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Les solutions de financements ne manquent pas à l’heure où la France est devenue une start-up nation. Selon la maturité de votre projet, du démarrage au développement, de nombreuses combinaisons de soutiens financiers existent. Récap.
Les porteurs de projet ont souvent tendance à vouloir limiter leur endettement en sous-évaluant leurs besoins de financement. Facteur psychologique d’importance. Au contraire, une évaluation juste de vos besoins ne fera que crédibiliser le projet auprès des investisseurs ou des organismes financiers sollicités. Cette anticipation de vos besoins financiers sécurise la phase de démarrage en formalisant tous les aspects de votre business plan.
Vous devez idéalement penser à tous les aspects du projet : investissements liés à la production, à la gestion, à la communication, à la vente et au marketing, aux stocks à constituer, à l’ensemble des frais et charges d’exploitation (loyer, énergie, assurances, déplacement, salaires, connexion Internet et téléphonie…). Il est d’ailleurs habituel chez les banques traditionnelles d’exiger au moment de votre demande un plan financier très détaillé. Jusqu’à exiger votre projection à trois ans !
Pour s’assurer que vous mettez toutes les chances de votre côté, Bpifrance propose de constituer gratuitement votre dossier sur l’application Mon business plan et en profiter pour détecter vos points faibles ou au contraire constater que votre projet est vendeur. Vous pouvez aller plus loin en requérant un entretien pour vous aider à « pitcher » votre projet avec l’aide d’un conseiller de Bpifrance. Une fois votre projet bien défini, vous aurez tout le loisir de choisir quels types de financements vous correspondent le mieux. Est-ce que votre projet demande un renforcement en fonds propres par une levée de fonds ou allez-vous choisir un endettement plus classique via les banques traditionnelles ? Quid de la love money ? Allez-vous faire le choix d’un micro-crédit ? Dans quelle mesure un accompagnement vous sera-t-il utile dans ces démarches ?
Renseignez-vous sur les dispositifs de garantie à la disposition des créateurs
Si les banques sont un peu moins frileuses grâce à la mise en place d’un écosystème assorti de nouvelles garanties pour les porteurs de projets, il reste que la constitution d’un dossier doit être « bétonnée ». D’abord, à l’image d’un emprunt pour l’achat d’un bien immobilier, vous devez vous assurer de présenter un apport. Pour les entreprises, la statistique évoquée est de l’ordre de 15 à 30 % du besoin de financement. Pour mettre toutes les chances de votre côté, rappelez-vous que vous compléterez vos capitaux de départ avec l’Arce (Aide à la reprise et à la création d’entreprise) versée par Pôle emploi. Elle consiste à recevoir le versement d’un capital correspondant à 45 % du reliquat de vos droits à l’assurance chômage. Vous gonflerez cet apport par le jeu des subventions ou par la love money*.
Un dossier finalisé passe à l’examen d’un comité de crédit. Une seule session : quand la décision négative tombe, il n’est pas possible de revenir dessus… Pour mettre toutes les chances de votre côté, obtenir un prêt d’honneur en amont sera souvent perçu par les banques comme un gage de crédibilité. Sur ce sujet, de nombreux organismes tels que les chambres consulaires, le réseau Initiative France ou encore Bpifrance offrent la possibilité de poser sa candidature pour ces prêts à taux zéro honorifiques.
Initiative France, pour citer ce seul organisme, compte aujourd’hui près de 220 associations locales. Les résultats parlent d’eux-mêmes : en 2017, 16 416 entreprises ont été financées, elles furent 17 325 en 2018. « Notre activité est de cet ordre depuis 2010, explique Bernadette Sozet, déléguée générale d’Initiative France. Nous avons impacté près de 5% de la génération actuelle d’entrepreneurs. » Le chiffre le plus important n’est pas là : c’est le taux de réussite à trois ans de 90 % ! Pas de place au hasard, la formule IF revient à associer une aide au financement sous la forme de prêt d’honneur et un accompagnement. Pourquoi « prêt d’honneur » ? Parce qu’il est accordé à la personne de l’entrepreneur et non à l’entreprise. Pas de garantie. Taux zéro. « En venant renforcer les fonds propres de l’entrepreneur, en compensant son apport personnel, le prêt fait jouer un effet de levier pour l’emprunt bancaire », explique Bernadette Sozet.
Les solutions pour la phase seed, l’amorçage
À cette étape, toute l’énergie que vous déployez est au service de la concrétisation de votre idée : prototypage, lancement, premiers recrutements, étude de marchés, plan de communication. Les acteurs clés de cette phase sont surtout les fondateurs, leur famille et amis, la fameuse love money mais aussi des business angels, des entreprises de capital-amorçage spécialisés dans ces opérations risquées ou encore les plates-formes de crowdfunding à l’image des Ulule ou Kiss Kiss Bank Bank. Côté levée de fonds seed, leur montant est généralement compris entre 100 k€ et 500 k€ selon les entreprises (source : Bilan annuel des levées de start-up françaises en 2018, Eldorado).
La love money à risque ?
La love money consiste à demander à vos proches, famille comme amis, de participer à votre projet. Impliquer financièrement vos proches vous expose vite à leur avis, d’où le risque du côté « envahissant » de ce type de partenaires… Pensez également aux contreparties lorsque votre entreprise est sur les rails : trouvez un système de récompenses pour ne pas faire de jaloux. Vous avez la possibilité, en geste symbolique, de leur donner quelques actions de votre entreprise ou de leur offrir un cadeau en lien avec votre activité, comme c’est le cas lors d’une campagne de crowdfunding.
Si vos proches sont enthousiastes à l’idée de participer, rappelez-leur que les dons de sommes d’argent au profit notamment d’un enfant ou d’un petit-enfant sont exonérés de droits de mutation dans la limite de 31 865 euros tous les 15 ans.
Le crowdfunding : la com et le crash test visés avant l’argent
Le recours à ce mode de financement vous donne notamment le moyen de tester votre marché et l’accueil du public vis-à-vis de votre produit ou service. Il peut s’agir, selon les projets, de dons sans contrepartie, de dons avec contrepartie symbolique ou de préventes/précommandes du produit ou du service pour lequel la campagne de financement a été lancée. En moyenne, une campagne dure 45 jours et l’objectif moyen en France est de 5 000 euros (source : Ulule 2018). Les intérêts sont multiples : lever de l’argent, trouver ses clients, se constituer une première trésorerie avec les ventes de produits, tester son projet en le confrontant à la cible voulue, communiquer sur son produit.
Autre démarche proche du crowdfunding, le crowdlending, appelé également lending crowdfunding. Il s’agit d’un financement alternatif aux objectifs identiques au crowdfunding : lever de l’argent auprès de particuliers et travailler la notoriété de son projet. La différence majeure tient ce que le particulier ne réalise pas un acte de préachat, mais il prête son argent à un autre particulier ou à une entreprise. Argent qu’il récupérera progressivement, avec intérêts ou non, une fois le projet lancé.
Le jargon des levées de fonds pour les phases de développement et de « scalabilité »
Les levées de fonds, qui font les choux gras des médias dédiés aux start-up, répondent à une nomenclature bien précise. Et généralement, vous entendrez souvent parler de série A, B voire C pour qualifier ces tours de table. La série A correspond à une phase d’optimisation du projet. Les investisseurs impliqués lors de séries A sont des entreprises de capital-risque comme Partech Ventures, Alliance Entreprendre, IDInvest, Alven Capital, Seventure ou des fonds de corporate venture comme Axa Strategic Ventures ou SNCF Digital Ventures. Les business angels investissent aussi lors de cette étape mais ont moins d’influence. Les fonds levés lors de séries A mobilisent 1 à 5 millions d’euros, chiffres en augmentation ces dernières années grâce aux valorisations élevées des start-up tech. La série B sert à élargir la portée commerciale, voire à internationaliser l’activité. Les acteurs de séries B – rien à voir avec le cinéma ! – sont essentiellement les fonds de capital-risque spécialisés dans des financements d’entreprises plus matures avec des montants de l’ordre de 2 à 10 millions d’euros. Enfin les séries C concernent de grosses opérations de croissance comme le rachat d’un concurrent.
Geoffoy Framery
*Cet « argent de l’amour » vise à donner les moyens à un proche (ami ou parent) de confiance de se lancer dans l’aventure de la création d’entreprise. Son équivalent « 3F » – Friends, Family et Fools, les amis, la famille et les passionnés – implique proximité et confiance.