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Sarah Mellouki incarne cette force au coeur du monde de l’entreprise qui nous pousse à relever les défis, à dépasser les épreuves, à vaincre l’adversité.
Cosmecode, son entreprise, aide à trouver – grâce à l’IA – la carnation idéale pour choisir son maquillage.
Mère célibataire (« maman solo ») de quatre enfants, abonnée au RSA, Sarah Mellouki semblait promise à la galère sociale que vivent tant et tant de familles isolées, pressurées, précarisées. Une vie en zone grise, à baisser la tête, sans espoir d’un vrai changement. Mais elle a défié les dogmes et les pesanteurs. Puisque l’ascenseur social est en panne et que l’escalier de service est dégradé, qu’à cela ne tienne, Sarah Mellouki s’est décidée à escalader à main nues les parois de l’immeuble France.
Ainsi, elle s’inscrit à l’université. La voici aujourd’hui en passe d’obtenir sa thèse de doctorat en pharmacie ! On peut donc imaginer que cette réussite de la méritocratie puisse ouvrir une pharmacie ou rejoindre un grand laboratoire… Mais non voyons, beaucoup trop simple pour Sarah Mellouki ! Alors, l’ambitieuse qui revendique le mot – et cela fait plaisir – décide un peu sur un coup de tête de rejoindre la fameuse École 42 de Xavier Niel. Une bagatelle, aussi simple qu’une promenade au parc ! Elle passe les tests de sélection pourtant intenses et drastiques. Ah oui, et nous oublions qu’entre son doctorat en pharmacie et son entrée dans le club très fermé des codeurs français, elle obtint aussi le diplôme de l’ESSEC. Recherche médicale, codage, commerce… Voilà un panorama de compétences qui ferait rougir jusqu’aux grands noms du CAC 40.
Une révolution dans le monde des cosmétiques
Tout cela donne le tournis. Ses filles – évidemment très fières – ne peuvent pas s’empêcher de se demander parfois si leur mère n’est pas « un peu folle » ! Parce qu’en parallèle de cette vie vraiment très active (rappelons qu’elle est mère de quatre enfants) Sarah Mellouki développe une technologie qui s’annonce révolutionnaire. Deeptech, beautytech, deeplearning : voilà les trois grands outils de sa petite révolution.
En bref, Cosmecode, son entreprise, se propose d’aider les femmes à trouver la carnation idéale pour acheter leurs produits de beauté, grâce à une IA reposant sur un système de matching qu’elle a mis au point avec minutie et abnégation. Deux ans de travail en R&D se sont avérés nécessaires pour mettre au point cette technologie shade finder. Ajoutons qu’elle est parvenue à mener ce labeur avec moins de cinq salariés, sans faire appel à des investisseurs. « Je veux dire à un entrepreneur qui ne parvient pas à lever des fonds qu’on peut autofinancer un projet, c’est possible ! » Celle dont le sourire semble ancré sur le visage confie pourtant avoir ressenti certaines périodes troublées : « Je me suis souvent demandé si j’allais y arriver. »
MÈRE CÉLIBATAIRE DE QUATRE
ENFANTS, ABONNÉE AU RSA,
ELLE DÉCIDE ALORS
D’ENTREPRENDRE. LE DÉBUT
D’UN INSOLENT SUCCÈS
Au cœur de l’IA
Aujourd’hui, l’avenir s’annonce radieux pour son entreprise. Cosmecode passionne, cela pour deux raisons. D’abord parce que l’IA qu’elle développe permettra de lutter contre le gaspillage considérable qui tient lieu de règle dans le monde des cosmétiques. En effet, il apparaît que des tonnes de produits sont jetées chaque année car ces mêmes produits ne conviennent pas, finalement, à la carnation de la personne en question, notamment pour le
fond de teint ou le blush. La deuxième raison du succès annoncé de Cosmecode, c’est l’engouement déjà considérable des grands noms du luxe. Ceux-là se penchent depuis longtemps sur le berceau de l’entreprise… On imagine le succès d’un tel programme dans les magasins dédiés au maquillage. Que de temps gagné ! Voici une vraie application concrète et positive de l’IA dans nos vies.
Sarah Mellouki nous bluffe. Souriante, drôle, solaire, elle invente pourtant un avenir tout à fait détonnant. Décidément, il semble qu’à l’impossible, cette acharnée soit tenue. N’est-ce pas au fond la définition paroxystique de l’entrepreneur ?
VALENTIN GAURE