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PANORAMA
n°7
Regard sur l’Actualité
Rama Yade
Conseillère régionale d’Île-de-France et vice-présidente du Parti Radical. Elle a été secrétaire d’Etat chargée des Affaires étrangères et des Droits de l’Homme et secrétaire d’Etat chargée des Sports.
Faut-il être optimiste pour faire de la politique ? Incontestablement. Au fond, la politique, c’est la volonté d’améliorer la vie des gens, du pays, et de se réaliser soi-même. Ce sont des intentions nobles, positives, qui relèvent d’une démarche optimiste par essence. C’est aussi un milieu où l’on prend des coups, où l’on connaît des défaites, et l’optimisme est un moteur qui permet de se relever, de se souvenir que l’objectif final est plus important que les péripéties. Au contraire des artistes qui ont besoin d’être parfois un peu pessimistes, un peu noirs pour pouvoir créer, les politiques ont besoin de cet optimisme, sans être dans l’excès. Pour un politique, être uniquement dans le pessimisme peut être un moteur pour lui, mais qu’est-ce que le pays a à y gagner ? Par exemple, les extrêmes sont d’une nature profondément pessimiste, ils pensent que tout va mal et que rien ne va s’améliorer et préconisent des solutions de repli, de rejet et d’exclusion. Ils sont pessimistes pour le pays, pour la nature humaine et peut-être même, au fond, pessimistes pour eux-mêmes, car ils admettent ainsi leur incapacité à résoudre les problèmes du pays et à aider les Français à rencontrer les aspirations les plus positives pour eux. Quand on est républicain, on est obligé d’y croire, car la République, c’est le progrès social, c’est la promesse que les enfants iront mieux que leurs parents, c’est la promotion sociale, l’ascenseur social. Quand on est républicain, on est obligé d’être positis dans ses idées, dans ses propositions. entrés dans un cycle de chômage et de précarité. Quand le taux de chômage est à deux chiffres depuis bientôt trois décennies, les gens ne voyant pas venir le bout du tunnel, il est normal qu’ils finissent par nourrir une forme de pessimisme. Ils se disent que les politiques ne sont pas capables, qu’on ne maîtrise pas la situation internationale… Le médiateur de la République Jean-Paul Delevoye parlait d’une société en situation de burn-out, avec un fatalisme et un renoncement généralisés. C’est très inquiétant, car nous sommes dans une période où la société n’est pas en mouvement, dans un élan de créativité. Mais on ne peut pas bâtir un projet politique sur le pessimisme, c’est pour cela que chaque élection présidentielle est l’occasion d’un rebond vers un nouvel optimisme, malheureusement souvent déçu après. L’Homme a besoin d’y croire, d’espérer. En politique, on est parfois dans le domaine de la foi.
© DR
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Olivier Pastré
Professeur d’économie à l’Université Paris VIII
Quels sont les motifs d’optimisme pour l’économie française en 2014 ? Il reste évidemment des problèmes graves, beaucoup de gens ont sous-estimé et sous-estiment encore l’ampleur de la crise. On peut envisager une amélioration en 2014 par rapport à 2013, mais il ne faut envisager une sortie de crise que dans cinq ans ou plus. Pour autant, contrairement à ce que l’on peut entendre, notamment dans les médias, les fondamentaux français sont très bons. L’équilibre démographique est parmi les meilleurs des pays développés. En moyenne, le patrimoine des Français est parmi les plus élevés, deux fois supérieur aux ménages allemands par exemple. Le monde entier considère la France comme attractive, si l’on prend en compte trois indicateurs. D’abord, le taux d’intérêt auquel nous empruntons sur les marchés est historiquement bas. Ensuite, les investissements directs par des entreprises étrangères en France reste à un niveau très élevé. Enfin, l’indice d’innovation est parmi les plus élevés au monde.
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FÉVRIER 2014