprend dans son regard un peu de l’énergie tempétueuse de Bonaparte, franchissant le pont d’Arcole. Est-ce parce que le sang corse coule dans ses veines ?
Face à ses partisans, David Lisnard s’élance : « Tout part de l’amour : en la France, en notre liberté, en une espérance, celle de retrouver la fierté française. Nous affirmons qui nous sommes et posons clairement nos principes. » Au-delà d’un discours économique évidemment essentiel, le maire de Cannes, élu au premier tour à 88 % dans sa ville, porte cette vision qui manque si cruellement à la politique française.
Dans un ouvrage remarqué, La culture nous sauvera, il s’interrogeait sur l’âme de la France, le rôle de la culture et de l’éducation, matrices de cet autre mot, ce vieux et beau mot qu’on ne prononce jamais sans émotion : la civilisation. « Tout ce qui élève unit », écrivait Péguy. Un mantra qu’il pourrait reprendre. C’est déjà le sien.