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PANORAMA
L
Au « ras-le-bol fiscal », Jean-Marc Ayrault a répondu par un big-bang fiscal. En annonçant en novembre une grande réforme de « l’hydre » français, le Premier ministre a tenu une promesse de campagne, réalisé un coup politique, mais peut-être ouvert la boîte de Pandore. Décryptage des enjeux et des chantiers à venir.
riches ne payent pas assez et 58% que les PME sont trop pénalisées. Une mauvaise humeur qui n’a pas été sans conséquences politiques, faisant chuter la popularité du couple exécutif dans des abymes rarement explorées et nourrissant les rumeurs sur le départ de JeanMarc Ayrault. Le 11 novembre, le député socialiste Malek Boutih appela même à remplacer « d’urgence » l’hôte
Réforme fiscale : révolution ou effet d’annonce ?
A la Une
n°7
’automne dernier, on a davantage parlé des feuilles d’impôts que des feuilles mortes. Bonnets rouges, Tondus, Moutons ou Dindons, dans la rue et sur Internet, les frondeurs fiscaux ont manié le slogan et le buzz pour protester contre telle ou telle réforme (écotaxe, hausse de la TVA, baisse du quotient familial…). Dans les sondages, les Français donnaient dans le « ras-le-
bol fiscal », comme dans le baromètre Yougov pour iTélé et le Huffington Pust de novembre, pointant que 81% des personnes interrogées jugent le système fiscal « injuste », 64% disent avoir été affectés par les hausses d’impôt au cours des 12 derniers mois, 57% jugent que les
Chaque ligne de la réforme sera potentiellement explosive
de Matignon, jugeant la France confrontée à une « crise exponentielle ». Le Premier ministre apporta finalement la réponse à ces critiques dans une interview donnée aux Echos le 19 novembre : « Le système fiscal français est devenu très complexe, quasiment illisible, et
Qu’en pense François Hollande ?
Lors de son meeting du Bourget en janvier 2012, devant une foule conquise, le candidat Hollande l’avait promis : « J’engagerai avec le Parlement la réforme fiscale dont notre pays a besoin ». Fort du succès recueilli en live, il l’a couché noir sur blanc dans ses « 60 engagements » : « Je veux engager une grande réforme fiscale ». Son engagement n°14 ? Un rapprochement entre l’impôt sur le revenu et la CSG. On pourrait donc s’attendre à ce que le président Hollande soit ravi de la déclaration de son Premier ministre, fidèle metteur en scène de ses engagements de campagne. Au lieu de ça, il semble avoir sorti les aérofreins. En effet, alors que Jean-Marc Ayrault espérait une réforme dès 2015, pour François Hollande, elle « prendra le temps nécessaire, c’est à dire le temps du quinquennat ». En décembre, à l’occasion d’un déplacement au Brésil et en Guyane, il en restreignait le champ : « Tout ce qu'on a fait depuis 2012 est sanctuarisé. Tout ce qui a été fait n’est plus à faire ». Hors de question, donc, de toucher au Crédit d’impôt compétitivité emploi (CICE), au Crédit d’impôt recherche (CIR), et aux modifications déjà apportés à l’impôt sur le revenu, à l’ISF et aux successions. La réforme fiscale a aussi été la grande oubliée des vœux du Président et de sa conférence de presse de mijanvier. Le signe qu’elle est lentement enterrée ?
FÉVRIER 2014