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Fertilisation en deux temps (trois mouvements)
En quête de relais de croissance, de nombreux territoires se tournent d’abord vers les TIC, qui irriguent par la suite tous les autres secteurs.
«Se transformer ou mourir », titre Jean-Louis Beffa, président d’honneur du groupe Saint-Gobain, dans un livre qu’il consacre à la nécessité pour les entreprises de négocier sans attendre le virage du numérique et de tourner ainsi résolument leur activité vers l’avenir. Une formule choc, un enjeu fort auquel de nombreux territoires semblent désormais être sensibilisés, à en juger par la multiplicité des projets relatifs aux technologies de l’information et de la communication (TIC) qui ont récemment vu le jour.
Secteurs industriels concernés
Les Hauts-de-France affichent de grandes ambitions en la matière. « La cybersécurité, les FinTech, les innovations monétiques, les productions industrielles intelligentes et bien d’autres spécialisations sont de véritables fers de lance sur notre territoire. La transformation numérique est un des grands axes de notre développement stratégique régional », indique Karine Charbonnier, vice-présidente des Hauts-de-France en charge de la formation et des relations avec les entreprises. Conscient de la nécessité de se tourner vers l’avenir, le groupe automobile PSA a accompagné l’éclosion de Talk To My Car. « Il s’agit là d’un de nos nouveaux champions régionaux », se réjouit Karine Charbonnier. La start-up vient d’élaborer un chatbot conçu avec un boîtier qui permet de communiquer avec une voiture à distance à partir d’une simple page Facebook, par le biais d’un smartphone. Le niveau d’essence, le verrouillage du véhicule et bien d’autres données techniques peuvent ainsi être consultés à tout moment. Ce projet a été soutenu par EuraTechnologies, le pôle d’excellence lillois dédié aux TIC et à la filière numérique.
La nouvelle structure Soladis Connect, implantée à Roubaix, profite elle aussi de l’écosystème local. Elle propose un service sur mesure d’acquisition de données par le biais de capteurs. L’objectif est l’harmonisation des usages des équipements connectés et des algorithmes de calcul qui les exploitent. Soladis Connect définit les réponses les plus adaptées possible pour relever les paramètres souhaités par ses clients industriels, conformément à leurs critères de robustesse, de répétabilité et de précision.
Renouvellement incessant dans les TIC
L’année 2016 a par ailleurs fait naître des lieux emblématiques consacrés aux TIC et au potentiel numérique, comme le Lab’O, en région Centre-Val de Loire. Cet incubateur orléanais est destiné à accueillir une centaine de start-up sur ses quelque 4500 mètres carrés. L’une des premières sociétés à avoir élu domicile sur ce site est une jeune structure baptisée Géonomie. Elle est spécialisée dans la digitalisation des mobilités urbaines et développe une application visant à optimiser les itinéraires pour des personnes en situation de handicap. L’offre se distingue par sa grande précision de guidage. Les solutions proposées sont personnalisées, adaptées au type de handicap de l’utilisateur – qu’il soit d’ordre moteur ou mental –, et disponibles en temps réel. Autre jeune pousse du Lab’O qui attire d’ores et déjà l’attention : Mashup Studio, qui œuvre à l’élaboration d’outils vidéo intuitifs et pédagogiques. Elle a notamment mis sur pied un système atypique de réalisation de films à destination des publics scolaires et des associations positionnées dans le domaine de l’éducation par l’image. La démarche vise à manipuler des objets tangibles : la sélection d’images, de sons et musiques se fait en posant ces derniers sur une table spéciale prévue à cet effet.
A noter que la ville voisine de Chartres vient elle aussi d’inaugurer sa Cité de l’Innovation, destinée à promouvoir l’émergence de start-up du numérique dont les offres trouvent notamment des applications dans le secteur local de la cosmétique et des biotechnologies. « Il s’agit là d’une filière d’avenir qui grandit en permanence, à la croisée de plusieurs domaines d’activité, dont nous ne connaissons pas encore les limites et dans laquelle le numérique trouve tout à fait sa place », souligne Loïc Brehu, vice-président de Chartres métropole.
Accélérateurs et incubateurs en première ligne
A Brest, les Ateliers des Capucins, inaugurés l’an passé, ont vocation à devenir le centre névralgique de la Brest Tech+. Environ 5000 mètres carrés y sont consacrés à des espaces collaboratifs pour des start-up du numérique. Le site doit être un carrefour de projets novateurs, et aider à accroître les collaborations avec d’autres acteurs comme l’accélérateur West Web Valley ou les territoires impliqués dans la démarche Brest Tech+ tels que Lannion, Quimper ou Morlaix. L’incubateur de l’ouest de l’Institut Mines Télécom IMT Atlantique, qui œuvre sur les campus de Brest, Nantes et Rennes, joue lui aussi un rôle central, en propulsant sur le devant de la scène de jeunes acteurs comme Smartviser qui a mis au point une solution de tests automatiques pour évaluer les réseaux et les appareils mobiles. Grâce à une application mobile installée, il est ainsi possible d’analyser les équipements à partir d’indicateurs tels que le débit, la température matérielle, le temps de chargement d’une page web. « Nous proposons aux entreprises du secteur un accompagnement aux côtés des agglomérations, des structures d’accompagnement, des instituts de technologies, ou encore des universités, afin de faire émerger les collaborations les plus constructives, autour de la marque Bretagne », explique Ronan Dollé, responsable du pôle Innovation au sein de l’agence Bretagne Développement Innovation.
Dans la catégorie des structures les plus prolifiques, l’accélérateur francilien Numa, anciennement nommé Le Camping, donne également naissance à de futurs champions, à l’instar de la start-up WePopp, créatrice d’un service d’assistance doté d’une intelligence artificielle de pointe, permettant de créer et organiser des événements professionnels. Une autre offre séduisante issue de Numa est celle de Phantombuster qui propose d’automatiser la navigation web en s’appuyant sur la collecte de données sur des sites internet. La recherche de profils sur un réseau social, la veille sur le prix d’un produit sur plusieurs plateformes en ressortent grandement simplifiées.
Mathieu Neu