L’œil politique – De Messmer à Macron, la grandeur et la décadence

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Il y a cinquante ans, le 6 mars 1974, le Premier ministre Pierre Messmer annonçait à la télévision la mise en œuvre du grand chantier du nucléaire civil. L’homme fut également le ministre des Armées qui assura la dissuasion nucléaire française.

De Pierre Messmer à Emmanuel Macron… La comparaison des deux parcours n’est pas à l’avantage de l’actuel locataire de l’Élysée.

Le 20 mars 1916 naissait à Vincennes Pierre Messmer, fils d’un couple d’Alsaciens meurtri par la défaite de 1870 et décidé à se battre pour rendre à la France les provinces volées. Sans doute faut-il déceler dans cette blessure initiale l’origine d’un engagement extraordinaire pour la patrie.

Fils du gaullisme flamboyant, résistant dès juin 40, Pierre Messmer fut un héros de la France Libre, il s’illustra de la Syrie à Bir Hakeim, de la Tunisie aux rues de Paris libérée. Pierre Messmer était l’homme d’un autre temps, celui du courage, de l’humilité et de l’abnégation.

Pierre Messmer fait partie de cette petite centaine d’hommes qui au long des siècles donna à la France son caractère inaltérable. S’il fut un serviteur du Général, un grand administrateur militaire, un Premier ministre méconnu mais efficace, il avait les qualités et les moyens d’être davantage encore… Il eût été sans doute un président de la République plus sûr que Valéry Giscard d’Estaing.

Messmer plaçait la France au-dessus de tout 

Comme ministre des Armées du Général de Gaulle, Pierre Messmer fut le bâtisseur de notre stratégie de dissuasion nucléaire. Ainsi, le 13 février 1960, la France réalisait son premier essai atomique dans le désert algérien et devenait la quatrième nation « dotée », rejoignant immédiatement le club très fermé des grandes puissances mondiales. Grâce à l’arme atomique, la France a depuis l’assurance de ne plus revivre une invasion de type « juin 40 », puisque notre nation est capable d’anéantir quiconque tenterait d’attenter à son territoire.

Comme Premier ministre de Georges Pompidou, Pierre Messmer fut également le grand homme du nucléaire civil, lançant le 6 mars 1974 un plan de construction de 13 réacteurs nucléaires. Grâce à lui, la France est désormais beaucoup moins vulnérable aux chocs pétroliers et bénéficie d’une énergie peu chère et abondante, ce qui est bien la clef de toute prospérité économique et même la condition d’existence d’une civilisation.

Ce legs extraordinaire d’un homme malheureusement méconnu des générations actuelles mérite d’être célébré. Il ne l’a pas été par ce gouvernement. Seule Marine Le Pen eut l’audace de lui rendre hommage lors de son récent discours à Marseille. Osons l’affirmer : Pierre Messmer mériterait de faire son entrée au Panthéon.

Macron : une affligeante litanie d’abandons

Emmanuel Macron s’est évertué, lui, à saborder les grands fondements de notre nucléaire civil et militaire. Ce fut, dès 2010, sa proposition formulée au sein de la commission Attali, à savoir supprimer l’arme atomique pour faire des économies, parce qu’elle « ne servait à rien » et que les « Allemands n’en ont pas ». Belle prescience stratégique. (Source : Marc Endeweld).

Ce fut, lors de son passage au secrétariat adjoint de l’Élysée sous François Hollande, sa participation manifeste au mouvement de rejet du nucléaire ; énergie alors jugée sans avenir par des socialistes qui depuis ont condamné le leur. Ces atermoiements coupables firent perdre dix ans à notre recherche et découragèrent de précieux éléments dans la jeunesse scientifique.

Ce fut, en 2016, le jeu de massacre auquel il participa au sein de l’abominable affaire Alstom, dont il est un responsable direct.

Ce fut, il y a quelques semaines seulement, son inique proposition, formulée en langue anglaise et depuis Stockholm, d’intégrer une « composante européenne » à notre frappe atomique.

Cela sans oublier le « marché européen de l’énergie » qui est le scandale des scandales. Il aurait dû s’y opposer de toutes ses forces et le cas échéant en sortir avec fracas.

Avoir un dirigeant aussi peu soucieux des intérêts vitaux de son pays – c’est un euphémisme – représente certainement un danger maximal pour la France.


Les perles de la politique

crédits : éditions François-Xavier de Guibert

Messmer : pour aller plus loin · Pour qui voudrait mieux connaître le parcours de cet homme d’exception qu’était Pierre Messmer, on ne peut que conseiller la réécoute de l’émission À voix nue, sur France Culture. Les cinq épisodes sont disponibles sur le site ou l’application Radio France. Citons également ses mémoires, Après tant de batailles… (Albin Michel), ou encore Ma part de France (ed. François-Xavier de Guibert), ouvrage passionnant où il s’entretient avec le journaliste Philippe de Saint Robert. Plus récemment, Frédéric Turpin lui consacrait une intéressante biographie aux éditions Perrin.

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