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PANORAMA
n°7
Regard sur l’Actualité
Valérie Pécresse
Ancienne ministre et députée des Yvelines
Faut-il être optimiste pour faire de la politique ? C’est même primordial ! Il faut être convaincu que les choses peuvent changer, que les problèmes peuvent se régler et qu’un jour, on parviendra à entreprendre les réformes qui n’ont jamais été. L’optimisme en politique, c’est de toujours croire en sa capacité d’agir. Cela revêt une importance toute particulière à une époque où beaucoup d’observateurs affirment la toute-puissance de l’économie et de la finance. Je suis convaincue que ce constat est faux : c’est bien le politique qui donne les directions, davantage encore que par le passé. La preuve, les pays qui se redressent actuellement le font grâce aux réformes qui y ont été entreprises. Le pire drame en politique, c’est de devenir amer et désabusé. de grève dans les universités, ndlr). A l’arrivée, il s’agit d’une réussite, et l’accueil qui m’est réservé dans les universités fait chaud au cœur. Cela prouve qu’en politique, quand on se donne à fond, il en ressort toujours quelque chose. C’est la fable Le laboureur et ses enfants.
© Elodie Gregoire
Dans la majorité ou dans l’opposition, appréhende-t-on les événements avec le même état d’esprit ? Ce qui est difficile lorsqu’on se trouve dans l’opposition, c’est le sentiment d’impuissance. Surtout en France, où le parti minoritaire a forcément tort, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays où opposition et majorité travaillent en bonne entente. Heureusement, à l’approche des élections, les choses évoluent ! Au Conseil régional d’Ile de France, dont je dirige l’opposition, il suffit de remettre à l’ordre du jour un problème qu’on évoque depuis plusieurs années pour qu’il soit réglé ! Quand on est dans la majorité, on appréhende les choses différemment puisqu’on possède les leviers pour agir. Cependant, il y a aussi des hauts et des bas. Quand j’ai porté la réforme des universités par exemple, j’ai connu de vrais moments de doute, où je me demandais si on parviendrait à se sortir de cette situation (De nombreuses organisations étudiantes s’étaient opposées à la loi, provoquant des mouvements
Quand ses idéaux se trouvent bousculés, par exemple… Bien sûr, il y a des moments de crise de foi, où l’on se demande s’il faut continuer. J’ai ressenti ça au lendemain de la guerre Fillon/Copé à l’UMP, qui fut un moment très difficile. Après avoir commis certaines erreurs ou suite à des défaites électorales aussi, on se demande si on possède encore l’énergie d’aller de l’avant. Mais on ne fait pas de la politique par hasard. Si on s’engage dans cette voie, c’est que l’on porte en soi un élan et une volonté inébranlables. Les hommes et les femmes politiques sont doués d’une formidable capacité de résilience.
Quels sont vos principaux motifs d’espoir pour l’année qui s’ouvre ? Que le gouvernement amorce son virage social-démocrate. Qu’il s’engage dans une véritable lutte contre le chômage, et mène enfin une politique de compétitivité, de baisse des impôts et des dépenses publiques. Je crains que ces vœux ne relèvent de l’utopie, mais après tout, François Mitterrand avait bien changé de cap en 1984 en nommant Laurent Fabius à Matignon. En ce qui concerne mon parti, je souhaite que l’on parvienne, via de bons résultats aux élections municipales, à incarner une alternance solide en France. Mais cet espoir rejoint le précédent, puisqu’in fine, il poursuit le même objectif : faire prendre conscience au gouvernement de la nécessité d’un changement de politique.
O.F.