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Avoir un cap clair pour la décennie 2030-2040, pour se doter de la capacité d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050.
Dans son dernier rapport « Tenir le cap de la décarbonation, protéger la population », le Haut conseil pour le climat (HCC) salue les progrès de la France dans la réduction des émissions de CO2 mais prône un changement d’échelle dans l’action. Notre empreinte carbone est estimée à 623 Mt éqCO2 en 2022, soit 9,2 t éqCO2 par personne. Elle est supérieure à la moyenne mondiale qui est, en 2022, de 6,8 t éqCO2 par personne. Cette empreinte a baissé de 8 % entre 2010 et 2019.
Bonne nouvelle : l’action publique pour réduire les émissions sur la période du deuxième budget carbone (2019-2023) permet de conclure pour la première fois que l’objectif de 2030 est accessible. Et si les politiques climatiques réalisent aujourd’hui des avancées significatives, elles demeurent insuffisantes pour atteindre la neutralité carbone en 2050. « Il devient crucial que l’action climatique protège efficacement les enfants, les ménages et les entreprises. Malgré des avancées importantes, les efforts d’adaptation restent en décalage par rapport aux vulnérabilités et aux besoins », souligne Corinne Le Quéré, la présidente du HCC. Elle appelle à ne pas relâcher les efforts et s’inquiète du retard pris dans la publication de textes législatifs indispensables pour encadrer la transition écologique.
Autre indication dans ce document : l’aménagement des villes qui n’évolue pas assez vite pour être à l’échelle du besoin de rafraîchissement des habitants des zones urbaines denses et pour limiter les risques d’inondations liés à l’intensité des précipitations. Le rapport suggère aussi la construction d’une offre touristique quatre saisons bas-carbone sobre, valorisant la préservation de l’environnement (slow tourisme, écotourisme, agritourisme, vélotourisme, tourisme de proximité) dans le respect des principes de transition juste.
Le HCC alerte sur l’accès aux matières premières critiques indispensables pour la transition (production de batteries, panneaux solaires, semi-conducteurs, etc.) qui pourrait créer de nouvelles dépendances, susceptibles de nuire à la sécurité d’approvisionnement européenne dans un contexte de tensions géopolitiques croissantes.
Comment prendre en compte les inégalités d’exposition aux risques climatiques ? Certains groupes comme les jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées, les handicapés, les ménages à faibles revenus, les personnes souffrant de maladies chroniques, les travailleurs en extérieur sont particulièrement exposés aux dangers climatiques. Ces inégalités, porteuses d’écueils sociaux nécessitent des actions d’adaptation spécifiques pour éviter leur aggravation.
A l’heure où les questions d’environnement sont éclipsées par une actualité politique brulante et le spectre d’une crise institutionnelle, ce rapport rappelle que la priorité climatique est essentielle quel que soit le gouvernement. Avoir un cap clair pour la décennie 2030-2040, pour se doter de la capacité d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Il nous livre 65 recommandations visant à consolider le cadre de l’action publique, protéger les ménages et les entreprises des impacts du changement climatique, tenir le cap de la décarbonation dans la durée et définir la contribution française en vue des prochaines étapes de l’action européenne et mondiale.