Provence-Alpes-Côte-d’Azur : Sea, Innovation and Sun

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Sea, Innovation and Sun

En consolidant et en diversifiant ses savoir-faire dans le numérique, l’énergie ou encore les filières portuaires et maritimes, la région PACA compte bien être connue internationalement pour d’autres raisons que ses 300 jours de soleil par an…

Ils sont quelque 30 millions, en provenance du monde entier, à venir profiter chaque année du climat exceptionnel de la Provence, de ses collines singulières, de ses sites époustouflants. Un succès touristique permanent synonyme de manne financière pour la célèbre région du sud-est. Mais la concurrence est rude. D’autres destinations lui volent déjà la vedette. Une des raisons qui rend la diversification économique d’autant plus indispensable. Les décideurs locaux l’ont bien compris et misent sur un maître-mot pour y parvenir : l’innovation. Le mot est sur toutes les lèvres, sur toutes les feuilles de route qui planifient les développements sectoriels. Des technologies de l’information et de la communication à la transition énergétique, en passant par le potentiel des secteurs maritimes et portuaires, on se base sur les savoir-faire existants pour les moderniser et répondre à la demande du 21e siècle. Au cœur de cette dynamique se trouve le rapprochement des acteurs publics et privés, afin de créer les écosystèmes qui favorisent la croissance régionale.

Le potentiel de la mer tourné vers l’avenir

Tels un phoenix des mers, les chantiers navals de La Ciotat renaissent de leurs cendres. Connue pour le dramatique déclin de son activité portuaire dans les années 1980, la ville trouve désormais un nouvel élan, symbole du renouveau local. Les anciennes friches industrielles ont tout simplement laissé place à un site réputé pour ses infrastructures spécialisées de maintenance et de réparation destinées aux yachts les plus impressionnants. Les plus grandes fortunes au monde portent donc un intérêt à ce lieu. Une quarantaine d’entreprises réparties sur 34 hectares redonnent vie aux savoir-faire locaux. Marseille, sa proche voisine, joue bien sûr un rôle central dans un volet plus industriel du secteur maritime. Depuis quelques années, la croissance du trafic de conteneurs retrouve des couleurs et fait même mieux que bon nombre de ports concurrents du sud de l’Europe.

Autre acteur majeur de la filière portuaire en pleine métamorphose : Toulon et ses environs. Le technopôle de la mer, réparti sur les sites d’Ollioule et de la Seyne-sur-Mer, se distingue par sa spécialisation forte sur les domaines de la sécurité, de la sûreté maritime, ainsi que les hautes technologies marines et sous-marines. « Le groupe CNIM, qui conçoit et réalise des ensembles industriels clés en main, ou encore le groupe DCNS, autre spécialiste de renom de la construction navale, ainsi que l’ensemble des activités qu’ils drainent localement, jouent un rôle crucial dans les développements et l’innovation », mentionne Manuel Vanni, chef du service du développement économique au sein de la Communauté d’agglomération de Toulon Provence Méditerranée. Le technopôle accueillera à terme plus de 5000 emplois créés sur quelque 32 hectares autour de l’innovation et du secteur tertiaire. Les projets relatifs à la mer feront inévitablement partie des enjeux à venir, comme le laissent supposer les chiffres. Le secteur maritime représente 450000 emplois à l’échelle nationale, selon la dernière enquête de l’Insee. 126000 d’entre eux sont situés en région PACA.

French Tech : un coup de fouet pour le numérique

« L’écosystème numérique, c’est-à-dire la complémentarité entre les entreprises, les universités et les collectivités, existe et fonctionne. Il existe une vraie compétence numérique à l’heure actuelle à Toulon », assure Patrick Valverde, directeur de l’association d’entreprises Toulon Var Technologies (TVT). Du côté des Alpes maritimes également, « les technologies de l’information et de la communication, tout comme les sciences du vivant, font partie des piliers de l’économie de demain », rappelle Bernard Kleynoff. Et quand vient se greffer sur ce potentiel la précieuse labellisation French Tech, c’est toute une région qui s’anime.

A Toulon, le numérique représente 1300 sociétés, 6000 emplois et un nombre de créations d’entreprises qui explose. Niché au cœur de la ville, le site de l’ancien hôpital Chalucet est en pleine reconversion avec le développement de la future Cité de la connaissance et du Numérique Toulon Ruche Digitale, un quartier innovant et créatif. Sur le site sont amenés à se côtoyer des écoles et universités, des accélérateurs et structures d’innovation ouverte, des pépinières et incubateurs, des business angels et acteurs du financement de projets.

Pour Bernard Kleynhoff, « la labellisation French Tech est également importante en raison de la visibilité essentielle qu’elle apporte. Ce n’est pas le tout d’avoir des atouts. Encore faut-il que ceux-ci soient connus. Nous mesurons d’ores et déjà les bénéfices sur ce plan, en particulier à l’international. A l’occasion du dernier CES (Consumer Electronic Show) à Las Vegas par exemple, nous avons indéniablement constaté un regard différent de la part des intéressés. Des échanges se mettent également en place actuellement en matière de cybersécurité avec des acteurs en Israël, un territoire bien connu pour son potentiel de start-up. »

Une marque régionale pour changer d’image ?

L’idée alimente les débats de plus en plus souvent : associer les forces régionales à une marque pour améliorer l’attractivité et contrer la menace concurrentielle croissante, comme dans le tourisme. Certes, il n’y a pas péril en la demeure. Avec un chiffre d’affaires d’environ 15 milliards d’euros par an, la région PACA joue toujours un rôle prépondérant dans le secteur. Elle occupe le deuxième rang national derrière l’Île-de-France. Mais certaines destinations en vogue, non loin de là, comme la Croatie, contribuent à redistribuer les cartes. Le président du Medef en Provence-Alpes-Côte d’Azur, Jean-Luc Monteil, fait part de son inquiétude sur ce plan, estimant que « les attentes changent. La nouvelle génération tend à préférer Londres, Barcelone ou Milan ». Dans le domaine entrepreneurial également, « les entreprises se heurtent à des refus pour des raisons d’image, ce dont Paris, Lyon ou Bordeaux ne souffrent pas ».

Il existe bien sûr le label Provence qui a le mérite d’unir quatre départements qui sont les Bouches-du-Rhône, le Vaucluse, le Var et les Alpes-de-Haute-Provence, lesquels se donnent pour mission de promouvoir ensemble leur territoire, conformément aux souhaits de l’Etat. Un budget de 1,7 million d’euros leur est alloué dans ce but. Il s’agit d’un « contrat de destination » qui invite les départements à œuvrer davantage main dans la main, notamment en faveur de l’attractivité touristique, en mettant en avant leur art de vivre. Mais pour bon nombre de responsables, c’est là une démarche insuffisante. Parmi les projets cités en exemple, il y a Lyon et son étiquette « Only Lyon », qui par cette initiative a fédéré les choix politiques et les stratégies d’entreprises autour d’une même bannière.

Vers un déploiement de réseaux énergétiques intelligents

Sous l’impulsion de la CCI de Nice Côte-d’Azur, le département des Alpes Maritimes se veut être un véritable laboratoire de l’efficacité énergétique. Les smart grids, destinés à utiliser les nouvelles technologies pour gérer et optimiser les consommations d’énergie, occupent un rôle de plus en plus important. « Nous avons développé de nombreux projets de démonstrateurs, en nous appuyant sur un écosystème public/privé spécifiquement conçu pour soutenir les enjeux désormais stratégiques que représente cette filière », explique Bernard Kleynhoff, président de la Chambre de commerce. Plus de 50 millions d’euros ont d’ores et déjà été investis dans des projets R&D dans ce domaine, au sein du département.

Dès 2010, la CCI de Nice Côte-d’Azur avait affiché sa volonté de prendre part au potentiel que recèle le passage à une nouvelle manière d’utiliser l’énergie. Les bâtiments des quartiers de l’Eco-Vallée de la Plaine du Var, répartis sur un territoire rassemblant plus de 10000 entreprises qui emploient environ 60000 personnes, font partie des sites d’expérimentation intégrant les fonctionnalités intelligentes. « Les projets de l’Eco-Vallée sont une démarche d’intérêt national qui doivent donner un rayonnement particulier à notre région », indique Bernard Kleynhoff. La Chambre précise que l’objectif final est de diffuser cette nouvelle manière de s’approprier l’énergie à une large échelle, aussi bien au niveau d’une métropole que du département.

L’application des principes d’efficacité doit se traduire par le développement d’un haut niveau de production d’énergie renouvelable, la gestion de la recharge et de la décharge des véhicules électriques sur le territoire, les solutions de stockage d’énergie, la fabrication de dispositifs de stockage d’énergie, l’implication du consommateur en tant que « consom’acteur », et la définition de ces critères dans le cahier des charges des aménageurs, quels qu’ils soient. Dans le département des Alpes-Maritimes, l’énergie est une thématique d’autant plus essentielle que les besoins sont en forte croissance. En 1950, on comptait environ 95 millions d’habitants dans les 20 plus grandes villes du bassin méditerranéen. Ce nombre sera porté à 378 millions d’ici 2025, dans un contexte où près de 85% de l’énergie consommée localement est d’origine fossile.

Penser l’innovation dans sa globalité

A chaque stade son accompagnement. C’est ce principe qui habite les initiatives locales cherchant à booster le développement des entreprises. Avec en toile de fond le Programme d’investissements d’avenir (PIA) et ses généreuses enveloppes, l’incubateur d’entreprises de Paca Est fait germer un nombre croissant de projets prometteurs, généralement sur 18 mois, avant de passer le flambeau à InnovaGrasse, une pépinière d’entreprises qui accueille des structures sur une longue période, parfois jusqu’à trois ou quatre ans, afin de les faire gagner en maturation. Les secteurs des parfums, des arômes, des produits cosmétiques, mais aussi des biotechnologies constituent près de 70% des filières représentées au sein de la structure. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication forment l’essentiel des activités restantes. InnovaGrasse évolue également main dans la main avec Business Accelerator 06 qui propose un fonds d’investissement ainsi que des conseils et services favorisant l’accélération du développement (optimisation des business plans, accompagnement managérial…). L’objectif de l’offre de soutien aux entreprises est de ne pas se limiter à l’aide à la création, mais d’intégrer celle-ci à un service global répondant aux besoins de chaque société en fonction de son âge. Certaines entreprises accompagnées comme Ecoat, spécialisée dans la conception de résines végétales pour la production de peintures écologiques, ou encore FeeliGreen, qui commercialise des patchs de régénération cellulaire par électro-stimulation pour le traitement des rides et ridules, figurent parmi les fiertés locales.

Le même schéma commande les développements dans les Bouches-du-Rhône et le Pays d’Aix. « Notre pépinière de Meyreuil accueille des start-up pendant une période d’environ deux ans, après laquelle c’est l’hôtel d’entreprises de Gardanne qui prend le relais. Il y a bien sûr un accompagnement important mais l’intérêt se situe aussi dans l’émulation dont profitent les sociétés d’un même secteur d’activité, les partages de connaissances, d’expériences », souligne Isabelle Corbin, directrice de Pays d’Aix Développement. Ces structures sont fortement orientées dans la micro-électronique, les technologies robotiques, les dispositifs sans contact NFC.

Mathieu Neu

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