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PANORAMA
n°7
Regard sur l’Actualité
her lecteur, j’ai 28 ans. Déjà un licenciement derrière moi – j’ai toujours été précoce –, des études sans étincelles, trois grands-parents au cimetière, je suis toujours locataire de mon (petit) logement, et mon compte en banque manque cruellement de zéros. Depuis mon plus jeune âge, je n’ai entendu le soir, autour de la table de la cuisine, que des prophéties cataclysmiques sur la chute prochaine de la France. A 12 ans, j’entendais que le pays était en ruine. A 14, j’entendais que le pays était foutu. A 16, j’entendais que le pays était moribond. A 18, je compris que mes parents ne disaient pas toujours la vérité. Je pense ainsi être assez représentatif de ce qu’il est
C
Depuis quelques décennies, le moteur de la France semble grippé. Et ce n’est ni dans la boîte à outils des politiques, ni dans celle des économistes, que nous avons trouvé de quoi le relancer durablement. Et si la solution était à chercher dans la tête du conducteur, en remplaçant le scepticisme par l’optimisme, la résignation par l’enthousiasme, la crainte de l’avenir en foi d’aller de l’avant ?
Par Olivier Faure
L’an 2014 sera optimiste ou ne sera pas
coutume d’appeler le Français moyen, avec sa dose de petits malheurs. Disons le Français normal, j’ai ma fierté. Non, pas François Hollande, l’autre, le digne représentant des classes moyennes, elles aussi. Et en cette noble qualité, objectivement, je trouve que l’on vit bien en France, et que l’avenir, sans être radieux, s’envisage plutôt avec sérénité. Notre protection sociale est une des meilleures du monde. Notre économie possède des fleurons que le monde nous envie. Nos salariés sont parmi les plus efficaces de la planète. Notre démographie est une des plus dynamiques d’Europe. Notre soft-power ne se dément pas. Et pour couronner le tout, le way of life à la Française – essentielle-
ment le bon vin et le magret de canard le dimanche – doit en faire saliver plus d’un. Pourtant, les chiffres sont là, implacables. Selon un sondage IFOP pour Dimanche Ouest France publié début janvier, seuls 30% des
personnes interrogées se disent « optimistes » pour l’avenir. Soit le chiffre le plus bas sur une vingtaine d’années. Dans certaines catégories de population, le scepticisme est quasi plébiscité : 83% chez les sympathisants de l’UDI, 82%
Enthousiasme et optimisme ne sont-ils pas le terreau d’où sortira une France plus forte ?
fres ont des conséquences dramatiques. Craignant l’avenir, les Français se font économes, et consomment moins. Ayant peur de demain, ils hésitent à créer leur entreprise. Effrayés par le jour qui se lève, ils votent pour le statu quo plutôt que
chez ceux de l’UMP. Heureusement, les sympathisants EELV rétablissent un peu l’équilibre – 41% d’optimistes – quand ceux du P.S. font figure d’exception, avec 54% de sondés voyant l’avenir avec confiance. Malheureusement, ces chif-
pour l’innovation. Craignant pour leur pérennité – et parfois par intérêt –, les banques ne prêtent plus, les entreprises embauchent moins, les assurances n’assurent plus. Bien sûr, les difficultés sont réelles, les réformes struc-
turelles plus que jamais urgentes. Mais la première réforme ne doit-elle pas s’opérer dans les têtes ? L’élan, l’enthousiasme, l’optimisme, la foi dans son prochain ne sont-ils pas le terreau originel d’où sortira une France plus forte ? Certes, ce n’est