Temps de lecture estimé : 2 minutes
De l’ombre à la lumière
Pour ce « Réseaux & Influence », nous sommes partis à la rencontre d’Aurélien Borius, délégué général d’Elan, et de René Silvestre, serial entrepreneur, ancien patron de presse, désormais dirigeant de la Pépinière 27 et président du réseau Elan pour évoquer l’avenir des pépinières en France.
La Pépinière 27 voyait le jour il y a six ans. Il s’agit du premier incubateur généraliste à 100 % privé qui accompagne chaque année une centaine de start-up. Quid des autres ? Les pépinières ont commencé à sortir de terre dans les années 70 en zone rurale pour répondre au besoin des professionnels de mutualisation de services et qui ressentaient quelques difficultés à trouver un local. Dans les années 80, un phénomène de regroupement est à l’œuvre. L’organisation réticulaire se structure régionalement. Puis avec les prémices de la French Tech, de nombreuses structures émergent quitte à galvauder le terme botanique. Car en 2018 encore, « 95 % des pépinières sont animées par les mairies ou par un fonctionnaire chargé du développement économique. Nous sommes loin du modèle du Numa ou de The Family qui sont adossés à des fonds d’investissement qui prennent des participations dans les start-up sélectionnées, explique Aurélien Borius, délégué général d’Elan, réseau national des pépinières d’entreprises. Nous sommes un modèle hybride. Nous ne prenons pas de participation mais, outre notre offre de coworking, nos dispositifs sont très poussés sur l’accompagnement. »
Si l’on revient quelques années en arrière – en 2015 précisément –, des états généraux des réseaux ont lieu, le réseau Elan représentant 440 pépinières réparties sur tout le territoire, Outre-Mer inclus.
« Ce fut un moment où nous avons décidé de redéfinir ce qu’était une pépinière face au saupoudrage marketing de certains lieux. Notre ADN concerne donc trois piliers : l’accompagnement, l’animation et l’hébergement. Puis avec la refonte de l’APCE en AFE, de nouvelles missions nous ont été confiées. Entre autres, celle de réaliser une photographie nette des acteurs existants. Mon rôle fut alors d’effectuer un audit pour mettre à jour l’annuaire et ensuite de leur demander leur surface, la répartition entre bureaux, ateliers et stockage. Cela a notamment permis à l’AFE de mieux orienter les projet par spécialisation », poursuit Aurélien Borius.
Structuration numérique du réseau
Le logiciel Synintra a été créé il y a deux ans. Son principe est d’offrir gratuitement, sans engagement, à toutes les pépinières, un Intranet pour la communication en interne, la création d’événements, de sondages et d’ateliers. Aujourd’hui, sur les 440 pépinières, 300 intranets ont été déployés. La plateforme fédère également tous les anciens. « En outre, nos partenaires, avec entre autres EPSON, Microsoft, LCL,… peuvent identifier un besoin. Mais la réponse doit venir de la start-up. Sinon, elles ne sont pas dérangées. C’est une sorte de Tinder de la mise en relation business », ajoute le délégué général d’Elan tandis que son président complète :
« Synintra permet de faire appel à la communauté pour un dossier de financement, il permet également aux jeunes projets de se faire connaître. C’est un outil d’aide entrepreneurial. Bien sûr les start-up peuvent se vendre des choses entre elles ainsi que mutualiser leurs services. Les start-up sont les premières clientes des autres start-up présentes. La proximité y joue beaucoup. Aujourd’hui, ce service est agrémenté d’offres d’emploi. »
Recherche lettres de noblesse
Aujourd’hui, la tendance est à redorer le blason des pépinières notamment via la création d’événements partout en France. Le premier a eu lieu en 2016 à Lunéville avec 1 500 visiteurs. Puis ce fut le tour de Saint Brieuc, avec 3 500 visiteurs. Et bientôt Marseille. « Il s’agit de regrouper 70 start-up sur plusieurs villages thématiques et de faire découvrir ce qu’est la réalité de la start-up au grand public », résume Aurélien Borius. Et René Silvestre de compléter : « Notre réseau regroupe 8 500 start-up (l’abonnement est symboliquement de 100 euros par mois par start-up) pour 40 000 emplois directs. Il est temps de parler d’elles. Car trop souvent dans les esprits, start-up sonne avec Silicon Valley. Le thème de l’innovation renvoie à ailleurs, pourtant en France, les forces vives sont présentes. Et notre écosystème est puissant. Notre politique chez Elan est de démocratiser la start-up notamment en montrant qu’elle investit tous les secteurs d’activité, l’IT et le digital ne représentant que 15 % de l’ensemble des entreprises. Actuellement nous menons également un combat concernant un projet de loi pour nous faire reconnaître sur le travail réalisé sur l’ensemble de l’écosystème car aujourd’hui encore nous avons le même statut qu’un espace de coworking, ce qui est tout bonnement scandaleux », lance René Silvestre. Un combat qui s’annonce long et périlleux.
Geoffroy Framery