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A la recherche du bonheur ?
Dans un contexte économique de plus en plus mondialisé, les Français sont chaque année de plus en plus nombreux à s’expatrier : en 20 ans, leur nombre a doublé. Mais s’expatrier seul, en famille, pour quelques mois ou plusieurs années, ne s’improvise pas.
Près de 2,5 millions de Français sont à l’étranger. 60% des expatriés ont entre 18 et 60 ans. Parmi eux, des entrepreneurs tentés par une nouvelle aventure économique, des salariés mutés qui entrainent avec eux femme et enfants, des retraités (toujours plus nombreux). Quid des entreprises ? Il semblerait, réduction des coûts oblige, qu’elles soient nombreuses à diminuer leur recours à l’expatriation et aux avantages matériels qui lui sont liés (logement, frais de scolarité, etc.). L’âge d’or des expatriés, avec allers-retours en classe affaires et résidence grand luxe tous frais payés, est bel et bien révolu. Les profils juniors sont désormais incités à privilégier la colocation…
Niveau de vie, convivialité, sécurité, fiscalité… Dans tous ces domaines, la vie quotidienne serait plus facile chez nos voisins, nous révèle l’enquête sur l’expatriation des Français réalisée en 2013 par la Maison des Français de l’Etranger. Mais derrière le fantasme se cache parfois une réalité bien différente. « Quand nous accompagnons des candidats au départ, je leur rappelle toujours : n’oubliez pas que la France est un beau pays, avec de nombreux avantages – le temps de travail, au moins cinq semaines de vacances, une protection sociale… Finalement, la moitié d’entre eux, au bout de quatre ou cinq ans, songe à revenir en France, désireux de retrouver une certaine qualité de vie. Car au fond, il fait bon vivre et travailler en France », remarque Olivier Desurmont, fondateur de Cooptalis, cabinet spécialisé en mobilité et en recrutement international. L’expatriation, rêve ou cauchemar ? Ou comment l’anticiper pour mieux la vivre.
1/ Repérer les lieux avant de partir.
Une expatriation peut coûter cher lorsqu’elle est mal vécue et oblige à un retour prématuré. « Renseignez-vous bien sur le pays que vous avez choisi, regardez bien ce que vous y gagnerez mais aussi ce que vous y perdrez… Bref, ne partez pas sans savoir à quoi vous attendre », conseille Matthieu Minguet, 37 ans, manager chez Cisco Systems, installé à Amsterdam depuis cinq ans. Certains employeurs proposent un voyage de repérage en famille pour une meilleure appréhension et éventuellement revenir sur sa décision avant qu’il ne soit trop tard.
2/ Se renseigner sur ses obligations fiscales.
Le départ à l’étranger entraîne généralement le transfert du domicile fiscal dans le pays d’accueil et l’imposition en France comme non-résident (sauf quelques cas particulier). Vous devez prendre contact avec votre centre des impôts pour déterminer votre future résidence fiscale. Vous ne serez pas soumis à une double imposition s’il existe une convention fiscale entre la France et votre pays d’accueil.
3/ Organiser son déménagement.
Vous n’êtes pas à l’abri de démarches et formalités de sortie de vos affaires personnelles, aussi faites appel à un professionnel disposant de certifications reconnues. Si vous déménagez dans un pays de l’Union européenne, vous n’aurez pas de formalités douanières à accomplir. Si vous exportez un véhicule automobile, munissez-vous des documents suivants : certificat d’immatriculation, permis de conduire, carte internationale d’assurance. Renseignez-vous également sur les démarches à accomplir auprès des autorités locales pour son immatriculation. Enfin, si vous voyagez avec un animal de compagnie dans un pays situé en dehors de l’UE, vous devez vous renseigner sur la réglementation auprès de l’ambassade de votre pays de destination.
4/ Prévoir la scolarité des enfants.
S’il est possible de scolariser vos enfants dans les écoles du pays de destination, cela risque de devenir problématique lors du retour en France. Pour garder le contact avec le système national, inscrivez-les dans un lycée français par le biais de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) où ils pourront suivre une scolarité très similaire à celle d’un enfant résident en France.
NB : Pour tout renseignement, le plus simple reste de naviguer sur le site de la chambre syndicale du déménagement qui propose plusieurs filtres utiles pour gérer son départ. Entre autres, plusieurs grands noms du déménagement tels que Demeco, les Déménageurs Bretons, The Eurogroupe, Démépool… l’ensemble étant décliné localement aux quatre coins de France et de Navarre.
5/ Une fois sur place, ne pas rester isolé.
On le sait, une expatriation réussie passe par le bien-être de la famille et notamment du conjoint, à qui l’on a parfois demandé de tout quitter. « Pour une intégration rapide, hormis les réseaux de Français à l’étranger, nous conseillons aux expatriés de s’inscrire dès leur arrivée dans des clubs associatifs pour rencontrer la population locale, hors du contexte professionnel », confie Olivier Desurmont.
Quelle protection sociale à l’étranger ?
« Quand vous partez à l’étranger, vous devez veiller à conserver une couverture d’assurance maladie et à assurer dans la mesure du possible la continuité de vos droits et de vos cotisations en matière de chômage et de retraite », explique Laurent Gallet, directeur de la Caisse des Français de l’étranger (CFE), qui couvre plus de 200000 Français à l’étranger. Mais tout dépend de votre statut à l’étranger. Si vous êtes qualifié de « détaché », vous serez maintenu sous le système de protection sociale français par votre employeur, selon les dispositions prévues par la Sécurité sociale française. Si vous partez en tant qu’« expatrié », vous relèverez du régime de protection sociale de votre pays d’accueil, s’il existe. Dès lors, les démarches à effectuer diffèrent selon votre pays de destination, votre statut et votre situation personnelle ou professionnelle.
Si vous êtes expatrié mais que vous souhaitez continuer à bénéficier du régime français de Sécurité sociale, vous pouvez cotiser volontairement auprès de différents organismes tels que la CFE (maladie maternité, retraite de base, vieillesse), Humanis (pour la complémentaire) ou encore Pôle Emploi (assurance chômage).
Avant de partir, deux derniers conseils à retenir :
– Penser à sa Sécurité sociale en adhérent à la CFE qui assure la continuité avec le régime général au départ et en retour d’expatriation et vous couvre également pendant les séjours temporaires en France.
– Prévoir sa retraite et celle de son conjoint qui doit parfois cesser son activité professionnelle : « Souvent, les jeunes n’y pensent pas mais quand arrive l’âge de la retraite et qu’il manque dix ans d’activité, c’est douloureux. Pensez à cotiser à la CFE pour continuer à acquérir des trimestres du régime général », recommande Laurent Gallet.
Des pages spécial « expat »
Pegase, la page Facebook dédiée aux expatriés. Une page Facebook dédiée aux Français de l’étranger et à ceux qui préparent leur expatriation a été créée par le ministère des Affaires étrangères et du Développement international. Vous y trouverez des informations pratiques et concrètes sur les démarches consulaires ainsi que des liens utiles pour répondre à toutes vos questions.
www.femmexpat.com. Le site de l’expatriation au féminin où se retrouvent salariées, entrepreneuses, conjoints pour partager, s’informer et échanger sur leur vie à l’étranger.
Anne Diradourian