Pesticides : toxiques pour nous et bons pour eux !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

A cause d’une faille juridique, des substances toxiques déferlent en toute légalité dans pas moins de 41 pays !

Le CCFD-Terre Solidaire, l’Institut Veblen et l’association Intérêt à Agir viennent de saisir le Conseil d’État pour demander la fin des exportations, depuis la France, de pesticides interdits dans l’Union européenne (UE). L’objectif est d’élargir cette interdiction aux substances actives et faire annuler une circulaire de la loi Egalim. Or, cette circulaire, censée énoncer les conditions d’application de la loi, la rend en réalité inefficace. Elle indique que l’interdiction concerne les produits finis et pas les substances pures !

Le plaidoyer des associations est de réécrire la loi au sujet des pesticides pour que la France cesse de produire et d’exporter des substances actives dangereuses, interdites d’usage sur son propre territoire en raison de leur toxicité. En effet, malgré, cette prohibition votée en 2018, le gouvernement continue d’autoriser l’export de substances toxiques. 7 300 tonnes de pesticides interdits ont été exportées en 2023, dont 4 500 tonnes sous forme de substances pures. 80 % du volume total de ces pesticides interdits était destiné à des pays du Sud, au mépris de la santé et l’environnement de leurs populations.

A cause de cette faille juridique, ces substances toxiques déferlent en toute légalité dans pas moins de 41 pays : Brésil, Ukraine, États-Unis, Fédération de Russie, Argentine, Turquie, Japon, Tunisie, Afrique du Sud, Sénégal, Pérou, Canada… Dans ces pays, les règles d’utilisation sont moins protectrices qu’en Europe. On manipule ces substances risquées parfois sans gants, ni masque ni aucune protection ! On se préoccupe peu des intoxications massives chez les ouvriers agricoles dans les plantations de canne à sucre au Brésil ou de l’empoisonnement des enfants ivoiriens par le maïs contaminé !

Effet boomerang dans nos supermarchés !

L’absurdité est que ce danger, subi par les pays du Sud, finit par retourner chez l’envoyeur ! La France réimporte ces mêmes substances, sous forme de résidus dans les produits alimentaires provenant de ces mêmes pays. Effet boomerang, ces substances reviennent dans les rayons de nos supermarchés par le biais de l’importation de fruits, légumes ou épices traités avec ces pesticides. Une enquête menée par les journalistes de Vert de rage en septembre 2024 démontre que la production de substances pesticides interdites a des impacts sur l’environnement et notre santé. Un pomelo chinois contaminé par du chlorpyrifos, du raisin péruvien contenant de l’imidaclopride et une orange tunisienne présentant des traces de malathion, finissent leur course dans nos assiettes, nous exposant ainsi à des substances qui sont pourtant interdites dans l’Union européenne pour leur toxicité.

La gravité de ce scandale alimentaire est préoccupante car il est en totale incohérence avec les principes de la Charte de l’environnement, qui reconnaît le droit de chacun à un environnement sain. La législation en cours viole également la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne qui garantit la protection de la santé et de l’environnement. Elle ne respecte pas aussi la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui défend le principe de non-discrimination. Il est avilissant de continuer à autoriser des entreprises françaises à exporter des substances interdites chez nous ! Doit-on juger que la nocivité d’un produit s’arrête à nos frontières ! Il est donc urgent de renforcer les mesures de contrôle et la réglementation concernant les pesticides en intensifier les contrôles sur les produits importés et en harmonisant les normes internationales sur l’utilisation des pesticides.

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