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Si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à 1,5 degré, le changement climatique deviendra sûrement la principale cause de perte de biodiversité.
Tous les deux ans, l’ONG WWF analyse la perte de la biodiversité à l’échelle planétaire, et nous fournit des jalons d’actions à venir pour agir. Son dernier rapport « Planète vivante » nous avertit que l’humanité est confrontée à deux urgences provoquées par l’homme et intrinsèquement liées. Celle du changement climatique. Et celle de la perte de biodiversité.
La planète a accusé une chute de 69 % en moyenne de l’abondance relative des populations d’animaux sauvages entre 1970 et 2018. L’Amérique latine présente le plus grand déclin régional (94 %), tandis que les populations d’espèces d’eau douce ont connu la plus grande baisse à l’échelle mondiale (83 %).
L’agriculture pluviale utilise 80 % des terres cultivées dans le monde et se montre responsable de 60 % de la production alimentaire totale. La destruction des forêts pourrait donc mettre en péril la sécurité alimentaire de milliards de personnes et les moyens de subsistance de millions d’autres. Tous les voyants sont au rouge ! Et, évidemment, il y a donc un lien entre le déclin de la nature et le changement climatique.
Si nous ne parvenons pas à limiter le réchauffement à 1,5 degré, le changement climatique deviendra sûrement la principale cause de perte de biodiversité. La tendance au déclin des populations de vertébrés se poursuit : un million de plantes et d’animaux sont menacés d’extinction ! L’abondance des populations et la diversité génétique ont diminué et les espèces perdent leurs habitats tributaires d’un climat favorable. L’ONG appelle les gouvernements à adopter « un accord mondial ambitieux pour sauver les espèces sauvages », à l’occasion de la 15e Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (COP15), qui se déroulera à Montréal en décembre.
La perte de nature, « plus simplement une question morale ou écologique »
Pour les experts du WWF : « Parvenir à une perte nette nulle de nature ne suffira pas. Nous avons besoin d’un objectif positif net pour restaurer la nature et non, simplement, de stopper sa disparition. Premièrement, parce que nous avons déjà perdu et continuons à perdre tant de nature, que nous devons rehausser notre ambition. Deuxièmement, parce que la nature nous a montré qu’elle peut rebondir rapidement, pourvu qu’on lui en donne la chance. » Le rapport évoque de nombreux exemples de « renaturation ». Comme les forêts ou les zones humides, tigres et thons, abeilles ou vers de terre – ce qui montre qu’il y a une chance d’atteindre un bilan « nature » positif d’ici à 2030.
La biodiversité joue un rôle fondamental sur notre santé, la productivité et la stabilité des nombreux systèmes naturels dont dépend toute vie sur Terre. L’homme ne peut continuer à dominer le monde naturel, et puiser sans limite dans ses ressources – en les répartissant de manière inégale sans en subir les conséquences.
« La perte de nature n’est plus seulement perçue comme une question purement morale ou écologique. On s’accorde désormais sur ses répercussions néfastes pour notre économie, la stabilité sociale, le bien-être, la santé des individus et l’équité dans le monde », souligne l’étude de l’ONG. Si cette alerte lancée par WWF confirme l’ampleur des crises que nous traversons, elle conforte aussi l’idée que nous avons encore une chance d’agir. Cela va au‑delà de l’effort de conservation. Pour parvenir à un bilan nature positif, nous avons besoin de changements salutaires dans notre façon de produire, de consommer et de gouverner.
« Tout ce que nous faisons à la terre de bien ou de mal, c’est par conséquent à nous que nous le faisons. Il est vain de vouloir la santé et l’épanouissement de l’être humain sans guérir et entretenir ce qui lui transmet les substances, les forces et les énergies qui lui sont indispensables », avisait l’écologiste Pierre Rabhi.