Inflation

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Le gouvernement annonçait son tassement, voire son recul. Après une brève accalmie, l’inflation repart pourtant de plus belle. Les chiffres d’août le prouvent. Elle est à +4,8 % sur un an (Insee). Rebond passager ou reprise durable ? On fait le point.

Il va falloir faire avec elle. Malgré les efforts du gouvernement, l’inflation s’invite en cette rentrée. Certains économistes estiment qu’elle pourrait même devenir endogène.

BD gouvernementale pour comprendre l’inflation

Essayez de taper « inflation » dans votre moteur de recherche. Faites le test, vous ne serez pas déçus. Vous tomberez, en premier résultat, sur le site du gouvernement. Lequel adapte le fameux gimmick du journaliste scientifique Michel Chevalet. L’État central se veut pédagogue, il vous explique : « L’inflation, comment ça marche ? ». Par le moyen d’une BD – très infantilisante – Bercy fait passer un message. L’inflation est « conjoncturelle », en bref, elle résulte de facteurs extérieurs et multiples (guerre d’Ukraine, sécheresse, spéculation, etc.). Assurément ! Comme dans toutes les bonnes histoires, la dernière case se veut rassurante. « Contre la hausse des prix, l’État agit ». Ouf !

Mais que peut l’État contre l’inflation ?

Mais que peut l’État contre l’inflation ? La puissance publique peut jouer un rôle, notamment en évitant d’alimenter la spirale des prix. Cela nécessite d’évacuer les idées « yakafocons ». Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, a récemment demandé à Emmanuel Macron « d’augmenter les salaires » … Comme si le président de la République signait les bulletins de paie ! Lionel Jospin le disait jadis, enterrant au passage la doctrine socialiste : « L’État ne peut pas tout ».

Alors, les vœux pieux de Bruno Le Maire et d’Olivia Grégoire font long feu en cette rentrée. L’homme de Bercy promettait au printemps des baisses sonnantes et trébuchantes pour l’automne. Sa rentrée médiatique, au micro de France Inter, fut délicate. Il fut contraint d’aller chercher quelques prix, sur quelques produits bien spécifiques comme les pâtes, pour montrer qu’un mouvement s’orientait à la baisse… Le tout en oubliant l’essence et l’électricité, dont les prix en hausses corsées plombent le budget des ménages.

Emmanuel Macron envisage de faire jouer la « police des prix »

L’aube d’un changement de stratégie ? Renouant avec les réflexes étatistes développés lors de la séquence covidienne, le gouvernement semble augurer d’une reprise en main. Lors de la réunion avec les différents chefs politiques du pays, à Saint-Denis, Emmanuel Macron a utilisé l’expression de « police de prix ». Jeudi 31 août, invité du 13 heures de France 2, Bruno Le Maire tapait du poing sur la table : « Quand je vois un Kiri qui faisait 15 grammes, finalement, il fait 14 grammes, mais c’est le même package et le même prix ». Le grand argentier voudrait « casser définitivement la spirale des prix alimentaires ». L’accord avec les distributeurs et les industriels – signé là encore le 31 août – prévoit la stabilité ou la baisse des prix pour 5 000 produits. « Ça fait un quart des références dans un supermarché, c’est déjà pas mal », estime le ministre, visiblement satisfait de lui-même.

Mais une inconnue du problème reste à régler : l’énergie. Depuis un an, Bruno Le Maire et ses équipes misent tout sur la grande distribution. Oubliant au passage que l’inflation est causée, en très large partie, par l’envolée des prix de l’énergie – lesquels entraînent tous les autres. Le sujet d’une possible sortie du marché européen de l’énergie est toujours sur la table, comme une hypothèse éventuelle jamais vraiment considérée. Invité d’Esprits Libres, la nouvelle émission du Figaro Magazine, Arnaud Montebourg lance de nouveau un pavé dans la marre. « Je demande au gouvernement de sortir du marché européen de l’électricité, en tant que citoyen ordinaire et entrepreneur. Je lui demande de prendre cette décision souveraine. En attendant, des emplois se détruisent et les territoires souffrent ».

L’énergie, nœud gordien du problème

Avec la hausse de 10 % des prix de l’électricité, nouveau tarif en vigueur depuis le 1er août, l’énergie semble plus que jamais constituer le nœud gordien de l’inflation. Une réalité très difficile à faire partager. Gérard Araud, ancien ambassadeur de France à Washington, le confie dans un tweet : « Je viens d’essayer de comprendre le fonctionnement du marché européen de l’énergie. Soit, mon QI a subi les atteintes de l’âge plus que je ne le craignais soit, comme on disait en Maths Spé, c’est imbitable. Essayez de conduire un débat public là-dessus… ». Un pays où le citoyen lambda ne comprend pas sa facture d’électricité a forcément un problème.

Au lieu de concentrer ses efforts sur cette question, Emmanuel Macron vient de décider de l’organisation prochaine d’une « conférence sociale ». Comme souvent avec le marcheur présidentiel, le contenu de l’exercice paraît bien flou. Et si c’était pour augmenter les salaires ? La fausse-bonne idée par excellence pour lutter contre l’inflation… L’économiste Éric Heyer prévient dans Les Échos : « De façon structurelle, l’inflation était jusqu’ici très exogène, car liée aux prix de l’énergie puis aux prix alimentaires. Elle devient de plus en plus endogène, avec la hausse des salaires qui a rattrapé l’inflation et pourrait l’alimenter à l’avenir ». L’inflation, pire ennemie des Français, a décidément plus d’un tour dans son sac. L’affreuse se joue de nous !

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