Les 10 grandes tendances émergentes

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1  – Le télétravail, une pratique qui voit au-delà de la crise !

D’abord une mise à distance forcée des salarié·es pour poursuivre – malgré les sautes d’humeur de la crise sanitaire – l’activité. Une coupure brutale avec les traditionnelles allées et venues au bureau. Il a fallu s’adapter pour les entreprises, les nouvelles recrues en mal d’intégration, les managers bousculés par un encadrement à distance. Mais peu à peu, le télétravail convainc, même si d’aucuns, parmi les dirigeant·es, doutent fort de son avenir. Les Francilien·nes se révèlent les premier·ères concerné·es. D’après un sondage mené par Becoming, 80 % des personnes interrogées aspirent à davantage de flexibilité dans l’organisation de leur temps de travail. Et 77 % aimeraient pratiquer leur activité dans leur quartier, post-covid. Alors non, le télétravail ne disparaîtra pas avec la fin de la pandémie. Laquelle a clairement donné le premier coup de scalpel dans l’ADN de l’entreprise.

Le débat porte sur la fréquence

Les collaborateur·rices savourent cette autonomie qui découle de ce travail à domicile. Une autonomie périphérique surtout, où chacun·e a le contrôle – du moins en partie – « des horaires travaillés, la façon de s’habiller, l’apparence », nous confiait Danièle Linhart, sociologue du travail et chercheuse au CNRS. Organiser sa journée comme on l’entend ou presque, travailler le matin, le midi ou le soir. Un gain de temps en termes de transports aussi pour les salarié·es habitué·es aux embouteillages ou aux joies matinales des transports en commun. Bref, tant que les objectifs restent atteints, la manière d’y parvenir importe moins.
Évidemment, si la poursuite du télétravail ne fait guère de doute au sein de ces entreprises génétiquement modifiées, c’est la fréquence du travail à distance qui risque de s’inviter au cœur du débat. Un jour par semaine au bureau, deux, quatre ? Les entreprises plancheront en interne. Car on l’a assez répété en temps de pandémie, le télétravail déstabilise le lien social entre collègues. Avec la raréfaction de ces moments informels, essentiels pour souder une équipe ! Difficile de les retrouver via les visioconférences, très utiles pour communiquer et se coordonner entre collaborateur·rices. Moins pour se lancer dans les échanges de machine à café qui rythment aussi cette vie d’entreprise. Reste donc à trouver la bonne formule. Mais le jeu en vaut sûrement la chandelle, le télétravail abolit les barrières physiques, donne le moyen aux entreprises de recruter aux quatre coins du monde. Et donc de diversifier les talents. Sans oublier la réduction considérable du coût des bureaux. Dans ce sens, le PDG de la plate-forme de recrutement Welcome To The Jungle, Jérémy Clédat, en est convaincu : « Les entreprises qui ne font pas la place aux rythmes flexibles – comme le télétravail – seront celles qui apparaîtront comme les moins attractives dans les prochaines années », prévient-il.
Action : il est temps de réfléchir à votre entreprise à l’aune du télétravail.

2  – Ne pas sous-estimer la cybersécurité

« Chez vous, vous êtes bien moins vigilant·es qu’au bureau », insiste Marc Béhar, fondateur du cabinet XMCO. Qui voit en la généralisation du télétravail le risque d’une envolée des cyberattaques. À en croire les chiffres d’une étude menée par Proofpoint, 90 % des organisations françaises ont connu une cyberattaque en 2020. Pire, deux tiers d’entre elles auraient même subi plusieurs actes malveillants. Des entreprises aux hôpitaux en passant par les collectivités, aucune structure n’y échappe. Karl Rigal, directeur marketing chez StedY, cabinet de conseil en technologie et ingénierie, va plus loin : « Les cyberattaques s’industrialisent » ! Un métier à part entière, qui se structure.

Un ADN de PME à modifier d’urgence

L’investissement consacré à la cybersécurité devient un incontournable. Et pas une activité « bonus » ou « annexe » parce que souvent considérée comme trop technique. La cybersécurité doit faire partie intégrante de la stratégie d’une entreprise. À l’échelle d’une société, ce sont les directeur·rices des services d’information (DSI) et les responsables de la sécurité des systèmes d’information (RSSI) qui veillent au grain. Chargé·es notamment de penser un équipement de sécurité adapté à l’infrastructure d’une entreprise et de sensibiliser les collaborateur·rices au risque cyber. Et cela commence dès la TPE ! Plusieurs types de cyberattaques existent comme le phishing – envoyer une campagne massive de mails à des utilisateur·rices en se faisant passer pour un organisme connu et officiel. Ou le ransomware (rançongiciel) – cliquer sur une pièce jointe qui rendra inaccessibles vos données. Les hackers vous demanderont poliment une rançon en échange d’un déblocage de ces données, souvent capitales pour les entreprises.

Beaucoup de sociétés – celles à la tête des data les plus sensibles – ont déjà pris conscience du rôle crucial de la sécurisation des données. Mais elles doivent être rejointes par l’ensemble des entreprises, y compris celles qui ne s’estiment pas cibles potentielles. Des règles simples compliquent la tâche des cyberattaquant·es : « Quand vous gérez bien vos mots de passe et les mises à jour des systèmes, vous éliminez 95 % du risque », nous rappelle Marc Béhar. Avec le télétravail, les risques majeurs portent sur le BYOD, en français PAP, pour Prenez vos appareils personnels, beaucoup moins sécurisés que le parc d’entreprise. La tendance sera au COPE (Corporate Owned, Personally Enabled, propriété de l’entreprise avec accès privé).
Enfin, le gouvernement, lui aussi, commence à prendre le problème à bras-le-corps. Puisqu’il a promis un plan d’un milliard d’euros en faveur de la cybersécurité française d’ici à 2025, une filière en mal d’attractivité.

Action : les PME existantes et à créer se dotent des pare-feu et des procédures indispensables.

3 – Réimaginer son modèle d’entreprise

Sans doute l’un des grands enseignements de cette crise Sars-CoV-2. Les entreprises les plus résilientes face à la pandémie ont un point commun : elles ont su s’adapter ! Faire preuve d’agilité en un temps record. Ce qui suppose une acceptation du changement, une volonté de se transformer pour une entreprise afin d’assurer sa pérennité. Laurence Lehmann-Ortega, professeure de stratégie à HEC, revient sur les trois composantes principales sur lesquelles réfléchir si une entreprise souhaite réimaginer son business model. D’abord la proposition de valeur, soit ce qu’une entreprise offre à ses client·es. Toujours selon cette idée : ce que je propose à mes client·es répond-il à leurs besoins ? Lesquels évoluent sans cesse et d’autant plus en temps de crise ! Puis, l’architecture de valeur. Comprenez la manière dont une entreprise s’organise pour délivrer son offre. Sur ce point, ce que nous vivons depuis plus d’un an le démontre. Soudain perçus comme « non essentiels » par le gouvernement, certains commerces – l’habillement, les bijoux, les parfumeries, etc. – ont réinventé la manière de livrer leur offre. On a beaucoup parlé du click and collect. Chez beaucoup d’entrepreneur·ses, les confinements successifs ont aussi révélé la nécessité d’une présence numérique pour survivre. Le gouvernement les y a encouragé·es avec un chèque numérique de 500 euros, timide mais utile. Les entreprises doivent aussi revoir leur chaîne de valeur et comprendre le risque qu’elles encourent à se reposer sur des fournisseurs situés à l’autre bout du globe. C’est toute la question de la relocalisation – totale ou partielle.

Des entreprises à mission

Enfin, la professeure de stratégie rappelle la troisième composante : la responsabilité sociétale de l’entreprise. S’éloigner du principe cher à l’économiste Milton Friedman où la finalité de l’entreprise se réduit à son profit – une thèse que le scientifique américain déroule dans un article pour le New York Times en 1970. L’émergence des entreprises à mission, et son avancée l’entreprise « altruiste », s’élève d’ailleurs à contre-courant de cette obsession du « produire toujours plus » ! En bref, les entreprises, si elles veulent survivre, ont un défi à relever : réimaginer un business model original, qui répond aux besoins des consommateur·rices et qui se distingue de la concurrence.

Action : à quoi sert mon entreprise, quelle est sa mission ? Et même : suis-je prêt·e à laisser à mes collaborateur·rices la responsabilité de leur mission, le soin de s’organiser, de prendre leurs vacances sans contrainte en fonction de leurs objectifs définis… ?

4 – La case automatisation, inéluctable

76 % des cadres dirigeant·es estiment que l’impact de la pandémie stimulera l’investissement futur dans l’automatisation intelligente. Voilà ce qu’il ressort du rapport Future of Work 2020. En parallèle, plus des trois quarts des cadres dirigeant·es pensent que la technologie va considérablement changer les modes de travail au cours des deux prochaines années et 81 % anticipent un gain de temps de quatre heures par semaine par collaborateur·rice grâce à l’automatisation. Pour les entreprises, il ne s’agit pas de tout automatiser, mais d’abord de se concentrer sur les tâches chronophages, de routine et ennuyeuses. Celles qui font perdre du temps aux salarié·es et qui ne manifestent pas un grand intérêt. L’idée : dégager du temps pour que les collaborateur·rices se concentrent sur des tâches plus humaines, innovantes et créatives.

Automatiser  n’est pas licencier

Alors les entreprises vont-elles moins recruter ? Les études sur le sujet le relativisent. Un rapport McKinsey, paru en février et repris par Slate, prévoit qu’aux États-Unis « sur les 49,1 millions de personnes qui verront leur emploi remplacé par l’automatisation, 32 millions conserveront le même métier et 2,2 millions demeureront dans la même catégorie professionnelle. Le nombre de personnes qui perdront réellement leur emploi, dans le sens qu’ils·elles devront trouver une nouvelle profession ne sera que de 14,9 millions ». Difficile de dire donc que les entreprises privilégieront les robots aux humains. Mais une relation de complémentarité semble davantage se dessiner. Certains emplois vont se transformer sans forcément disparaître totalement. Des salarié·es vont peu à peu déplacer le centre de gravité de leurs tâches quotidiennes pour plus de polyvalence. Par exemple, l’arrivée massive des fameux DAB (distributeurs automatiques de billets) a débouché sur une réduction des coûts de main d’œuvre certes, sans pour autant évincer les guichetier·ères. Qui ont augmenté avec la création d’un plus grand nombre d’agences bancaires. Ils·elles se concentrent simplement sur d’autres services.

L’automatisation fait donc partie de ces tendances sur lesquelles doivent plancher les entreprises. Tous les secteurs – ou presque – demeurent concernés. Au premier chef bien sûr l’industrie et le commerce. Mais pas seulement. L’automatisation porte aussi sur une partie de l’activité de certains métiers qualifiés. Un cabinet d’avocat·es, par exemple, pourra simplifier la vie de ses collaborateur·rices grâce à l’automatisation de la recherche de jurisprudences ou la rédaction d’actes simples (legaltech). Idem pour les comptables, profession au sein de laquelle des applis récupèrent de façon automatisée les comptes bancaires, les annotent ou encore téléchargent les notes de frais. De quoi leur faire gagner un temps considérable.

Action : toute TPE et PME doit se doter d’un ERP – Progiciel de gestion intégrée en français. Lire dans ce n° p 41

5 – Penser à des financements alternatifs

Cette nouvelle tendance ne date pas de l’ère covid, davantage de la crise financière mondiale de 2008. Laquelle a débouché sur une vague de défiance envers les banques. De nouveaux financements, alternatifs au système bancaire traditionnel – même s’il reste prépondérant – en ont profité pour se tailler une place grandissante. Et venir épauler les entreprises qui financent leurs dépenses d’équipements ou d’investissement. Selon une étude KPMG, la finance alternative représentait déjà 1,4 milliard d’euros collectés sur l’année 2018 en France.

Les investisseurs et les banques ne sont plus l’unique source de financement des start-up et des PME

Le crowdfunding incarne l’un de ces financements alternatifs. Puisqu’en cinq années à peine, les montants collectés en France via les plates-formes de crowdfunding ont été multipliés par plus de huit (Mazars, 2020). Ce financement par la foule s’adresse à toutes les tailles d’entreprises, même si les TPE, PME et ETI constituent l’essentiel des demandeurs. Les start-up, elles, se retrouvent impliquées dans un peu moins de 15 % des projets financés. À côté du crowdfunding, avec contrepartie en nature ou sans contrepartie, s’ajoute le crowdlending. Qui apparaît sous la forme de prêts de particuliers ou d’acteurs institutionnels. Mais ces deux solutions s’affichent non dilutives. En revanche, de son côté, le crowdequity s’apparente au crowdfunding, à la grande nuance que les financeurs d’un projet obtiennent une partie du capital au sein de l’entreprise en contrepartie de l’investissement contracté.

Autre dispositif très populaire auprès des sociétés françaises : l’affacturage ! Une façon pour les entreprises de faire financer leurs factures pour répondre à un besoin de trésorerie soudain. Les bailleurs de fonds (institutionnels ou individuels) – qui vont moyenner une décote – rachètent les factures et avis de créance d’une société et s’en remettent ensuite au débiteur pour récupérer leur créance. L’affacturage, naguère l’apanage des ETI et grands groupes, concernent désormais les TPE et PME.

Enfin, d’autres financements alternatifs existent. Comme les concours, une opportunité réelle pour les entrepreneur·es, notamment au moment de la création de leur entreprise. Ou les prêts d’honneur. Soit des prêts personnels à taux zéro accordés sans garantie ni caution. Ces prêts sont généralement délivrés par des réseaux (Initiative France ou Réseau Entreprendre), des associations et fonds de dotation ou des corporates. Bref, pléthore de solutions alternatives au système bancaire traditionnel existent pour les entreprises.
Action : en création ou en démarrage, élaborez avant tout un business model à partir d’un financement participatif.

6 – Numérisation des entreprises, l’indispensable conquête du virtuel

L’ère du numérique bat son plein. La consommation, l’information, les interactions entre consommateur·rices, pairs et entreprises, tout se virtualise à vitesse grand V. À l’heure d’une crise sanitaire qui a éloigné physiquement les entreprises et leurs client·es, la réussite de cette transition est d’autant plus indispensable. En premier lieu, il s’agit de conserver et de cultiver le lien avec la clientèle. Un sondage Twilio révèle que 95 % des entreprises françaises pensent que ne pas numériser les échanges avec leur client·es auraient eu un impact négatif sur leur activité, 21 % pensant même que leur entreprise aurait fait faillite sans le recours aux canaux numériques.

Pour les entreprises qui vendent des services et des produits, l’adaptation au numérique recourt à des technologies comme la réalité augmentée et la réalité virtuelle pour présenter ou faire essayer leur gamme sans se déplacer. Les interfaces virtuelles ont génétiquement modifié les salons professionnels, source de business stratégique pour beaucoup d’entreprises. Ce fut leur moyen de survivre et de s’organiser sous forme numérique. En Personne, l’agence qui organise le Salon SME (salon des micro-entreprises), a décliné une version virtuelle depuis 2016, donc bien avant les confinements ! Une façon de faciliter l’accès au contenu, sous forme de stands virtuels et d’une messagerie instantanée. « Dans notre société qui se virtualise toujours plus, je vois trois raisons essentielles pour se lancer dans les salons virtuels : tout d’abord les attentes accrues des acteurs qui recherchent toujours de contacts qualifiés et le bon équilibre entre l’investissement de leur venue et ce qu’ils en retirent, ensuite la pression écologique, et enfin les événements impondérables de grèves, d’intempéries et aujourd’hui de pandémie… », résume Alain Bosetti, président d’en Personne.

Mon entreprise relève forcément du virtuel

Dans un tout autre registre, la conquête du virtuel chamboule également les pratiques du recrutement et des RH. Pour défaire les recruteurs des tâches administratives répétitives et aider à la décision, des outils numériques se développent. Comme le social recruiting, qui consiste à recruter via les réseaux sociaux ou l’analytics qui détermine les profils adéquats à partir d’une base de données. La start-up française Easyrecrue a même développé un outil qui analyse lors d’un échange vidéo la voix, le ton, le discours et les expressions du visage des candidat·es grâce à un savant algorithme. Et la solution séduit : 70 % du CAC 40 en serait déjà client. Les grandes et moins grandes entreprises l’ont compris : la conquête et l’exploitation des interfaces virtuelles et des espaces numériques ne sont plus des options parmi d’autres. Et mieux vaut ne pas rater le train en marche.
Action : réfléchir aux projections virtuelles de mes activités. Comment organiser ce colloque que j’avais toujours repoussé faute de moyens. Quels prolongements virtuels puis-je vendre de mon activité ? Et si je fréquente ces salons, comment optimiser mes visites ?

7  – Du mondial au local, repenser les chaînes de valeur

Au gré de la crise sanitaire et de ses conséquences riches en enseignements, les rengaines du made in France et de la relocalisation ont fait un retour en force. Et l’opinion publique se montre de plus en plus favorable au rapatriement de moyens de production en France et à des formes de business plus locaux. En ce sens, le gouvernement a lancé des aides à la relocalisation industrielle qui ont fait fureur en 2020. D’année en année, le phénomène s’accélère, nourri par la volonté affichée de réduire la dépendance économique et industrielle de la France vis-à-vis des pays asiatiques notamment.

Cette tendance semble en opposition avec le sempiternel modèle de l’économie fragmentée et mondialisée qui fonde l’économie capitaliste. Mais l’un et l’autre ne sont pas antinomiques. Comme le rappelle Sarah Guillou, économiste et directrice adjointe du Département innovation et concurrence de l’OFCE, « l’État ne cherche pas à relocaliser toute la chaîne de valeur, ce qui serait anachronique et même stupide au vu de ce que l’on sait aujourd’hui des chaînes de production ».

Une chose est sûre : les Français·es penchent de plus en plus pour le local : selon un sondage Odoxa-Comfluence, 90 % d’entre eux·elles désirent que l’État pousse à la relocalisation de la production de médicaments et des entreprises industrielles, et 60 % affirment privilégier la production de leur région, notamment côté alimentation. Et la tendance du local et du made in France trouve un écho dans le mouvement écologique. « Produire en France de la bonne façon, ça a un impact écologique positif direct, made in France et écologique sont directement liés », affirme Samuel Holichon, fondateur d’Another Way, jeune pousse française qui développe des solutions écologiques, à base de cire d’abeille notamment pour remplacer les produits jetables du quotidien.

Le made in France n’est pas un repli nationaliste

En outre, l’indication d’une production nationale ou régionale se révèle plus incitative à l’achat que le label bio, et devient un argument clé à impact direct sur les ventes pour 62 % des entreprises du made in France, selon un sondage de 2018. Et la promotion de la production locale s’avère un argument et un marqueur politique de plus en plus plébiscités. L’État l’a bien compris qui s’applique à orienter les stratégies des entreprises vers un retour fort au marché français : « L’enjeu n’est pas de se contenter de faire revenir ceux·celles qui ont fait le choix de partir, mais plutôt de faire naître des capacités de production en rendant le tissu productif plus attractif et dynamique », conclut Sarah Guillou. C’est certain, l’entreprenariat local a le vent dans le dos et l’avenir fringant.
Action : d’où viennent les composants de votre offre ? Comment afficher un ancrage France de vos services ? Rechercher des fournisseurs domestiques, raccourcir le trajet des approvisionnements, et le faire savoir.

8 – La quête d’un sens et d’objectifs clairs pour les entreprises

Les jeunes générations qui entrent sur le marché du travail ont grandi dans un monde et une société de plus en plus conscients des enjeux sociaux, environnementaux, collectifs, humains… À tel point que le critère du sens, des objectifs et de l’engagement des entreprises s’impose comme très important au moment de candidater ou de faire un choix entre deux offres. À raison, les jeunes travailleur·ses se montrent exigeant·es. Et les entreprises qui ne présentent pas d’objectif clair ou significatif ont un mal croissant pour attirer les talents et les client·es. Or, cette recherche de talents est d’une importance stratégique considérable pour les sociétés, particulièrement celles qui évoluent dans un secteur où certains profils manquent cruellement (ingénierie, santé, informatique…). Preuve que la quête du sens lors d’une expérience professionnelle ne se limite pas au vœu pieux : 95 % des jeunes de la « génération Z » jugent ce critère important ou prioritaire, selon un sondage OpinionWay. Mieux, une majorité des jeunes travailleur·ses interrogé·es (57 %) se dit même prête à accepter un travail qui « paie » moins bien ou mal, mais qui a du sens. Le critère des objectifs de l’entreprise se place ainsi devant celui de la rémunération élevée (43 %) et du bon équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle (41 %).

Jouer sur les sens

Le « sens » d’un emploi ? Il correspond à l’envie de participer à créer une différence ou à défendre une cause, mais aussi le sens très personnel de correspondre à l’épanouissement individuel, l’apprentissage de compétences ou l’excitation des nouveaux défis. Parmi les sources de sens, on retrouve sans surprise la lutte contre la pauvreté, la transmission et l’accès au savoir, la préservation de la planète et de l’environnement ou l’engagement social en général.

Une partie des réponses à cette quête de sens se retrouve indéniablement dans la tendance d’un fonctionnement plus responsable des entreprises, pour laquelle la Responsabilité sociétale ou sociale (RSE) joue un rôle prépondérant. « Non seulement la RSE fait du bien aux entreprises, mais elle devient en plus indispensable. Du bien en termes de bien-être des salarié·es et des dirigeant·es, qui deviennent des acteur·rices à impact positif, ainsi que d’un point de vue économique. Une étude de la Banque de France de 2015 menée avec Audencia montre que les entreprises les plus RSE sont 13 % plus rentables », affirme Rémi Demersseman, président fondateur de la Fondation Oïkos, créatrice de la Cité de la RSE.
Action : vos sous-traitants sont-ils RSE (et votre entreprise, où en est-elle sur ce point) ?

9 – Protection de l’environnement et urgence climatique, l’heure est à l’économie durable

Voilà une tendance étroitement liée à la précédente, Un sens et des objectifs clairs pour les entreprises. L’urgence climatique n’est pas une menace qui plane loin au-dessus de nos têtes, c’est une urgence immédiate, actuelle. La crise sanitaire en est l’une des premières manifestations. La transition de l’économie, des modes de consommation et de production et donc des entreprises vers des comportements plus durables et éco-responsables s’impose d’elle-même. La tendance à la durabilité doit concerner et concerne chaque acteur·rice économique quel que soit son poids. Chaque entreprise se doit désormais de repenser ses activités et ses responsabilités vis-à-vis de son impact environnemental. Le concept d’entreprise responsable n’est plus marginal. À telle enseigne que les grandes entreprises ont saisi l’impact positif que présentent des campagnes de promotion de la défense de l’environnement. Greenwashing ou engagement désintéressé, chacun est juge (et la sanction tombe vite). Une lame de fond s’érige en facteur décisif pour la relance économique d’après crise sanitaire. Preuve en est, le plan France Relance, qui dresse les grands objectifs stratégiques de la relance économique française, place la transition écologique parmi les trois grands piliers, dotés de 30 milliards d’euros sur les 100 milliards dévolus au plan, avec notamment d’importants investissements pour la rénovation énergétique et thermique des bâtiments, et pour la mobilité durable.

Toute entreprise doit se vouloir eco-compatible

Là encore, en première ligne de cette tendance, les entreprises s’affirment comme autant d’acteurs clés. En atteste une tribune publiée le 3 mai sur le site du quotidien Le Monde : plus de 90 entreprises françaises et internationales, dont BNP Paribas, Air France-KLM, LVMH ou Airbus, appelaient à « une mobilisation collective pour faire de la relance économique un accélérateur de la transition écologique ». Aussi, les objectifs ambitieux de réductions des émissions de gaz à effet de serre et de l’empreinte carbone dont se parent les puissances mondiales auront un impact direct sur les entreprises, contraignant même. La création à venir du délit d’écocide, qui s’appliquera aux entreprises coupables de pollution intentionnelle avec des conséquences durables, est un inédit dans le droit français. Mais surtout – et c’est bien là où les entreprises trouvent leur compte – la transition écologique ouvre de nouveaux marchés, crée de nouveaux besoins, de nouveaux emplois. Du développement des énergies renouvelables à la mobilité durable (électrique, hydrogène, biocarburants…), en passant par l’essor du tri, du recyclage et de l’agriculture biologique, la tendance écolo est partout. Et transforme le monde de l’entreprise en profondeur.

Action : mon produit, mon service doit à tout prix se montrer éco-compatible. TPE ou PME, a fortiori grande entreprise, je dois organiser le tri des déchets, économiser les ressources, économiser l’eau (m’équiper en conséquence). Et le faire savoir. Créateur·rice d’entreprise, me poser la question du service ou de la production décarbonée que je puis offrir au marché du greenbusiness.

10 – Entreprises et lien social, les incontournables réseaux sociaux

L’engouement des jeunes et moins jeunes pour les réseaux sociaux (Facebook, Twitter, YouTube, Instagram, LinkedIn, TikTok…) confine au phénomène. À l’heure où la plupart des Français·es disposent d’un smartphone – et de plus en plus jeunes – l’utilisation des réseaux sociaux grimpe en flèche. Et la crise sanitaire a d’autant plus démocratisé et répandu leur usage. Dans ce contexte, et particulièrement durant les confinements, l’exploitation des réseaux sociaux s’est révélée idéale pour ne pas dire vitale pour les entreprises désireuses de maintenir un minimum d’interactions avec leurs client·es et de continuer à cultiver leur communauté. La tendance est ainsi à un investissement croissant des sociétés sur les réseaux, et à l’animation de plusieurs profils en simultané, car chaque réseau touche des publics particuliers et représente autant d’espaces d’expressions et de communication.

Une enseigne en ligne

Les avantages pour les entreprises sont limpides : les réseaux sociaux développent leur notoriété, leur visibilité et la confiance envers elles. Les messages diffusés s’adressent à un public plus large, développent une certaine proximité et des échanges réguliers avec des habitué·es ou des futur·es client·es et/ou partenaires. Plus intéressante encore, la prospection commerciale a indéniablement trouvé un nouvel eldorado en Facebook, LinkedIn, Twitter et consorts. Depuis plusieurs années déjà, nombre d’entreprises du prêt-à-porter, des cosmétiques, de la mode ou de l’alimentation font appel aux « influenceur·ses » pour promouvoir leurs produits auprès de leurs audiences considérables qui dépassent parfois plusieurs millions de followers. En créant et en diffusant du contenu original grâce à des intermédiaires ou par elles-mêmes, les entreprises bénéficient d’un outil de démarchage puissant et visible. Une façon également de nouer des contacts qualifiés à moindre coût. En la matière, le secteur des relations publiques et de la communication externe se réinvente au gré du développement des réseaux, alimenté quasi perpétuellement par les interactions sur les multiples plates-formes.

Bien sûr, l’omniprésence des réseaux sociaux dans nos vies n’en est qu’à son commencement. La France compte aujourd’hui près de 39 millions d’utilisateur·rices actif·ves, tous réseaux confondus, et les Français·es passent en moyenne 1 h 42 sur les médias sociaux chaque jour ! Au-delà des avantages en termes d’interactions externes, les nouveaux usages du travail (télétravail, usages numériques…) mènent également à l’exploitation de réseaux sociaux d’entreprise. Des outils de communication internes qui tendent à devenir incontournables.

Action : il n’est plus possible de rester hors réseau. Sans recruter un département entier de community managers, il vous faut exister, apprendre les codes, créer vos vitrines, vous plier aux règles de SEO (Search Engine Optimization, les règles d’écriture qui régentent le rang de votre site ou réseau sur le Web).

Au Sommaire du dossier 

1. Les 10 grandes tendances émergentes

2. Les régions championnes de la transition

3. Des entreprises génétiquement modifiées dans le monde ! 

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