Temps de lecture estimé : 2 minutes
240 millions d’euros de pertes
En juillet, après de multiples négociations, DAZN obtenait les droits télévisuels de la Ligue 1 pour la saison 2024-2025. Fort de son succès en Angleterre, le site de streaming sportif, souhaitait s’implanter en France. Mais un an après, son modèle ne séduit toujours pas.
Rien ne va plus pour DAZN. Le géant du streaming sportif doit faire face au rejet quasi-unanime de son format. En effet selon les chiffres dévoilés par le journal L’Équipe, avec 500 000 abonnés, DAZN ne perçoit que 120 millions d’euros, ce qui représente une perte de 240 millions d’euros. Le contrat signé avec la LFP (Ligue de Football Professionnel) convient de la retransmission de huit matchs sur neuf par journée de championnat. En moyenne, le site de streaming anglais va verser 375 millions d’euros par an à la ligue, avec une première année à 325 millions d’euros. Mais à ces 325 millions s’ajoutent 35 millions d’euros de frais supplémentaires comme le salaire, les frais de déplacement, le marketing ou encore la publicité. Des frais qui font gonfler l’addition à 360 millions d’euros.
En janvier, la Ligue a intenté un référé contre DAZN pour non-paiement de l’intégralité de son échéance. La requête a finalement été retirée après l’acquittement de cette dette. Après cet épisode, le groupe britannique a assigné en février la LFP devant le tribunal de commerce en réclamant 573 millions d’euros d’indemnisation, pour « tromperie sur la marchandise » et « manquement observé. » Un médiateur a depuis été mandaté pour régler le conflit. Avec la faible avancée de la médiation, DAZN envisage de rompre son contrat et de ne pas payer la prochaine échéance du mois d’avril.
Un modèle qui ne séduit pas
DAZN a fait son arrivée dans un paysage médiatique français surchargé. Entre Canal +, BeIN Sports ou encore Amazon Prime, les supporters de football sont servis et leur porte-monnaie aussi. Avec un abonnement à 40 euros par mois, beaucoup ont fait le choix de louper certains matchs de Ligue 1. De plus, l’offre éditoriale proposée par la plate-forme ne convainc pas. Le manque d’émissions (après et avant les matchs) semble frustrer les spectateurs. En ce sens, DAZN a voulu changer sa recette en proposant un nouveau magazine diffusé avant le match du dimanche soir.
La plate-forme réalise également des offres promotionnelles sur les abonnements et se lance dans d’autres compétitions sportives. Comme le football féminin, le basket français ou aussi le MMA. Mais la mayonnaise a toujours du mal à prendre. Les contenus proposés se heurtent aujourd’hui à la jeune génération en quête de renouveau. Les modèles de DAZN ou de BeIN Sports paraissent ainsi de plus en plus obsolètes. De plus, le site britannique doit faire face aux retransmissions illégales. D’après une étude d’Ipsos, 37 % des personnes ayant regardé la Ligue 1 cette saison l’ont fait illégalement. Et 55 % des spectateurs du classique OM-PSG, fin octobre, ont eu recours à des sources illégales. De quoi fragiliser un peu plus un modèle déjà sous tension.
Des opportunités pour d’autres chaînes ?
L’histoire de DAZN fait écho à celle de Médiapro en 2020, alors détenteur des droits de la Ligue 1 qui n’avait pas pu assurer ses paiements. Repris in extremis par Canal + et ensuite par Amazon Prime. Mais pour cette saison 2024-2025, Amazon Prime était totalement absent des négociations. La raison, des audiences très faibles. Si BeIN Sports reste à l’affût, le diffuseur franco-qatarien ne se laissera pas faire. En effet, si DAZN et la LFP arrivent à conclure un accord sur une baisse des prix concernant les droits, BeIN Sports espérera alors le même traitement. D’autres imaginent un possible retour de Canal + dans les affaires. Mais le manque de rentabilité et les tarifs élevés des droits ne présage pas un avenir radieux. Si DAZN venait à rompre son contrat, l’éternelle question des droits télévisuels serait de nouveau sur la table.