Temps de lecture estimé : 2 minutes
Vous ne vous lassez pas de les visionner sur YouTube entre deux bouclages de rapports et de plan stratégiques ? Vous vous rêvez à la place de l’orateur ? Les conférences TED Talks et leurs déclinaisons TEDx, devenues un véritable phénomène de société, pourraient constituer pour votre boîte un vrai booster de notoriété. Mais comment se glisser sur scène ? Pas si simple…
Les TED Talks, c’est aujourd’hui l’assurance absolue d’un contenu de qualité. Le réflexe est là : quand on veut entendre quelqu’un parler intelligemment sur un sujet quel qu’il soit, on se dirige sur YouTube et on regarde s’il n’y a pas une vidéo sur le sujet qui vous intéresse avec le fameux rideau rouge en arrière-plan. Il faut dire que dans une société avide d’information et accro à la vidéo, le format choisi est idéal : 18 minutes, une scène réduite à sa plus simple expression, dans des salles de taille plutôt modeste et des intervenants sélectionnés parce qu’ils sont intéressants. Qui dit TED Talk, aujourd’hui, dit expert. Souvent disruptif.
Dès leur début en 1990, les conférences annuelles TED, tenues sur cinq jours, étaient devenues des références grâce au mélange de la qualité des intervenants, du format innovant et de l’ouverture des sujets. Devant le succès, l’association – devenue non lucrative en 2001 ‒ lance les TED Global… autour du globe. Mais l’explosion d’une authentique popularité date de 2006, quand se lancent les TED Talks et que les organisateurs publient leurs six premières vidéos sur le web : en un mois, elles dépassent le million de vues ! Les chiffres, depuis, ne cessent de gonfler. Le milliard de vues a été dépassé il y a longtemps, en 2012. L’intervention la plus regardée porte sur l’école et la créativité. Elle a été vue plus de 52 millions de fois…
Comment devenir un speaker ?
On l’a compris : devenir un intervenant dans une conférence TED a de quoi donner un vrai boost à sa réputation – et à l’image de son entreprise, qu’on en soit le patron ou un employé. Simon Sinek, le conférencier de l’un des TED Talk les plus regardés (40 millions de fois en 9 ans) sur le leadership, a, depuis, écrit plusieurs best-sellers et continue à donner des conférences autour du monde.
Décrocher une place au soleil sur la scène TED ne semble pas a priori si difficile – du moins sur le papier. Tout le monde peut aller sur le site de la fondation et soumettre le nom de quelqu’un (y compris le sien), en expliquant pourquoi il pourrait camper un speaker intéressant (si l’on se suggère soi-même, il faut ajouter le résumé de son idée). Les équipes de sélection de TED font le reste. Évidemment, les candidats sont nombreux et les places par définition limitées…
Heureusement, en 2008, TED a lancé les TEDx pour parrainer des événements locaux organisés indépendamment. En général, ils suivent un processus de sélection similaire. Il s’en produit beaucoup : plus de 50 000 ont été organisés depuis 2008. Et certaines interventions sont diffusées par TED.com, comme celle de… Simon Sinek. Selon la fondation, le total de visionnage des vidéos issues d’événements TEDx dépasse le milliard. Mais la compétition reste rude : selon Tamsen Webster, directrice de TEDx Cambridge, « avec environ 25 000 vidéos TEDx pour 40 ou 50 emplacements disponibles », les chances d’être sélectionnés sont plutôt minces.
Se couler dans le genre
La principale difficulté, en fait, reste le format. Les conférences TED veulent des intervenants capables de produire des interventions pile dans la durée imposée. C’est presque devenu un modèle de présentation orale en tant que tel. Simplicité – dépouillement presque, l’utilisation de graphes ou autres supports est réduite à l’essentiel ‒, clarté du message, brièveté… Un TED Talk ne s’improvise pas : il faut répéter, préparer, éclaircir son idée, garder un fil directeur… Bref, se forger un vrai talent, et d’acteur et de conteur et d’expert. Faire rire la salle, l’emballer, la séduire et… la convaincre. Même si, comme le souligne Tamsen Webster, « la plupart des événements proposent le service de coach », c’est beaucoup de travail. C’est l’autre intérêt des TEDx : ils sont l’occasion de se familiariser avec le style TED (sinon, il existe aussi des TED Talks sur… comment réussir un bon TED Talk). Les exigences du genre – simplicité, aller à l’essentiel, engager l’audience – sont pour beaucoup dans la viralité des vidéos. Cette contrainte donne aux TED Talks des bénéfices plus immatériels – mais bien réels. « La brièveté force l’intervenant à atteindre une clarté et une structure dont on n’a pas besoin lorsque l’on dispose de 45 minutes », explique Tamsen Webster. C’est en réalité une vraie leçon sur comment parler en public, comment présenter ses idées de façon claire, concise et intéressante. Dans un univers encore dominé par Power Point, c’est un vrai atout pour une carrière. L’autre bénéfice se révèle tout aussi essentiel. Les événements, qu’ils soient TED ou TEDx, sont l’opportunité de rencontrer des personnes d’horizons variés, de futurs associés, partenaires, collaborateurs, des idées neuves, constructives, enthousiasmantes. Le réseau TED est une mine. Reste à vous y immiscer. C’est un parcours au moins aussi initiateur qu’un adoubement en franc-maçonnerie !
Jean-Marie Benoist