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La rentrée 2020 ne ressemblera à aucune autre. Y compris dans le domaine de la formation continue et des programmes d’élitisme que sont les Executive MBA et les MBA. L’occasion de voir comment ces sésames vers de nouvelles perspectives de carrière vont évoluer au gré du contexte.
Toutes les écoles sont en ordre de bataille pour une rentrée sous le signe de l’agilité et de la flexibilité. Car au regard de la conjoncture, de nombreuses zones d’ombre planent sur les agendas des grandes écoles.
Premier sujet : la capacité des étudiants à rejoindre leur campus en raison de la complexité grandissante pour obtenir des visas, du ralentissement et du coût de la mobilité aéroportuaire, de la fermeture de certaines frontières. Au-delà de ces contraintes mouvantes, demeure aussi la réticence pour certain.es de revenir dans les amphis et de courir le risque d’attraper la covid.
Cela dit, nombreuses sont les écoles à enregistrer paradoxalement des recrutements très encourageants. « Le recrutement pendant le confinement au premier semestre 2020 est record, malgré la crise du coronavirus et nous ne sommes pas un cas isolé. Pour l’instant, nous estimons que 80 % de notre promotion sera présente physiquement à la rentrée du MBA », constate Thomas Jeanjean, directeur général adjoint en charge des programmes post-experience Essec Business School. Pas isolé, non, en attestent les chiffres de Kedge qui enregistre un plus 17 % d’inscriptions sur ses programmes de type MS et MSc. Face à cette nouvelle donne, les grandes écoles déploient de nouveaux dispositifs. Du jamais vu, tant en termes de contenus pédagogiques que d’animation des cohortes. « Il a fallu trouver des solutions souples et agiles. Nous avons opté pour la mise en place d’une pédagogie duale. Un étudiant aura la possibilité de suivre le cours de façon classique ou de se connecter à la salle, explique Thomas Jeanjean. De prime abord rien de neuf à l’heure des meetings Zoom et autres Teams qui aujourd’hui rythment nos journées. Mais l’originalité tient davantage dans la mise en place de nouvelles technologies qui vont inaugurer une expérience à distance de très grande qualité. De nombreuses salles de cours ont été ainsi équipées de micros au plafond, de caméras et d’un écran de rappel, un peu à la façon d’un concert en live. L’étudiant qui se connecte voit les slides du cours, converse avec les autres participants et assiste à la démonstration du professeur en action. L’objectif est de créer une expérience à distance la plus qualitative et d’être le plus proche de l’expérience vécue dans une salle de cours en présentiel. »
Numérisation des événements : gamification et refonte des formats internationaux
Autre innovation davantage déployée sur les sites de Cergy Pontoise et de Singapour : la mise en place de nouveaux formats numériques intercampus pour maximiser les échanges.
« Avant la crise sanitaire, nous organisions des rencontres entre les participants de Cergy et ceux de Singapour. Pour pallier les restrictions en termes de mobilité, nous allons produire de nouveaux événements numériques en s’inspirant de notre Digital Week Competition », complète le dirigeant Essec. Pour information, la Digital Week Competition est un événement dans lequel cinq entreprises adressent un sujet sur le numérique. Les équipes des deux campus ont alors 72 heures pour apporter une solution à la question. « Pour ce type de projet, on a revu l’ingénierie pédagogique du dispositif et le rôle des coachs. On a dû également réinventer des éléments pour garder la tension. Le format full digital est également plus court et se déroule sur 48 heures. Ce format à distance exploite le décalage horaire et challenge les équipes sur 48 heures en continu. » Une plus grande gamification de l’événement a également été prévue pour garder une émulation malgré la distance et la façon asynchrone de collaborer entre les équipes internationales.
Le réseautage et le relationnel, talon d’Achille des MBA durant cette crise ?
Dans de nombreux programmes d’Executive Education et c’est d’autant plus vrai pour les MBA, la dimension réseautage et relationnelle, le service carrière, le coaching et les rencontres d’entreprises font partie des éléments décisifs lorsque l’on opte pour ce type de formation. Thomas Jeanjean : « Des expérimentations seront déployées à plus grande échelle. Mais nous tenons surtout à créer une expérience numérique de qualité. Le digital simplifie l’invitation à participer des cadres et des experts de renom international. La crise sanitaire a joué comme pour de nombreuses entreprises le rôle d’un accélérateur de l’innovation. De quoi proposer une offre de formation plus riche et plus flexible ». Pour maintenir la qualité des échanges, intervenants comme participants recevront dans leur welcome pack un casque de réalité virtuel. À l’image de la pédagogie duale, l’objectif est de recréer les conditions du physique avec les nouvelles technologiques. Équipé.es de ces lunettes high-tech, les connecté.es parleront avec un ou plusieurs cadres dans un secteur donné quand ils.elles ne participeront pas à des visites d’entreprise. Reste à savoir si nos programmes français, malgré les contraintes actuelles, séduiront davantage de publics avec cette accélération numérique.
Geoffroy Framery