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n°7
Prospective
Le tourisme spatial est à un tournant de son histoire. Et pourrait nous emmener loin, très loin…
STATION-HÔTEL GALACTIC MIRALA, 31 JANVIER 2044 :
Une fois n’est pas coutume, je t’écris dans l’allégresse en contemplant la courbe de notre belle planète bleue, depuis le mégahublot renforcé de notre suite nuptiale. J’aperçois au loin le sous-continent indien d’où a décollé la fusée russe qui nous a transportés aux frontières de l’espace, dans cet hôtel 7 étoiles en basse orbite où le personnel – aussi bien humain qu’humanoïde – est à la hauteur des publicités 3D diffusées dans la rue. « Cher journal intime,
Voyage dans l’espace
CLUB ENTREPRENDRE
www.ecoreseau.fr
Que de chemin parcouru depuis que la société russe Orbital Technologies mettait en 2016 l’hôtel du Paradis en orbite à 320 kilomètres de la Terre. Il n’avait que quatre chambres à l’époque, pour une capacité d’accueil de sept personnes ! Dix fois moins qu’aujourd’hui. Je regarde le bouton déclenchant l’apesanteur, grâce auquel nous avons tant ri avec Marie cet après-midi. Et dire qu’il y a bien longtemps, dans les années 2013-2014, Richard Branson, un milliardaire anglais, proposait pour la première fois des vols suborbitaux à plus de 100 km d’altitude dans l’avion SpaceShip Two, afin de profiter à prix d’or de… quatre minutes d’apesanteur. Le coût a été divisé par dix, la sophistication des technologies multipliée par 100. C’est en pensant à ce progrès vertigineux que je savoure quelques gélules de chocolat concoctées par un grand chef. Tout est calme, lumineux. Je dévisse une capsule afin qu’elle me diffuse en 3D le contenu du mensuel international EcoRéseau. Le tunnel sous le détroit de Béring vient d’être terminé… Les FabLabs sont en grève dans l’Hexagone. Je me sens si loin de tout ça. Tiens, les premiers coups de pelle pour la construction d’habitations sur la Lune ont été donnés. Qui sait… Peut-être une prochaine destination pour Marie, moi et nos enfants à venir ? »
Ce voyage de noces restera à jamais gravé dans ma mémoire. Je ne sais pas comment Marie parvient à dormir paisiblement, avec dans la main un morceau rouge de la planète Mars, délicatement déposé comme un pétale de rose sur notre lit avant notre arrivée. Tout a été magique dès le début de notre séjour dans le parc autour du pas de tir, non loin de New Delhi. Je garde un grand souvenir des robots masseurs et des jeux vidéo aussi distrayants qu’utiles, puisqu’ils nous ont renseignés sur l’histoire du tourisme spatial et nous ont préparés physiquement et mentalement à la vie en orbite. Le programme à venir, qui apparaît sur la tablette flexible accrochée à mon poignet, me donne des frissons : excursion sur l’astéroïde Bigelow, du nom du milliardaire américain de l’hôtellerie qui a lancé sur orbite les premiers vaisseaux expérimentaux en 2015, et développé des structures modulaires habitables. Nuit au milieu des étoiles dans une capsule vitrée, de laquelle nous ferons le tour de la Terre en 90 minutes pendant 24 heures, ce qui permettra d’observer 16 couchers et 16 levers de soleil.
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"Cinq minutes pour prendre vos photos de la Terre et on rentre à l'hôtel !"
Matthieu Camozzi
Michel Messagier, coprésident de l’Institut européen du tourisme spatial (IETS), association de professionnels du tourisme et de l’industrie qui engage les pouvoirs publics à se lancer dans la course au tourisme spatial.