Coûts cachés d’une mauvaise alimentation !

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Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003
Ezzedine El Mestiri, fondateur du magazine Nouveau consommateur en 2003

En termes de coûts l’État dépense 19 milliards d’euros par an, pour réparer les dégradations sociales, sanitaires et environnementales engendrées par notre système agroalimentaire.

Se nourrir à bon marché génère de lourds impacts pour la société, l’environnement et la santé que n’assimilent pas les prix réels de notre alimentation.

Il y a le prix affiché en rayon que nous payons à chacune de nos courses et il y a le coût caché, celui des effets néfastes des modes de production polluants, ou des aliments transformés dangereux pour notre santé. Selon un rapport inédit, réalisé par le Secours Catholique – Caritas France, le Réseau Civam, Solidarité, Paysans et la Fédération française des diabétiquesl’État dépense 19 milliards d’euros par an, pour réparer les dégradations sociales, sanitaires et environnementales engendrées par notre système agroalimentaire. Le double du budget alloué pour la planification écologique ! Un prix payé, par la collectivité pour soigner des maladies liées à la malbouffe et dépolluer les contaminations aux pesticides.

En plus, ce système bénéficie de 48,3 milliards d’euros par an de soutiens publics dont plus de 80 % sont alloués à des acteurs, adeptes d’une logique de course aux volumes. En additionnant ces subventions et le coût de la réparation, la note s’élève à 67 milliards d’euros, gaspillés sans pour autant que le citoyen dispose d’une agriculture vertueuse ou d’une alimentation saine.

D’une main on répare, de l’autre, on entretient la cause des dommages provoqués !

On marche vraiment sur la tête ! Comment est-on arrivé là pour subir un tel agencement : un système absurde bénéficiant d’aides publiques, d’exonérations fiscales qui fait supporter à la collectivité les conséquences néfastes de ses produits de mauvaise qualité et leurs ses effets sur la santé. Nous disposons d’une alimentation abondante, à un prix toujours plus bas. Mais au prix fort d’impacts négatifs pour la santé humaine, animale et celle des écosystèmes dans lesquels nous évoluons. Cette lourde note sanitaire dépasse les 12 milliards d’euros par an. Et ajoutons à ce désastre les 5,5 milliards d’euros annuels,  dépensés en publicité et communication en 2023 par les acteurs de la transformation, distribution et restauration qui nous orientent vers des produits trop gras, trop sucrés ou salés.

L’ampleur des coûts occasionnés par le système alimentaire en dit long sur l’incohérence des pouvoirs publics. D’une main on répare, de l’autre, on entretient la cause même des dommages provoqués ! L’aberration de payer deux fois : soutenir certains modes de productions non vertueux puis réparer les préjudices sanitaires et environnementaux qu’ils génèrent ensuite !

Inscrire le droit à l’alimentation dans la Constitution

Les auteurs de l’étude préconisent une démocratisation du système agricole et alimentaire par la participation des citoyens aux prises de décision. Le piloter vers le droit à l’alimentation et inscrire ce droit dans la Constitution. Renforcer les soutiens financiers pour l’alimentation de qualité avec des cartes prépayées qui permettent d’accéder à des lieux d’achat durable. Assurer la transparence des prix en rendant obligatoire l’information publique sur les taux de marges de la grande distribution. Veiller aussi que les accords de libre-échange et les conditions d’importation respectent les normes environnementales, sanitaires et sociales européennes.

La nourriture tient une place primordiale dans notre quotidien. Elle est un élément de plaisir et de bien-être et justement célébrée, comme la généreuse fertilité d’une terre et un apport de tous ceux qui contribuent à remplir nos assiettes. Pour notre bien et celui de notre planète, elle devrait être mieux traitée. Mais ne nous nous voilons pas la face ! Une récente étude du Credoc indique un recul, entre 2021 et 2023, de nos préoccupations environnementales et nos pratiques d’achats durables. Notre responsabilité de citoyen dans cet état de fait est aussi engagée. Nous sommes conscients que certaines pratiques agricoles occasionnent des dégâts sur l’environnement et la santé mais nous tardons à agir !

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