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Par le fait de la combustion de charbon et l’industrialisation, le mercure se retrouve en grande quantité dans l’océan en s’accumulant au fil de la chaîne alimentaire marine sous sa forme la plus toxique, le méthylmercure.
C’est peut-être l’un des plus grands scandales sanitaires de la décennie et qui risquerait de secouer l’univers de l’alimentation. Bloom, association engagée contre la pêche industrielle et pour la protection des océans a fait analyser la teneur en mercure de près de 150 conserves de thon dans cinq pays européens (Allemagne, Angleterre, Espagne, France et Italie) et le verdict se révèle effrayant : 100 % des boîtes sont contaminées et plus d’une conserve sur deux dépasse la limite maximale en mercure fixée pour d’autres poissons, soit 0,3 mg/kg.
L’enquête révèle avec effroi que les lobbies de l’industrie thonière exercent une forte influence sur la détermination des normes du mercure dans les produits de la mer et ils ont complètement altéré le cadre réglementaire en leur faveur. Ainsi, ils ont réussi à faire bénéficier le thon d’une limite en mercure distinctive, trois fois plus élevée que celle allouée à d’autres poissons comme le cabillaud, l’anchois ou la sardine. En toute légalité, cette industrie a pu protéger ses profits en complicité avec les pouvoirs publics qui lui ont délivré une autorisation de nous empoisonner !
Rendre les normes plus contraignantes
Par le fait de la combustion de charbon et l’industrialisation, le mercure se retrouve en grande quantité dans l’océan en s’accumulant au fil de la chaîne alimentaire marine sous sa forme la plus toxique, le méthylmercure. Le thon empile les métaux lourds de ses proies et se contamine lourdement. Et ce méthylmercure finit sa course en pénétrant dans notre organisme quand nous le consommons. Pour rappel, le mercure est considéré par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme l’une des dix substances chimiques les plus dangereuses pour notre santé, au même titre que l’amiante ou l’arsenic. Il présente des risques graves pour l’organisme humain, et notamment pour le développement cérébral des fœtus et des jeunes enfants.
Nous devons nous interroger sérieusement sur ce laxisme et cette aberration de la réglementation européenne qui malgré la toxicité du mercure, a accepté jusqu’à 1 mg/kg dans le thon, contre seulement 0,3 à 0,5 mg/kg pour d’autres poissons ! Adapter la règlementation pour permettre aux industriels de la pêche d’écouler leurs stocks et que 95 % de leur thon puissent être vendus. Servir les intérêts privés au détriment de notre santé ! Il est temps de rendre les normes européennes plus contraignantes pour appliquer véritablement le principe de précaution. Le thon est le poisson préféré des Français qui consomment en moyenne 4,9 kilos par personne et par an. Les pouvoirs publics doivent faire toute la transparence sur les conditions de fixation des seuils de mercure dans ce poisson et les faire évoluer. Il en va de notre santé et du respect de l’intérêt général !
Mieux prévenir sur les risques encourus
Pour lutter contre cette contamination, Bloom lance une campagne pour interpeller les industriels et les distributeurs en partenariat avec les ONG Foodwatch et Ecologistas en Accion. Elle prône l’interdiction de la publicité pour le thon, ainsi que sa prohibition dans les cantines des crèches, écoles, maisons de retraite et hôpitaux. Mieux prévenir le public sur les risques encourus.
Rappelons que ce n’est pas la première fois que l’association Bloom dévoile les graves problèmes que pose la pêche thonière. Conditions de travail hasardeuses, violations de droits humains, méthodes de pêches destructrices de la vie marine, pratiques néocoloniales des flottes européennes… Des nombreuses enquêtes ont pointé des pratiques obscures et mensongères de la chaîne de production du thon, tant sur son impact carbone que sur la traçabilité de cette filière. Et aujourd’hui s’ajoute le scandale du mercure dans la boite de conserves ! Personne ne souhaite retrouver ce puissant neurotoxique dans son assiette !