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Fixé à 10,7 millions d’euros annuels par club, le salary cap – plafonnement de la masse salariale – en frustre plus d’un. C’est Antoine Dupont, joueur français international de rugby, qui a relancé les débats, reprochant des règles dépassées et trop contraignantes. La réalité économique du rugby a-t-elle tant changé depuis ces quinze dernières années ?
« Ça commence à faire beaucoup », a déclaré Antoine Dupont au sujet du salary cap, auprès de l’AFP, du Monde et de SportBusiness Club, à l’occasion du renouvellement du partenariat entre le Stade Toulousain et Peugeot, le jeudi 2 octobre. Le joueur phare du XV de France s’est exprimé pour dénoncer les règles – obsolètes ? – du salary cap, c’est-à-dire le plafonnement de la masse salariale des clubs du Top 14, déterminé par la Ligue nationale de rugby (LNR).
« Ce n’est pas que pour qu’Antoine gagne un peu plus d’argent »
Le salary cap vise à assurer l’équité entre les clubs. Le club voit sa masse salariale plafonnée à 10,7 millions d’euros, ce qui limite aussi le salaire des joueurs. Au cours d’un transfert par exemple, un club aisé ne peut pas tripler la mise pour attirer le joueur, ce qui permet de préserver le championnat d’un point de vue économique. Les joueurs débutants ont plus de chance d’être formés et valorisés en toute équité, puis de devenir professionnel. Une aubaine pour eux ! Oui, mais qui empêche de gonfler les salaires des joueurs les plus demandés. Pour se faire un ordre d’idée, selon une étude du cabinet d’audit Nexia S & A, relatée par Midi Olympique en décembre 2024, 27 % des joueurs du Top 14 touchent moins de 60 000 euros (en brut) par an – avec un salaire qui dépend du poste du joueur. Si les chiffres restent approximatifs, Antoine Dupont gagnerait 600 000 euros brut chaque année.
L’entraîneur du Stade Toulousain, Ugo Mola, a affirmé partager les propos du sportif : « Aujourd’hui, les acteurs que sont les joueurs, ne bénéficient pas toujours de l’économie réelle qui est réalisée dans les clubs. » Alors si le salary cap entrave le salaire de certains joueurs, il connaît aussi des avantages : il offre plus d’opportunités pour les joueurs débutants, encourage la valorisation des joueurs français et évite un recours abusif aux stars étrangères et préserve la stabilité financière des clubs. Mais pour Antoine Dupont et son entraîneur, il n’est pas uniquement question de salaire : « Et ce n’est pas que pour qu’Antoine gagne un peu plus d’argent […] ce n’est pas là que ça se joue », précise Ugo Mola.
Quand le droit à l’image entre dans l’équation : « le manque à gagner est réel »
L’économie du rugby étant « grandissante […] grâce à nous, les joueurs au milieu et au final, on n’est pas bénéficiaires de ça puisque le salaire stagne, voire baisse, et on ne peut pas utiliser notre image. Ça commence à faire beaucoup ». Car en plus de l’inconvénient lié au salaire, il est également question de droit à l’image. « Les règles du salary cap nous empêchent d’utiliser notre image individuelle à travers des contrats de pub classiques », explique Antoine Dupont, « ça nous fait moins d’argent puisque, quelque part, c’est décompté de notre salaire. Le manque à gagner est réel pour les joueurs ». Or, le salary cap inclut en effet l’exploitation de l’image du joueur dans un contrat de sponsoring, ou publicitaire, mais seulement lorsque celui-ci est lié à une entreprise déjà partenaire du club, ou lorsque des partenariats utilisent le nom, l’image ou la notoriété du joueur, toujours en lien avec le club. La LNR répond qu’elle « n’interdit en aucun cas à un joueur de disposer de son droit à l’image », tant que les contrats sont déclarés. Et pour cause : « c’est un principe de transparence, récemment renforcé, qui vise à éviter tout contournement du plafond salarial par des rémunérations indirectes. »
Le montant actuel du salary cap est prévu jusqu’au début de la saison 2026-2027, mais il est actuellement en cours de négociation. « Le Comité Directeur statuera ensuite dès début 2026 des propositions d’évolution réglementaire en vue d’une mise en œuvre à l’horizon 2026/2027 ou 2027/2028, selon les dispositions envisagées », a déclaré la LNR dans un communiqué fin septembre 2025. Son président, Yann Roubert, a annoncé vouloir abaisser son montant. Reste à voir si la LNR prendra en compte les revendications d’Antoine Dupont – regrettant de ne pas pouvoir toucher un salaire supérieur et équivalent au gain de notoriété dont profite le rugby en France.
































