Et en plus les incubés rappliquent dare-dare pour faire de l'humour...
Et en plus les incubés rappliquent dare-dare pour faire de l'humour...

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Un espace de travail dédié aux professionnels de l’économie sociale et solidaire, il fallait y penser. La Ruche, située en plein cœur de Paris, accueille des entreprises qu’elle fédère comme une communauté. Reportage.

 

 

Et en plus les incubés rappliquent dare-dare pour faire de l'humour...
Et en plus les incubés rappliquent dare-dare pour faire de l’humour…

 

Des bouteilles d’huile d’olive traînent sur des tables en bois, de jeunes gens lavent leurs assiettes et leurs tasses de café dans l’évier. Des murs de couleurs vives habillent un coin kitchenette, où trône une machine à expresso qui s’active depuis le milieu de la matinée. Au milieu de la pièce principale : un grand tableau avec les thèmes des ateliers à venir, inscrits à la craie, ainsi qu’une boîte à idée, baptisée « boîte à mieux ». Le visiteur se croirait presque débarqué dans une auberge de jeunesse. Et pourtant, il se trouve dans un des centres névralgiques de l’entrepreneuriat de demain, en plein cœur de Paris, sur les berges du canal Saint-Martin. Bienvenue à La Ruche, un espace collectif de travail atypique. Son originalité ? Créé en 2008, il regroupe entrepreneurs et porteurs de projets autour d’un dénominateur commun : leur activité touche de près ou de loin (souvent de près, quand même) à l’entrepreneuriat social et solidaire. Ce que ses résidents nomment en chœur « la nouvelle économie ».

Forte identité écoresponsable dans l’air

Parmi la soixantaine de structures (pour une centaine de personnes environ) qui siègent partiellement ou à plein temps au sein des quelque 500m2 de bureaux qu’offre ce « laboratoire vivant d’innovation sociale », on trouve aussi bien des start-up spécialisées dans le commerce équitable, des associations œuvrant pour les droits des minorités, un magazine traitant de l’actualité de l’écologie… « Nous ne sommes pas positionnés sur un secteur d’activité en particulier, mais plus sur une façon de concevoir notre métier », prévient Blanche Rérolle, responsable du développement et des relations extérieures au sein de La Ruche. Pas de doute, le visiteur est bien dans un endroit qui fleure bon le développement durable et la politique écoresponsable, des tendances dans l’air du temps : une poubelle récolte les bouchons en liège, une autre collecte les bouchons en plastique, une dernière est remplie de piles usagées. Même les carrés de sucre sont estampillés bio. La déco se veut jeune et moderne, et de nombreuses plantes viennent garnir les couloirs. « L’architecte qui a conçu l’espace était le mari d’une des fondatrices du projet. La Ruche, c’est d’abord un lieu convivial, personne n’a envie de se retrouver dans des bureaux de La Défense. L’idée de départ était de faire en sorte que l’espace soit propice à la créativité, au bien-être et à la convivialité. Ce qui explique ce parti pris : les lumières naturelles plutôt que les gros néons, le mobilier plutôt ergonomique… », appuie Blanche Rérolle.

Engrais pour jeunes pousses

A mi-chemin entre un espace de coworking traditionnel – même si le terme est de plus en plus galvaudé – et un incubateur d’entreprises, l’endroit attire les jeunes talents. « Quand on crée une entreprise sociale, il n’y a pas de meilleur endroit à Paris pour commencer. L’état d’esprit est moins business que dans des lieux similaires, mais vaut vraiment le coup au niveau de l’état d’esprit », estime Nathanaël Molle, fondateur de l’association Singa, qui travaille sur l’intégration économique de réfugiés politiques en France. L’équipe dirigeante de La Ruche reçoit entre 150 et 200 demandes « d’asile » par an, pour seulement une trentaine de lauréats. Et pour cause, occuper ces murs représente une plus-value notable pour ces jeunes entreprises. « Les clients sont curieux et viennent voir à quoi cela ressemble. Il est plus facile de faire éclore ces jeunes pousses ici qu’à Boulogne-Billancourt », remarque Nolwenn Buvat, fondatrice de la société LYGO, spécialisée dans la confection d’objets publicitaires équitables. « Je pourrais travailler depuis chez moi, mais je passerais à côté d’opportunités. Ici, nous pouvons échanger en permanence, nouer des contacts, créer un réseau. Exemple : si je cherche un graphiste pour un projet, il est plus simple d’avoir un couloir à traverser que de chercher sur Internet. Quand on est là, on entend ce qui se passe, on voit des gens, et ça peut déboucher sur des partenariats », note Donna Enticott, qui a récemment créé une agence de communication responsable baptisée Bluellow. Voilà qui justifie donc de payer un loyer en plein cœur de Paris, même lorsque l’on est une TPE : le tarif est de 250 euros hors taxes par mois pour qui compte utiliser l’espace comme un pied-à-terre (deux jours par semaine) et d’un peu moins de 400 euros hors taxes pour ceux qui désirent résider de façon permanente. « Les critères pour intégrer La Ruche ? Etre en adéquation avec l’esprit du lieu et se reconnaître dans l’entreprenariat social. Et mettre en valeur son intérêt de venir dans un espace comme celui-là. L’acceptation passe beaucoup par le dialogue avec le porteur de projet pour connaître sa motivation réelle », décrit Blanche Rérolle. Il faut aussi avoir une petite équipe, pour ne pas monopoliser l’espace. « De toute manière, les entreprises qui grossissent veulent à un moment voler de leurs propres ailes et posséder leurs propres locaux. Même s’il y a encore des vieux de la vieille et qu’il n’y a aucune obligation de départ, contrairement à une pépinière classique, les entreprises s’en vont au bout de deux ans en moyenne », observe la responsable.

Plus qu’un espace de travail, une communauté

Si la somme n’est pas forcément insignifiante lorsqu’on se lance dans une aventure comme celle-là, Nolwenn Buvat considère qu’il s’agit d’un investissement largement rentable : « Une veille économique vaut très cher. Or, ici, à force de discuter ou de boire des coups avec tout le monde – car La Ruche crée aussi du lien social –, nous sommes vite au courant de tout ce qui peut concerner notre activité ».

Ainsi, plus qu’une addition d’entrepreneurs travaillant chacun dans leur coin, La Ruche regroupe une véritable communauté. Dont les membres s’entraident et collaborent, notamment via des ateliers bimensuels. « Lors du dernier atelier, un entrepreneur nous a appris à maitriser Google Analytics entre midi et deux. Ce qui permet à ceux que cela intéresse de bénéficier d’une formation accélérée et gratuite », cite, en guise d’exemple, Donna Enticott. Chaque vendredi, à l’heure du déjeuner, a lieu ce qu’on appelle ici le « buzz ». Le concept ? Tout le monde se regroupe et chacun vient partager son actu, ses besoins et fait part de ce qu’il a vu ou entendu. En résumé, la Ruche est un endroit qui bourdonne de jeunes talents. Et qui fait des émules : l’équipe dirigeante réfléchit ainsi à exporter le projet en province, à Strasbourg, Bordeaux et Rennes..

 

Article réalisé par Marc Hervez

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